EADS : les tribulations d'un européen en Russie

30/08/2006 - 15:18 - Boursier.com

Une industrie à l'aube d'une consolidation majeure...

L'arrivée récente de fonds étatiques russes au capital d'EADS intervient à un moment clé de l'industrie aéronautique de l'ancien géant soviétique. La volonté affichée du gouvernement de Vladimir Poutine est en effet de mener à bien un vaste remodelage du secteur, aussi bien civil (en mauvaise posture) que militaire (un peu mieux placé mais guère). La Vnechtorgbank, bras armé de l'Etat russe sur les marchés, a acquis durant l'été entre 4,5% et 4,8% du capital d'EADS, selon des sources concordantes - soit un montant inférieur au seuil des 5% qui l'obligerait à déclarer officiellement sa prise de participation. La destination finale des actions est plus incertaine, observent nos confrères du Figaro, mais selon le quotidien certains observateurs n'excluent pas une opération de portage au profit de la future United Aircraft Building Corporation, une entité qui fédèrerait les principaux acteurs du pays, s'inspirant du modèle... EADS en Europe occidentale. D'initiative gouvernementale, OAO/UABC (parfois désigné comme OAK) demeure en fait largement à l'état de projet. Il s'agit de fédérer de façon plus ou moins étroite les fleurons nationaux de l'industrie tels Sukhoi, Mikoyan, Tupolev, Iliouchine, Yakolev et Irkut dans un souci de rationalisation et d'efficacité, de se positionner plus efficacement sur les marchés -notamment à l'export- et de nouer des partenariats à dimension réellement stratégique dans des domaines ciblés. Mais il s'agit aussi pour l'équipe présidentielle de reprendre le contrôle de ces actifs stratégiques en matière de défense, puisque selon une mouture du projet en date de novembre dernier, l'Etat prendrait jusqu'à 75% de l'ensemble, selon DefenseNews. Un premier projet impliquait une participation de 51% ramenée à 25% une fois United Aircraft opérationnel. Au cours de la vague de privatisations des années 1990, une partie de ces entreprises avaient été privatisées, en général celles chargées des activités de fabrication comme Irkut, les activités de recherche et de développement restant plus ou moins protégées. Aujourd'hui les acteurs du secteur présentent des caractéristiques capitalistiques et statutaires hétéroclites, tout en étant plus ou moins reliés les uns aux autres. Avec cette restructuration, la Fédération de Russie souhaite donc retrouver une industrie à la hauteur de l'héritage de l'Union soviétique (la seconde guerre mondiale et la guerre froide n'avaient pas manqué de stimuler les dépenses militaires) et de la réputation de ses ingénieurs. A la différence de la période soviétique toutefois, l'industrie serait plus ouverte à des partenariats occidentaux - sans aller jusqu'aux Etats-Unis toutefois. L'Allemagne est ici encore perçue comme un partenaire privilégié. En décembre 2005, EADS est entré dans le capital d'Irkut à hauteur de 10% à la suite d'un accord signé au mois de décembre précédent entre le groupe européen et l'avionneur russe destiné à renforcer leur partenariat. Selon Defense Industry Daily, EADS aurait investi 65,3 millions de dollars pour 97,8 millions d'actions EADS et Irkut sont associés au sein d'une coentreprise "EADS IRKUT Seaplane SAS" laquelle produit un avion utilisé dans la protection civile et notamment la lutte contre les incendies. EADS détient 30% de la joint-venture. Irkut pourrait également devenir prestataire de production du programme A320 cargo.



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