C'est un Jacques Gounon visiblement abattu qui s'est présenté à 14h30 devant la presse pour faire le point sur la situation d'Eurotunnel, le groupe qu'il préside, après l'échec hier soir des négociations, dans les délais impartis, avec les créanciers obligataires du groupe. "La pendule a été arrêtée à minuit, nous avons vraiment privilégié les négociations jusqu'au bout", a-t-il affirmé, regrettant l'issue des discussions.
"Vu la tournure des événements et l'échec des négociations, je me demande si on n'aurait peut-être pas dû déclencher la procédure de sauvegarde avant", a ajouté Monsieur Gounon qui a également regretté la posture dans laquelle se trouvent les actionnaires : "la situation est très difficile, très pénalisante pour les actionnaires avec le cours qui est suspendu depuis 2 mois".
Le président est allé plus avant dans ses explications durant la seconde partie de cette réunion. A la fin des négociations tenues hier soir, il indique ainsi avoir "proposé un plan qui prévoyait de descendre en terme de dette à moins de 4 Milliards d'Euros" pour s'aligner sur les propositions des obligataires, en procédant à un émission d'ORA de 1,86 MdE "à des conditions financières améliorées". "On est allés au-delà du raisonnable mais malgré ça la Deutsche Bank a refusé ce plan", a ajouté le dirigeant échaudé par la banque. "La volte-face des représentants de la Deutsche Bank est incompréhensible puisque les précédents courriers étaient encourageants", a-t-il ajouté, précisant "Ce deal était équilibré, mais cette nuit deux représentants de la Deutsche Bank ont considéré qu'il était encore trop généreux pour les actionnaires". Jacques Gounon précise que les représentants "sont partis sans (lui) dire au revoir".
"J'ai tiré les conclusions qui s'imposent en prenant la décision de ce matin", a repris devant la presse le président d'Eurotunnel, qui a ajouté que le tribunal prendra sa décision le 25 juillet à 14h30. Il a cependant évoqué une dernière chance d'obtenir une issue favorable avant cette échéance, mais "le dernier espoir ne concerne plus la direction de l'entreprise". Pour cela, il faut, d'ici le 25 juillet, "qu'il y ait une entente entre les porteurs de dette pour réallouer les 1,86 MdE d'ORA. C'est le dernier appel à la raison. Si aucune solution n'est trouvée en l'absence de plan consensuel, la fin de l'histoire est facile à écrire : on va en liquidation", a conclu monsieur Gounon.
Ce matin, Eurotunnel a demandé au Tribunal de Commerce de Paris l'ouverture d'une procédure de sauvegarde, un nouveau dispositif légal destiné à anticiper une éventuelle cessation de paiement.
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