POINT DE VUE / La crise du crédit immobilier peut-elle s'étendre ?

17/07/2007 - 09:58 - Option Finance

Les marchés du crédit sont sous le choc de la décision des agences de rating de réviser à la baisse la note des dettes liées au secteur des prêts immobiliers à risque. Les difficultés de plusieurs "hedge funds" du fait de leurs investissements dans ces mêmes secteurs avaient déjà contribué à une forte augmentation des primes de risque. La question se pose donc de savoir si les difficultés du crédit, en particulier celui du secteur immobilier, vont de proche en proche s'étendre aux autres classes d'actifs, notamment aux actions et ensuite à l'économie américaine et mondiale. Il est vrai que les hedge funds sont aujourd'hui peut-être plus que les banques classiques de vrais pourvoyeurs de liquidités pour les marchés financiers. Les difficultés de quelques-uns peuvent effectivement provoquer une forme de "credit squeeze" capable d'influencer négativement les marchés du crédit et d'actions et de contribuer à un ralentissement très prononcé de l'économie. Mais sans pouvoir évidemment écarter complètement ce scénario, il faut quand même considérer que tout ceci intervient à un moment où l'économie mondiale est en accélération y compris l'américaine, que les défaillances d'entreprises se situent à un très bas niveau. Enfin, il est évident que les liquidités mondiales provenant du yen carry trade et du recyclage des réserves de change des pays asiatiques et de l'OPEP continuent de progresser à un rythme annuel de 15 à 20 %. Nous devons donc nous adapter à cette situation un peu contradictoire et paradoxale où les banques centrales américaines et européennes resserrent leur dispositif monétaire sans que cela influence sensiblement le niveau de liquidités disponibles. Ce resserrage monétaire des grandes banques centrales occidentales est suffisant pour générer de fortes perturbations sur les marchés mais il n'en reste pas moins qu'il reste beaucoup de liquidités en quête d'investissement. De plus, le mouvement actuel profite aux emprunts d'Etat et il devrait donc soulager à terme le secteur immobilier. La dangereuse asymétrie entre un "bull market" actions et le "bear market" des emprunts d'Etat de la première moitié de l'année est en train de se corriger avec le redressement de ces dernières. Cela rend donc moins nécessaire une forte correction des marchés des actions. Au total, il semble qu'il faille plutôt se positionner sur les classes d'actifs avec les profils de risques/rendements les moins asymétriques c'est-à-dire les actions devant le crédit "investment grade" (de bonne qualité) et celui-ci devant le "high yield" (signatures médiocres). Jean-Pierre Hellebuyck,vice-président, directeur de la stratégie d'investissement, Axa Investment Managers