Banques : déjà perdantes en 2007

08/11/2007 - 15:11 - Boursier.com

La multiplication des mauvaises nouvelles dans le secteur a déjà lourdement pesé...

Les semaines se suivent et se ressemblent à Wall Street depuis l'été : alors que les marchés financiers cherchent à aller de l'avant, un grand établissement financier annonce qu'il a été pris la main dans le sac à trop avoir voulu spéculer sur le marché américain du crédit immobilier à risque. La dernière victime en date s'appelle Morgan Stanley, seconde banque d'affaires américaine. Elle rejoint ainsi la cohorte des intermédiaires douchés par la crise qui a éclaté au cours de l'été. La banque dirigée par John Mack a annoncé hier soir que les remous frappant le marché du prêt immobilier à risque (dit "subprime mortgage") et ses conséquences sur les produits structurés le concernant forcent son établissement à déprécier ses actifs de 3,7 Milliards de Dollars en inscrivant une perte de ce montant dans ses comptes. C'est impressionnant, mais moins que ses homologues Merrill Lynch (8,4 Milliards de Dollars) et Citigroup (11 Milliards de Dollars), dont les présidents Stan O'Neal et Charles Prince ont démissionné après la mise au jour de ces gouffres tout récemment. Malgré son penchant prononcé pour le risque - c'est lui qui a redirigé la prudente Morgan Stanley sur les marchés les plus spéculatifs en 2005 et qui a acquis en décembre dernier une grosse maison spécialisée dans le prêt immobilier, Saxon Capital - John Mack devrait sauver sa tête. Même si le montant des pertes de Morgan Stanley est moins élevé que les records atteints par certaines de ses rivales, les spécialistes les interprètent comme un signal très négatif. La seconde banque d'affaires américaine est en effet un "second couteau" dans le secteur, avec une exposition évaluée à 16 Milliards de Dollars par David Trone, un analyste du cabinet Fox-Pitt Kelton (il est des seconds couteaux plus lourds que d'autres). A titre de comparaison, le numéro un Merrill Lynch se situerait plutôt à 43 Milliards et son dauphin Citigroup à 35 Milliards. "Sans surprise, les plus grands acteurs sont ceux qui ont subi les plus gros chocs. Désormais, d'autres banques, ont annoncé des lourdes dépréciations sans nécessairement faire partie des acteurs majeurs de la spécialité", souligne Eric Hazart, un analyste d'Exane BNP Paribas qui reste très prudent sur le secteur bancaire. Ces dernières semaines, les établissements américains ont annoncé quelques 30 Milliards de Dollars de pertes liées à la crise financière, mais les analystes attendent de nouvelles annonces. Chez Citigroup, les analystes estiment que la facture pourrait se chiffrer à 50 Milliards de Dollars sur le second semestre 2007. Le bureau d'études de la Deutsche Bank entrevoit pour sa part un montant de 64 Milliards de Dollars, soit l'équivalent du PIB annuel d'un pays comme la Croatie. Des banques qui ont déjà pris de lourdes charges, comme Goldman Sachs, Bear Stearns ou Lehman Brothers pourraient revoir en hausse leurs montants, dans la mesure où elles avaient communiqué sur leurs comptes clos à la fin du mois d'août, alors que la situation a continué à se dégrader en septembre et surtout en octobre sur les marchés des produits structurés. La situation des établissements français semble plus favorable. Ce matin, BNP Paribas a publié de très bons résultats trimestriels qui ont fait dire aux analystes du Crédit Suisse que les comptes de la banque de Baudoin Prot ne montrent quasiment aucun signe de l'existence de la crise de liquidités actuelle. BNP Paribas a cependant pris un peu plus de 300 millions d'euros de dépréciations en conséquence des remous sur les marchés, un montant qui se compare avantageusement aux 2,03 Milliards de profits dégagés sur le 3ème trimestre par l'entreprise. La Société Générale a pour sa part fait état d'un copieux bénéfice sur la période, mais a semé un certain trouble en précisant que son exposition au secteur des produits structurés ABS CDO ressortait à 4,7 Milliards d'euros. Malgré cela l'établissement a seulement pris environ 400 ME de provisions en prenant en compte un scénario très défavorable. Crédit Agricole, Dexia et Natixis n'ont pas encore communiqué sur la question et devraient le faire d'ici la fin du mois. Seule Natixis semble avoir souffert significativement de la crise via des structures américaines exposées au crédit immobilier. Chez Exane BNP Paribas, on craint désormais que les investisseurs n'arbitrent entre les établissements soupçonnés de présenter des risques et ceux dont l'exposition est jugée marginale. Mais pour l'heure, tout le monde est perdant dans le compartiment financier : depuis le début de l'année, l'indice européen qui suit les valeurs bancaires a perdu 16,5% alors que l'indice global affiche une hausse de 1,5% environ. En France, les quatre banques figurant dans le CAC40 font partie des 10 moins bonnes performances de l'année, aux côtés des derniers de la classe comme Alcatel-Lucent et EADS.



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