EADS : 2007, année historique

16/01/2008 - 16:09 - Option Finance

(AOF) - Battu de peu. Airbus a enregistré en 2007 1 341 commandes nettes, alors que son concurrent Boeing a vendu 1 413 appareils. Mais la filiale d'EADS prend sa revanche grâce aux livraisons : Airbus a livré 453 appareils, soit 19 de plus qu'en 2006, alors que le géant américain n'a livré que 441 appareils l'an dernier. Numéro un ou pas, le groupe européen d'aéronautique et de défense peut se frotter les mains grâce à ces chiffres historiques qui dépassent toutes ses espérances. Airbus précise que les commandes 2007 représentent 157,1 milliards de dollars au prix catalogue. Elles comprennent 913 appareils de la famille A320, 405 A330/A340/A350, ainsi que 23 A380. L'avionneur a par ailleurs reçu 1 458 nouvelles commandes brutes (avant annulation) évaluées à 181,1 milliards de dollars, contre 1 458 commandes brutes pour Boeing. Fin 2007, Airbus totalisait un carnet de commandes de 3 421 appareils, représentant six années de production. Il s'agit "du plus gros carnet de commandes jamais enregistré dans l'histoire de l'industrie aéronautique", se félicite EADS. Pour 2008, Thomas Enders prévoit de livrer plus de 470 appareils, avec un niveau de commandes inférieur à celui enregistré l'année précédente mais supérieur au chiffre des livraisons. Autre bonne nouvelle pour Airbus : Power 8, le programme de restructuration d'Airbus adopté en février dernier, a dépassé ses objectifs en 2007 en permettant de réaliser des économies de près de 500 millions d'euros. Les postes " overhead " (postes de structure) ont ainsi été réduits de 30%, sur les 10 000 postes ciblés jusqu'en 2010. Thomas Enders a précisé qu'il envisageait de prendre de nouvelles mesures afin de limiter la dépendance du groupe aux " fluctuations du dollar ". Abordant l'épineuse question des retards, le dirigeant a enfin confirmé un retard de 6 à 12 mois pour l'avion militaire A400M, ajoutant qu'il allait mettre " tout en œuvre " pour livrer comme prévu 13 exemplaires de l'A380 en 2008. Boeing n'est pas en reste : le constructeur aéronautique a annoncé qu'il repoussait de trois mois le premier vol d'essai et les livraisons de son 787 Dreamliner, après avoir déjà fait état d'un retard de six mois pour ce programme en octobre dernier. Les premières livraisons sont attendues début 2009. (M-L.H.) (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Né en juillet 2000 de la fusion entre l'Allemand Dasa (DaimlerChrysler Aerospace), l'Espagnol Casa et le Français Aérospatiale, EADS est aujourd'hui le premier groupe aéronautique européen et le second à l'échelle mondiale. Ses activités se répartissent entre l'aviation commerciale et militaire, l'espace, les systèmes de défense et les services. EADS compte cinq divisions : Airbus (le grand concurrent de Boeing sur le marché des avions commerciaux de plus de 100 places), Avions de Transport Militaire, Eurocopter, EADS Astrium et enfin Defense & Sécurité. En réaction aux difficultés d'Airbus autour de l'A380 et de l'A350, EADS a lancé un plan de restructuration baptisé "Power 8". EADS emploie environ 116 000 personnes sur plus de 70 sites, principalement en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Espagne, ainsi qu'aux Etats-Unis et en Australie.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Malgré ses déboires autour de l'A380 et de l'A350, Airbus reste un leader de l'aéronautique commerciale, à même de concurrencer le géant américain Boeing. - La mise en œuvre de "Power 8" et le lancement de l'A350, dont le carnet de commandes grossit, place Airbus dans une situation offensive. En outre, l'avionneur européen est moins exposé que Boeing aux compagnies aériennes américaines, confrontées à d'importantes difficultés financières. - 2007 a été une année de commandes record pour Airbus, avec 1 341 commandes nettes. Le groupe reste cependant légèrement derrière Boeing.

Les points faibles de la valeur

- Le groupe EADS est sensible au dollar, dans la mesure où il facture l'essentiel de ses ventes dans la devise américaine. Néanmoins, ce risque est limité par la politique de couverture du risque de change mise en place par la direction. - C'est seulement dans quelques années que l'on saura si EADS a eu raison dans son pari sur le marché des gros porteurs matérialisé par le lancement de l'A380. -Les activités de défense manquent de taille critique tant pour atténuer la cyclicité de l'aviation civile que pour rivaliser avec les grands groupes américains. EADS affiche toutefois sa volonté de poursuivre le rééquilibrage de ses activités, en développant encore son pôle défense. - Les surcoûts liés au développement problématique de l'avion de transport militaire A400M, la montée en cadence de production de l'A380 et d'éventuels nouveaux retards risquent d'affecter le titre sur le long terme.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- EADS est extrêmement sensible à l'évolution du secteur aéronautique civil et donc à la santé des compagnies aériennes qui lui achètent des avions. Or, la bonne santé du secteur du transport aérien dépend de la situation économique et géopolitique mondiale, qui influe sur le tourisme et les voyages d'affaires, mais également d'autres facteurs, comme le prix du pétrole. Les prévisions de livraisons d'avions sont de bons indicateurs de tendance. - Plus spécifiquement, le titre pourrait présenter un attrait spéculatif, en vue d'une possible consolidation du secteur spatial et de la défense. Une alliance à trois avec Thales et Alcatel a souvent été évoquée par les marchés. - Le dossier lié aux accusations de délit d'initiés est à suivre.