Le pessimisme est de retour sur les marchés

22/11/2007 - 16:25 - Option Finance

(AOF) - Alors que la crise du " subprime" semblait passée et le retour à la normale des marchés proche, la faiblesse du dollar et la hausse des prix du pétrole, inexorables, sont venus ajouter au sentiment de malaise qui a saisi les marchés cet été. Les économistes et les organisations internationales s'interrogent sur l'avenir et s'accordent pour dire que nous vivons les prémices d'une crise qui s'avèrera plus longue que prévu. A Paris, l'indice CAC 40 affiche désormais une performance négative depuis le début de l'année : -2%. Pourtant, malgré la pression baissière de ces dernières semaines, l'indice le plus suivi par les investisseurs français n'a pas encore rejoint son plus bas annuel en séance de 5217,70 points, touché le 17 août. La situation aux Etats-Unis est similaire, le S&P500, l'indice le plus représentatif des marchés actions américains, est tombé dans le rouge sur l'année, mercredi. Cependant, il évolue encore à plus de 3% au-dessus de son point bas de cet été. Sur les places boursières asiatiques, la situation est beaucoup plus contrastée. En effet, l'indice japonais Nikkei perd plus de 13% depuis le 1er janvier, tandis que l'indice de Bourse de Shanghai s'adjuge plus de 80%. Pourtant, le marché chinois a été récemment victime de dégagements après avoir connu un été sans nuage. Les professionnels s'inquiètent de la bulle spéculative qui s'est formée sur ce marché. Hier, l'OCDE s'est ainsi prononcée sur les effets de la crise du crédit hypothécaire à haut risque, après les différents bureaux d'analyse. D'après cette organisation, les pertes liées à la crise du " subprime " aux Etats-Unis pourraient, en effet, atteindre la somme de 300 milliards de dollars. 890 milliards de dollars de crédits hypothécaires à haut risque seront réajustés en 2008, avec un pic en mars. " Il est encore prématuré pour tirer des conclusions définitives ", estime le rapport, qui ajoute : " les investisseurs des marchés actions semblent s'être satisfaits du pessimisme qui prévalait l'été dernier ". Plus aucun économiste ne se fait d'illusions, le secteur bancaire n'est pas au bout de ses (mauvaises) surprises. Autant d'éléments qui pourraient peser sur le financement de la croissance par ce secteur, touché de plein fouet par un marché du crédit en souffrance et la crise immobilière outre-Atlantique. A ces éléments s'ajoute un pétrole toujours plus cher, un dollar toujours plus faible. Deux éléments qui pourraient peser lourd sur l'évolution des marchés. Le baril a ainsi franchi pour la première fois le seuil de 99 dollars en Asie, lundi. Cette flambée est le résultat de la combinaison de facteurs multiples bien connus : la spéculation y joue un rôle non négligeable, le phénomène de repli des investisseurs sur le marché pétrolier, le considérant "bon marché" comparé à d'autres actifs libellés en euros. Enfin, l'excès de demande et les évolutions géopolitiques dopent également les cours. Dans son dernier "Regards sur l'économie", la Société Générale établit une corrélation nouvelle entre la chute du billet vert et la flambée des prix de l'or noir pétrole : "La hausse du prix du pétrole depuis début août représente une manne supplémentaire pour les pays exportateurs, que l'on peut estimer à près de 1 milliard de dollars par jour. Traditionnellement, ces pétrodollars sont réinvestis aux Etats-Unis et participent ainsi à la stabilisation du billet vert. Or, depuis quelques années, les banques centrales et les fonds souverains riches en pétrodollars diversifient leurs placements vers d'autres classes d'actifs que les bonds du Trésor américain. De ce fait, plus le prix du baril monte, plus le dollar en pâtit." Doit-on s'inquiéter de l'avenir? Rien n'est moins sûr. Plusieurs analystes affirmaient, au début du mois, que l'économie mondiale allait résister. Les pays émergents poursuivent leur croissance tandis que l'économie européenne, bien qu'en ralentissement, devrait croître correctement. Malgré le ralentissement outre-Atlantique, on ne peut tout de même pas parler de récession. Sur les marchés, rappelons que, pour l'instant, nous n'avons assisté qu'à une correction, les valorisations sur les marchés d'actions développés étant correctes, de l'avis de nombreux analystes.