SOCIETE GENERALE : le contrôle des risques en question

24/01/2008 - 16:43 - Option Finance

(AOF) - Les événements survenus ces derniers jours chez Société Générale ne sont pas sans rappeler les déboires rencontrés par Crédit Agricole cet été. Même si les deux pertes de trading sont incomparables en termes de valeur, l'une portant sur une perte de 250 millions d'euros, l'autre, révélée aujourd'hui, sur 4,9 milliards d'euros, il reste toutefois des questions sans réponse au regard du rôle et de la qualité du contrôle des risques au sein des grands établissements financiers. Le parcours professionnel du trader mis en cause aurait été crucial dans la constitution de ce que la management du groupe a qualifié de " sorte d'entreprise" dissimulée au sein de la salle des marchés de Société Générale. Employé en 2000 au sein du middle-office, chargé de traquer les fraudes pendant cinq ans, ce trentenaire devenu trader aurait conservé des liens avec les opérateurs de contrôle, au point de se tenir au courant des évolutions des procédures de contrôle des risques. Ayant constitué un livre fictif en dehors de ses activités officielles, il aurait masqué depuis 2006 ses gains par des pertes fictives et inversement. Les analystes et banquiers s'interrogent: comment peut-on passer à travers les mailles du filet et se livrer à une fraude d'une si grande ampleur? Des interrogations auxquelles sont confrontés les acteurs du monde de la finance mais également les responsables politiques. La ministre de l'Economie française a annoncé avoir demandé des comptes à la Banque de France, lors des questions au gouvernement au Sénat. Christine Lagarde a soulevé deux questions majeures: "Comment se fait-il qu'en dépit des contrôles opérés par la Commission bancaire, aucune de ces malversations effectuées par ce salarié fraudeur n'ont été décelées?". D'autre part, la ministre a indiqué avoir demandé "à la Commission bancaire et à son président, qui est également le gouverneur de la Banque de France, de lui proposer un certain nombre de contrôles additionnels, et notamment de contrôles opérationnels, destinés à éviter que ne surgisse à nouveau ce type de situations". Ainsi, une enquête de la Commission bancaire sera-t-elle diligentée pour examiner les conditions dans lesquelles la fraude est intervenue. A l'instar de la création de back-offices indépendants après la célèbre affaire de la Barings, peut-on aujourd'hui prendre des mesures pour garantir des contrôles plus efficaces au sein des salles de marché?