EXCLUSIF AOF / OLIVIER BAZIL, Vice- PDG délégué de LEGRAND

08/11/2007 - 10:46 - Option Finance

(AOF) - Le chiffre d'affaires de Legrand est ressorti à 3095,5 millions d'euros, en hausse de 11,3% sur neuf mois, soit une progression de 8,7% à structure et taux de change constants. Le spécialiste mondial des installations électriques a indiqué qu'il avait réussi à compenser la hausse des coûts des matières premières par l'augmentation de ses prix de vente. Suite à ces résultats, le groupe a relevé ses perspectives pour 2007. Olivier Bazil, Vice-Président Directeur général délégué de Legrand, a confié sa vision stratégique du marché à AOF.

L'AGENCE OPTION FINANCE: Un commentaire sur les résultats neuf mois que vous venez de publier ?

Olivier Bazil :

Nous avons réalisé d'excellentes performances au cours des neuf premiers mois de l'année 2007. Sur cette période en effet, le chiffre d'affaires a progressé de plus de 11%, soutenu notamment par la forte augmentation des ventes dans les pays émergents et le succès de notre stratégie de montée en gamme. Notre résultat opérationnel ajusté est en forte hausse à plus de 16% et le cash flow libre atteint plus de 11% du chiffre d'affaires. Fort de ces très bons résultats et en absence de dégradation majeure des conditions de marché, nous avons revu à la hausse nos prévisions 2007. Les objectifs initiaux étaient une croissance du chiffre d'affaires de 7 à 10% hors effet change et une marge opérationnelle ajustée comparable à celle de 2006 soit 16,5%. Aujourd'hui, le groupe est confiant dans sa capacité à faire croître son chiffre d'affaires de près de 12% hors effet change en 2007 et à atteindre sur la même période une marge opérationnelle ajustée légèrement supérieure à 17%.

AOF: Avez-vous été touché par la crise immobilière traversée par les Etats-Unis ?

Olivier Bazil :

Je crois d'abord qu'il est important de remettre cette crise dans le contexte de l'activité de Legrand aux Etats-Unis. En effet, si le groupe réalise 16% de son chiffre d'affaires dans la zone Amérique du Nord (USA + Canada), entre 30 et 40% seulement de cette activité vise directement le secteur résidentiel. C'est donc seulement 5 à 6% du chiffre d'affaires de Legrand qui est directement exposé au marché résidentiel américain et encore faudrait il distinguer entre le neuf et la rénovation, cette dernière activité étant beaucoup moins impactée par la crise actuelle. Quoi qu'il en soit, dans un contexte délicat aux Etats-Unis, Legrand fait preuve d'une excellente capacité de résistance. Ainsi, le chiffre d'affaires progresse de 3,9% au troisième trimestre soit +0,8% au cours des neuf premiers mois grâce au dynamisme des ventes de systèmes à forte valeur ajoutée (automatismes résidentiels, contrôle d'éclairage etc.) et au maintien d'une croissance modérée dans le non résidentiel.

AOF: Vous avez récemment pris le contrôle de Macse au Mexique, pouvez-vous nous indiquer le montant de la transaction et ce que vous en attendez en termes de retour sur investissement ?

Olivier Bazil :

Cette acquisition s'est faite sur la base de multiples de valorisation inférieurs à ceux de Legrand et de son secteur et, conformément à notre politique en la matière, elle est donc relutive. En termes de perspectives, Macse dont les ventes ont progressé de plus de 40% en 2006, contribuera au développement de Legrand au Mexique où le groupe a réalisé une croissance organique de plus de 15% au cours des neuf premiers mois de l'année 2007.

AOF: Avez-vous prévu d'autres opérations de croissance externe au cours de l'exercice et si oui dans quels secteurs et dans quelles zones géographiques ?

