Le profil de l'inflation future et le profil des courbes de taux

09/07/2007 - 11:18 - Option Finance

L'inflation évolue, aux États-Unis et en Europe, en fonction de multiples facteurs. Le niveau bas du chômage aux États-Unis et au Royaume-Uni et la baisse du chômage dans la zone euro devraient un peu accroître les salaires, quoique cet effet soit devenu faible avec la perte de pouvoir de négociation des salariés (due aux délocalisations, à la nature des emplois créés, à l'immigration) et qui, au contraire, est désinflationniste. La hausse des prix des matières premières (énergie, métaux, alimentation), avec la forte croissance mondiale est au contraire inflationniste, comme la hausse des coûts de production dans les pays émergents ; mais va en sens inverse la poursuite des gains de parts de marché pour les produits des pays émergents qui, arrivés dans les grands pays de l'OCDE, et tous frais payés (taxes, transports, marges de la distribution) sont deux fois moins chers que les produits domestiques comparables. Lorsqu'on évalue tous ces mécanismes (désinflationnistes : faibles hausses de salaires avec la globalisation, gains de parts de marchés pour les émergents ; ou inflationnistes : baisse du chômage, hausse des prix des matières premières et des coûts de production dans les émergents), on voit qu'aujourd'hui les effets désinflationnistes l'emportent mais que dans 4 ou 5 ans, ce devrait être le cas pour les effets inflationnistes. Prenons le cas de la zone euro : l'écart de 1 point 1/2 entre la croissance de la productivité du travail et celle du salaire réel par tête réduit l'inflation de 1 point par an ; la hausse de 15 % par an de l'ensemble des prix des matières premières l'accroît de 3/4 point : la hausse de la part de marché des émergents la réduit de 1/2 point. L'effet désinflationniste l'emporte donc clairement aujourd'hui (1 point 1/2 à 3/4 point) mais, progressivement, la valeur des importations de matières premières s'accroît et les gains de parts de marché des émergents se réduisent. Les marchés financiers devraient donc incorporer dans leurs anticipations une baisse de l'inflation durant les (approximativement) 5 ans qui viennent, puis une remontée de l'inflation. Ce n'est le cas ni pour les courbes des taux d'intérêt ni pour les courbes des inflations de break even qui sont trop plates : sur le dollar, le 5 ans est en moyenne 5 points de base plus bas que le 2 ans, le 10 ans est très proche du 2 ans, le 30 ans 10 points de base seulement au-dessus du 10 ans ; sur l'euro, la courbe est très plate de 2 à 10 ans, le 10-30 ans varie autour de 13 points de base. L'inflation anticipée à 20-25 ans n'est supérieure à l'inflation anticipée à 5-10 ans que de 15 à 20 points de base. On pourra donc, dans le futur, mais à une date difficile à prévoir, jouer le passage à un profil en U pour les courbes des taux nominaux et pour les inflations de break even.