Introductions annulées : Quelles conséquences ?

18/07/2006 - 18:54 - Option Finance

(AOF) - Scient'X, Medica, Dolmea Real Estate sur l'Eurolist, VDI Group, Easyvoyage sur Alternext. Les entreprises ayant récemment renoncé à une cotation sont nombreuses compte tenu des conditions de marché délicates. Or, devoir reporter ou annuler une introduction en Bourse déjà lancée est une décision lourde de conséquences financières, comme ont pu le constater les directeurs financiers de ces entreprises. Car préparer une introduction en Bourse coûte cher, en particulier pour les sociétés de taille moyenne. Passant relativement inaperçus lorsque la société réussit à lever des fonds en Bourse, les coûts pèsent en revanche sur les comptes en cas d'annulation ou de report de l'opération. Ainsi, VDI Group (25 millions d'euros de chiffre d'affaires et 763 000 euros de résultat net en 2005), spécialiste de la vente de produits consommables non stratégiques par correspondance, qui avait lancé son offre avant d'en revoir les modalités puis de l'arrêter, va passer 200 000 euros en charges exceptionnelles au titre des dépenses déjà enregistrées pour l'opération. Ce montant comprend la prestation du listing sponsor, les honoraires des commissaires aux comptes et les coûts liés à la communication. De même, le spécialiste des implants du rachis Scient'X (26,2 millions d'euros de chiffre d'affaires) aurait déjà engagé près d'un million d'euros avant de devoir annuler l'offre en cours. L'entreprise a en effet dû faire appel à des avocats internationaux compte tenu de la nationalité américaine d'un de ses actionnaires minoritaires et de son souhait de procéder à un placement 144A aux Etats-Unis. Pour ne pas avoir à payer une telle somme, mieux vaut donc stopper l'opération très en amont. GenOway a ainsi annoncé son intention d'arrêter l'opération avant même d'en avoir présenté les modalités et d'avoir ouvert l'offre. Il n'en demeure pas moins que les comptes doivent être audités. Une procédure que les sociétés devront renouveler si elles ne relancent pas à temps leur opération. "Plus le délai de report est court, mieux c'est, estime Nathalie Molmy, directrice administrative et financière de Scient'X. Si l'opération a finalement lieu sur le dernier trimestre 2006, nous n'aurons que peu de coûts supplémentaires. En effet, nous avons l'obligation malgré tout de publier des comptes consolidés semestriels et de les faire auditer, puisque notre maison mère est cotée. En revanche, si elle a lieu plus tard, nous devrons actualiser les documents de référence en profondeur, en lien avec nos avocats et soumettre les comptes à un audit complet sur la situation de clôture qui sera présentée". C'est toutefois la mise à jour du plan de financement qui donne le plus de travail aux responsables financiers. "Il nous faut à présent étudier toutes les pistes possibles, explique Hervé Lemoine, secrétaire général d'Easyvoyage (3,76 millions d'euros de chiffre d'affaires). Les fonds levés auraient dû nous permettre d'accélérer notre croissance. Malgré l'annulation de l'introduction, nous disposons heureusement d'une importante capacité d'autofinancement : la trésorerie à fin mai atteignait 1,3 million d'euros". Mais le report nécessite parfois aussi des renégociations avec les banques. "Si notre stratégie reste la même - continuer d'investir en recherche et développement et renforcer notre présence aux Etats-Unis et dans les territoires dits émergents - nous étudions actuellement des schémas alternatifs de financement pour gérer la période intermédiaire, jusqu'au lancement d'une nouvelle opération, explique Nathalie Molmy. Un crédit relais, basé sur des hypothèses prudentes, pourrait ainsi être mis en place." Chez VDI Group, des réflexions sont également en cours. L'introduction en Bourse devait faire suite à l'acquisition de trois sociétés en mai dernier pour 9,25 millions d'euros. Or, la société avait prévu de financer ces acquisitions à hauteur de 4,75 millions d'euros grâce aux fonds levés en Bourse, sachant que, dans l'intervalle, un crédit relais avait été mis en place. VDI Group est donc actuellement en discussion avec ses banques pour trouver une solution. Une cotation en Bourse dans de meilleures conditions serait sans aucun doute la plus avantageuse...