La dernière étude d'Art Market Insight, agence de presse d'Artprice, porte sur François Boucher. Artiste phare du XVIIIème siècle, François Boucher (1703-1770) a brillé rapidement sur le marché de l'art, puisque dès l'âge de 20 ans, son travail était récompensé du prestigieux Grand Prix de Rome, explique l'agence. En 1731, il est admis à l'Académie, en tant que peintre d'histoire. Nommé "premier peintre du roi" en 1765, Boucher continue de produire à un rythme effréné jusqu'à son décès en 1770. Prolifique, il aurait produit près de 10.000 oeuvres : outre la peinture, le dessin et la gravure, il a fourni de nombreux cartons et motifs pour la tapisserie, la porcelaine ou la toile de Jouy. Soutenue par les commandes des plus grands de l'époque, tels que la Marquise de Pompadour, la duchesse d'Orléans (...), sa cote était explosive de son vivant et son marché des plus dynamiques. Malgré une production dense, près de trois siècles plus tard, le marché est asséché.
Les oeuvres les plus cotées sont celles aux thèmes érotiques. Ses nymphes peuvent parfois atteindre le million d'euros si la toile est monumentale, relate Art Market Insight. Ainsi, son record aux enchères est emporté par "Le sommeil de Vénus", toile de pratiquement 2 mètres de large, adjugée 1 M£ (1,45 ME) en juillet 2006 chez Christie's Londres. C'est en 1779 à l'Hotel d'Aligre (Paris) que la pièce a été proposée aux enchères pour la première fois. Elle trouvait alors preneur pour 2.400 livres... Les paysages ou les scènes animés, souvent plus petits, sont aussi bien moins valorisés. Il fallait par exemple compter 110.000£ le 08 décembre 2004 chez Christie's Londres pour "Le moulin à eau, Landscape with a Herdsman and his Family by a Mill", toile de 1765 au format 51x66 cm. Les oeuvres similaires proposées dans des fourchettes d'estimations supérieures à 200.000 euros ont toutes été ravalées depuis.
Selon la technique, la dimension, le thème ou encore la richesse du dessin, voire la provenance, les oeuvres sur papier font l'objet d'une forte variation de prix. Ainsi, en octobre dernier, chez Sotheby's, une étude de nu académique à la sanguine, de 45 cm de haut, a été dispersée pour 22.500$. En juin 2007, à Paris, chez Artcurial, "Aurore et Céphale/Neptune et Anymone", dytptique très abouti au crayon, a été adjugé 59.000 euros. Le 15 novembre 2006, "Trois putti volant", petit croquis sur papier bleu, partait pour tout juste 3.200 euros chez Christie's Paris. A l'inverse, "Study of a Young Girl Lying on Her Front", dessin aux trois crayons, préparatoire à "The Darked Haired Odalisque", est parti pour 200.000£ chez Sotheby's London en juillet 2000.
A l'instar de ses contemporains, la cote de François Boucher est resté pratiquement stable durant les années 1990. Par exemple, "Allégorie de la Guerre et de la Paix", un dessin à la mine de plomb acquis l'équivalent de 5.800 euros en 1993, a été revendu 6.500 euros en 1999 chez Blanchet & Joron-Derem. Il a fallu attendre 2003 pour voir ses prix enfin décoller. Ils affichent une progression de +50% en quatre ans. Certains collectionneurs en profitent pour tenter de disperser des pièces avec des estimations très optimistes. Ainsi, le 04 juillet 2007, "Oriental Figures seated at a table" a été proposée par Sotheby's London, mais ravalée, pour 15.000 - 20.000£. La pièce avait été acquise 5.000$ en 1998 chez Christie's NY... Si l'artiste fait l'objet d'une réputation internationale, c'est à Londres et New York qu'il dégage ses plus fortes enchères et 80% du produit de ses ventes. A Paris s'effectuent près de 40% des transactions, mais les oeuvres proposées sont généralement de moindre qualité, juge Art Market Insight. Peu de pièces y dépassent le seuil des 100.000 euros. "La demeure chérie", une rare pastorale à l'encadrement rocaille, adjugée 170.000 euros en juin 2007 chez Artcurial, est la dernière toile présentée en France a avoir dépassé ce seuil.
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