Olivier Bazil :

La croissance externe est une priorité pour Legrand et la réponse est donc clairement oui .Notre modèle économique est fondé sur la combinaison d'une croissance organique soutenue et d'une politique d'acquisition active, toutes deux financées par la forte génération de cash flow. Dans ce contexte, nous privilégierons les acquisitions sur les marchés des pays émergents (exemples récents : Kontaktor en Russie, TCL et Shidean en Chine, Cemar au Brésil), ainsi que ceux de produits à forte valeur ajoutée actuellement en plein développement (comme récemment Vantage et UStec aux USA). Ceci étant, indiquer des priorités ne nous interdira pas de saisir toute opportunité attrayante dans nos métiers permettant de développer nos parts de marché et de créer de la valeur pour nos actionnaires, comme nous l'avons fait avec HPM en Australie, Van Geel aux Pays Bas ou Zucchini en Italie.

AOF: Comment évolue votre implantation sur le marché de la domotique ?

Olivier Bazil :

Legrand a de longue date investi sur ce marché qui a mis du temps à mûrir, pour répondre enfin à une véritable demande de la part des consommateurs. Aujourd'hui, Legrand est donc très présent sur ce marché qui galope avec une offre ciblée d'automatismes résidentiels : en France, avec In One by Legrand, en Italie et en Amérique Latine avec My Home, et aux Etats-Unis où les gammes à forte valeur ajoutée de Vantage viennent compléter idéalement celles d'OnQ et de The Watt Stopper.

AOF: Quelle enveloppe envisagez-vous de consacrer à la R&D en 2008 ?

Olivier Bazil :

L'innovation est l'une de nos valeurs fondamentales. Près de 40% de notre chiffre d'affaires mondial sera réalisé en 2007 avec des produits qui auront moins de cinq ans de présence dans nos catalogues. Nous consacrons à cet effort chaque année environ 5% de notre chiffre d'affaires, ce qui est nettement plus que la plus part de nos concurrents. La R&D chez Legrand, c'est aujourd'hui plus de 1 800 personnes qui ont permis de sortir 40 nouveaux produits depuis le début de l'année.

AOF: Comment voyez-vous évoluer l'industrie de production d'électricité à long terme ?

Olivier Bazil :

Rappelons d'abord que si Legrand est le spécialiste mondial de l'appareillage et des systèmes basse-tension, le groupe n'intervient pas dans la production d'électricité. Ceci étant, je vous rappelle que 25% de la population mondiale n'a toujours pas accès à l'électricité, que l'augmentation attendue du niveau de vie dans les pays émergents devrait favoriser une très forte demande pour les produits et systèmes basse tension et que d'autre part la mise à niveau des infrastructures est considérée actuellement comme une priorité importante dans le monde entier. Autant dire que les perspectives de croissance sont vraiment très importantes.

AOF: Après l'échec de votre fusion avec Schneider Electric, votre groupe suscite les convoitises. Le pacte qui lie vos actionnaires KKR et Wendel prend fin en 2008, ouvrant la voie à une OPA. Quel accueil réserveriez-vous à une offre émanant d'un industriel ou d'un fonds à partir de cette date ?

Olivier Bazil :

Concernant Schneider, c'est aujourd'hui de l'histoire ancienne. La page est tournée depuis longtemps! Quant à votre deuxième question, je vous suggère d'en parler directement avec nos actionnaires qui vous expliqueront toutes les raisons pour lesquelles ils ont une grande confiance dans la capacité de Legrand à continuer à créer pour eux beaucoup de valeur.

AOF: Etes-vous satisfait du parcours de votre titre depuis votre réintroduction en Bourse en 2006 ?

Olivier Bazil :

Avec une progression d'environ 30% depuis son introduction en bourse, nous considérons que Legrand a représenté un investissement de qualité pour ses actionnaires, même si nous estimons que le caractère à la fois offensif et défensif du titre justifierait une valorisation supérieure.

Propos recueillis par Marie-Laure Hardy.