Natixis : un rayon de soleil dans une "annus horribilis"

22/11/2007 - 12:54 - Boursier.com

Le dossier a perdu la moitié de sa valeur cette année...

Quand les Banques Populaires et les Caisses d'Epargne volent au secours de leur filiale commune Natixis, elles ne font pas dans la demi-mesure. La preuve ? L'action Natixis a gagné jusqu'à 19% ce matin en bourse, une envolée exceptionnelle, qui plus est dans un secteur bancaire plutôt placide à l'habitude. Depuis le début de l'année pourtant, la valeur a chuté de près de 50%... Natixis a été fondée fin 2006 par la réunion des banques d'investissement du groupe Caisse d'Epargne et du groupe Banque Populaire, chacun actionnaire à hauteur de 34,45% du capital. L'opération avait été accompagnée par une augmentation de capital largement souscrite par les particuliers français en novembre / décembre 2006, puisqu'ils étaient 2,8 millions à avoir investi dans la nouvelle banque adossée à deux des plus puissantes institutions financières hexagonales. Tout avait plutôt bien commencé puisque le titre était monté à 23,19 Euros le 18 janvier 2007. Mais depuis, c'est la déconfiture. Le titre a perdu jusqu'à 53% de sa valeur, en touchant un plancher hier à 10,94 Euros. Ce sont ainsi plus de 16 Milliards d'Euros de capitalisation boursière qui sont partis en fumée. Natixis est en effet l'une des banques européennes qui a le plus souffert des craintes des investisseurs sur les conséquences de la crise du crédit à risque (dit "subprime") qui a éclaté cet été. L'établissement a également subi les foudres des marchés alors que des rumeurs de dissensions entre ses deux actionnaires sur la conduite des opérations ont commencé à circuler. Si les groupes Banque Populaire et Caisse d'Epargne sont finalement parvenus à rassurer sur leur entente, les doutes concernant l'exposition de Natixis au marché des dérivés du crédit américain ne se sont pas dissipés. Pire, des analystes ont commencé, en octobre, à s'alarmer de la situation de CIFG, la filiale américaine de rehaussement de crédit de la banque, spécialisée dans les garanties financières aux émetteurs. L'agence de notation Fitch Ratings a enfoncé le clou début novembre en menaçant d'abaisser ses notes sur CIFG, ce qui aurait fait voler en éclat bon nombre de garanties octroyées par la filiale, mettant à mal son équilibre financier. Pendant ce temps, l'action Natixis continuait à sombrer en bourse, à mesure que les investisseurs s'interrogeaient sur l'avenir de CIFG. Natixis allait-elle devoir lever des fonds en urgence sur le marché pour sauver sa filiale ? Ses deux principaux actionnaires étaient-ils prêts à apporter leur soutien ? Allait-on purement et simplement mettre la clef sous la porte en comptabilisant de lourdes pertes ? Chacun s'accordait à penser que la réponse serait apportée lors de la publication des résultats trimestriels de la banque, prévue le 29 novembre prochain. Mais la pression était telle que les groupes Banque Populaire et Caisse d'Epargne ont choisi de sortir de leur réserve dès aujourd'hui, de façon à tenter d'enrayer la glissade inexorable de l'action de leur filiale. C'est cette intervention qui a valu au titre de s'envoler en bourse aujourd'hui. Les deux actionnaires ont en effet employé les grands moyens pour montrer au marché qu'ils sont prêts à soutenir à bout de bras leur filiale, quitte à dévoiler l'ampleur des dégâts. Banque Populaire et Caisse d'Epargne ont donc décidé de racheter conjointement CIFG, et "de lui apporter les ressources financières nécessaires au maintien de son rating 'AAA' auprès des trois agences de notation financière". En d'autres termes, non seulement les deux actionnaires vont reprendre la filiale en direct, mais encore vont-ils injecter 1,5 Milliard de Dollars (un peu plus de 1 Milliard d'Euros) pour en reconstituer les fonds propres. Ils ont laissé entendre qu'ils étaient prêts à faire plus pour préserver la notation crédit 'AAA' de la structure, capitale pour la poursuite de ses opérations (dans le jargon des agences de notation, le "triple A" est la plus haute garantie de solidité possible). Fitch Ratings a immédiatement réagi à cette annonce en confirmant sa notation "AAA" pour CIFG. Plusieurs analystes ont salué l'intervention, de nature à rassurer les investisseurs et le secteur. Mais ce sauvetage est un peu l'arbre qui cache la forêt aujourd'hui. Il démontre en effet que les ramifications de la crise du crédit sont toujours aussi difficiles à appréhender et que ses conséquences chiffrées peuvent être énormes. L'injection de fonds de 1 Milliard d'Euros dans CIFG doit être mise en parallèle avec la taille de la filiale à l'échelle de Natixis, puisqu'elle représentait l'année dernière 22 Millions d'Euros de bénéfice net et 79 Millions d'Euros de produit net bancaire, soit à peine plus de 1% du total généré par la banque. Les investisseurs ne s'y trompent pas : l'indice des valeurs bancaires européennes a chuté de 21% depuis le début de l'année, contre un recul de 2,4% au CAC40 et une hausse de 2,2% à l'indice Euro STOXX50 des 50 plus grandes entreprises européennes.



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