EDF et ENEL ensemble dans le nucléaire

30/11/2007 - 17:55 - Option Finance

(AOF) - Les décisions importantes, celles qui engagent des multinationales, voire des nations, sont parfois difficiles à prendre. Après deux et demi de négociations, EDF et Enel ont enfin signé vendredi l'accord de partenariat industriel dans le nucléaire à l'occasion du sommet France-Italie à Nice. Cette rencontre devait justement sceller la coopération des deux pays en matière d'énergie. Le point fondamental de cet accord est sans nul doute l'engagement d'Enel à prendre une part de 12,5% dans le réacteur EPR de Flamanville, dans la Manche. En outre, l'électricien italien pourra éventuellement participer à cinq autre projets EPR d'EDF avec une répartition comparable. Selon les termes de l'accord signé à Nice, Enel pourra accéder à des capacités de production nucléaires de 600 MW à partir de 2008 pour atteindre 1200 MW, en 2012, date de mise en marche du réacteur EPR. Ce pacte ouvre la porte du marché tricolore à Enel. En retour, EDF pourra accéder à une capacité de production nucléaire et classique d'Enel équivalente dans le cadre des projets de l'Italien en cours en Europe. Actualité oblige, Enel a dû également faire connaître sa position sur la participation de 3% d'EDF que l'Etat mettra en vente, "le plus tôt possible", selon le Ministre de l'Economie, Christine Lagarde. Interrogé sur le sujet, l'administrateur délégué d'Enel Fulvio Conti s'est déclaré "pas intéressé" par cette participation. "Nous allons vendre 3% d'une grande entreprise française, EDF, pour faire un plan d'investissement de cinq milliards d'euros dans nos universités", a en effet déclaré Nicolas Sarkozy hier soir lors d'un entretien télévisé sur TF1 et France 2. La manne servira à "doter nos universités des plus beaux campus, pour que les étudiants puissent travailler dans les locaux dignes de ce nom, pour avoir des logements dans les cités universitaires", a t-il précisé. Les investisseurs avaient largement anticipé cette cession tant l'opération est séduisante. L'action EDF, introduite il y a deux ans à 32 euros, a clôturé hier soir à 85,70 euros. Soutenu par la hausse des prix des matières premières, pétrole en tête, le titre a progressé de 56% depuis le début de l'année. En outre, l'annonce en début de mois d'un prochain acompte sur dividende ne pouvait que renforcer cette anticipation. Cette cession d'une nouvelle tranche du capital d'EDF est d'autant moins une surprise que son P-DG y était favorable. Début juillet, Pierre Gadonneix avait déclaré que la vente d'une partie du capital de l'entreprise par l'Etat qui en détient 87% "ne serait pas du tout préjudiciable à l'entreprise, au contraire". Hier soir, dans une déclaration à la presse, le P-DG s'est déclaré "très heureux que la réussite de l'entreprise puisse contribuer à la modernisation des universités françaises". La CGT s'est montré nettement moins enthousiaste. Selon le syndicat, "EDF n'est pas un fonds de réserve du budget de l'Etat", a t-il dénoncé vendredi. (P-J.L)