La fin de "l'énigme Greenspan" ?

20/06/2007 - 12:40 - Option Finance

n février 2005, Alan Greenspan avait qualifié d'énigme l'absence de remontée des taux longs aux Etats-Unis en dépit du resserrement de la politique monétaire par la Réserve fédérale. La récente remontée des taux longs américains - à leur plus haut niveau depuis 5 ans - signifie-t-elle la fin de cette énigme ? L'ancien président de la Fed l'a lui-même laissé entendre lors de récentes déclarations. Il a tout d'abord noté que la croissance de la liquidité créée par les économies émergentes allait être moins forte. Ensuite et surtout, il a déclaré que la période exceptionnelle de désinflation entamée à la fin de la "guerre froide" touchait peut-être à sa fin. Pour étayer ce jugement, il a cité la hausse inédite de l'indice de prix des importations américaines en provenance de Chine. Cet indice a en effet enregistré en mai sa première progression en glissement annuel (de + 0,1 %) depuis sa création en janvier 2004. Le marché obligataire américain ne semble pourtant pas jusqu'ici avoir modifié ses anticipations d'inflation à long terme. La remontée récente des taux longs nominaux s'explique en effet pour l'essentiel par une hausse de leur composante réelle, en liaison avec des révisions en hausse des prévisions de croissance économique. Ainsi, mesuré à partir des obligations indexées, le taux réel à 10 ans apparaît en progression d'environ 70pb à 2,75 % depuis le début de mois de mars ; en revanche, les anticipations implicites d'inflation ont augmenté de seulement 10pb sur la même période, pour se situer aujourd'hui autour de 2.50 %. Si le scénario de rebond économique actuellement escompté par le marché obligataire se mettait aussi à raviver les craintes inflationnistes, les taux longs nominaux pourraient alors continuer à se tendre. Une telle remontée des taux serait toutefois peu durable, car elle aggraverait la déprime du secteur immobilier et freinerait la consommation des ménages. Compte tenu du décalage habituel entre le cycle de croissance et celui de l'inflation, on peut donc plutôt s'attendre à une stabilisation des taux longs nominaux via un repli de leur composante réelle.