Transport Aérien : l'IATA réclame des engagements sur le "Ciel Unique" européen

07/06/2007 - 11:01 - Boursier.com

Alors que le G8 traite du climat...

Giovanni Bisignani, le patron de l'Association Internationale du Transport Aérien (IATA), a appelé la Chancelière allemande Angela Merkel, hôte du G8, à se battre sur le front environnemental lors de la réunion qui a débuté hier soir. Il demande spécifiquement à la dirigeante de prendre des engagements politiques sur le Ciel Unique européen afin d'économiser 12 millions de tonnes de CO2 inutilement émises chaque année du fait de l'absence de régulation commune. Après avoir oeuvré au redressement global du secteur aérien depuis les attentats du 11 septembre 2001, l'IATA a donc enfourché un nouveau cheval de bataille. Le directeur général Giovanni Bisignani a consacré une large part du discours d'ouverture de l'assemblée générale annuelle de l'Association à Vancouver au défi de l'environnement. Une prise de position qui prend un relief particulier en marge d'un G8 dont l'une des principales sessions de travail tournera autour du changement climatique et de l'efficacité énergétique. "Le bilan environnemental de l'industrie est positif : sur les quatre dernières décennies, nous avons réduit les nuisances sonores de 75%, éliminé les émissions de suie et amélioré le rendement du fuel de 70%. Les investissements qui se comptent en milliards dans le renouvellement de la flotte permettront d'opérer des appareils qui consomment 25% de fuel en moins, d'ici 2020", a expliqué Bisignani. Mais au rythme actuel, en dépit des améliorations techniques, les Nations-Unies ont calculé que le transport aérien, en 2050, représentera 3% des émissions de gaz carbonique mondial, contre 2% actuellement. L'IATA a donc choisi d'aller plus loin en prônant désormais une approche "stratégique" plus que "technique", avec pour objectif ambitieux de faire du transport aérien "un secteur qui ne pollue pas - zéro émission", selon les voeux de Giovanni Bisignani. Pour tendre vers ce niveau plancher, l'Association avance 4 priorités. D'une part, gérer au mieux le trafic aérien. "Chaque minute de temps de vol que nous pouvons économiser réduit la consommation de kérosène par 62 litres en moyenne et les émissions de CO2 de 160 kilos", rappelait en début d'année l'IATA. C'est dire l'importance d'une optimisation du contrôle, alors que les études montrent que le taux d'inefficacité dans la gestion aérienne atteint 12% dans le monde. L'Association entend insister sur 3 projets phares : un ciel unique pour l'Europe, une gestion efficace en Chine et un système de gestion du trafic aérien nouvelle génération aux Etats-Unis. Elle connaît les difficultés de cette tâche : l'Union Européenne n'a-telle pas perdu 15 ans, ce qui est "inconsistant et irresponsable", avant de jeter les bases du ciel unique ? Seconde priorité : la technologie. "L'industrie aéronautique doit fournir une flotte qui ne génère aucune émission dans les 50 prochaines années", a indiqué Bisignani, qui exhorte les grands pays disposant de groupes aéronautiques à se coordonner pour "un appareil zéro émission". Un voeu pieu, pour de nombreux spécialistes, même s'ils sont tous d'accord pour reconnaître qu'il faut faire le maximum pour réduire les émissions du secteur, dans l'intérêt même de son expansion. "Le premier objectif est de remplacer 10% du fuel par une énergie alternative à faible teneur en carbone sur les 10 prochaines années", a martelé le patron de l'IATA, qui propose dans un second temps le développement d'un carburant "qui ne génère pas de carbone à partir d'énergies renouvelables". Une stratégie qui permet à Giovanni Bisignani de tirer à boulets rouges, une nouvelle fois, sur des compagnies pétrolières "occupées à compter les 15 milliards de dollars de marges des raffineries que l'industrie aérienne est en train de payer" sans investir dans les carburants alternatifs. Des accusations qui s'appliquent également aux gouvernements, et leurs "politiques schizophrènes" en la matière. L'IATA appelle de surcroît l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACI) et ses 190 Etats membres à "mettre en place un tableau des émissions globales qui soit juste, efficace et à la disposition de tous les gouvernements qui l'utiliseraient sur la base du volontariat". L'OACI, qui dépend de l'ONU, se réunit en septembre en septembre prochain. L'Association espère que l'organisme sera à cette date en mesure de formuler des propositions concrètes de standardisation. Enfin, Giovanni Bisignani a décidé de placer l'environnement au même niveau que la sécurité et la sûreté dans le transport aérien, via un plan baptisé "IATA Project Green", destiné à aider les compagnies à mieux utiliser les systèmes de gestion environnementale. La prise de position, extrêmement ferme, est plus que louable. Sa mise en oeuvre, évidemment, risque d'être beaucoup plus pénible tant les intérêts divergent, l'enjeu est planétaire et la définition d'une politique de (très) long terme est éloignée des préoccupations du moment. "Ceci ne sera pas réglé en une nuit et personne n'a toutes les réponses", reconnaît Giovanni Bisignani, qui pense cependant son projet "absolument réalisable" et qui veut faire de l'IATA le "sherpa" des compagnies aériennes pour son aboutissement. Des compagnies déjà effrayées par la volonté de l'Union Européenne de les inclure dans son programme de limitation des émissions de gaz carbonique dès 2011. Un plan qui constituerait un manque à gagner cumulé de 40 milliards d'euros pour les compagnies sur la prochaine décade, selon un rapport commandé par 6 transporteurs, dont Air France KLM, rendu public hier à Bruxelles. Plus que tout, les compagnies craignent des disparités de traitement entre européens, américains et asiatiques dans le futur, qui en pénaliseraient certaines et garantiraient à d'autres une relative impunité en terme d'émission de gaz carbonique. D'où la nécessité d'une solution à la fois ambitieuse et véritablement globale. L'IATA a du pain sur la planche.



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