Infogrames : la génèse d'un plan destiné à faire table rase du passé, ou presque

12/09/2006 - 15:47 - Boursier.com

Bruno Bonnell a désormais besoin de l'aval des actionnaires, après avoir signé avec ses créanciers...

C'est dans la nuit de vendredi à samedi dernier que le management d'Infogrames est parvenu à sceller l'accord de recapitalisation du groupe avec ses principaux créanciers bancaires et obligataires. Orchestré par Rothschild, le plan de restructuration financière est divisé en 5 étapes interdépendantes à un niveau plus ou moins important. "C'est le 3ème plan conséquent, cette fois-ci il est définitif", selon les commentaires, déjà entendus diront certains, du patron de l'éditeur, Bruno Bonnell, qui avait regroupé plusieurs journalistes aujourd'hui à la mi-journée. Le président a tenu à rappeler en guise de préambule que cette issue lourde à porter pour les obligataires et pour les actionnaires est la conséquence des options opérées en 1999 / 2000, quand il s'était agi de financer les acquisitions en pleine bulle spéculative. Le choix des obligations convertibles, généralisé à l'époque, était "malheureux", et a abouti à amasser une dette dépassant 600 Millions d'Euros que la société a traîné comme un boulet sur les 6 dernières années. Le plan dévoilé ce matin "est une étape qu'on qualifie de finale, même si je n'aime pas trop ce terme. Ou plutôt de définitive", a insisté Bruno Bonnell. Alors pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt ?, est-on en droit de s'interroger. "Jusque-là, il ne pouvait pas y avoir d'accord entre les différentes parties, donc on ne l'a pas fait avant. Il fallait abaisser la pression de la dette avant de se remettre autour de la table", explique le dirigeant qui évoque un "acte fondateur", qui "préserve (la) capacité industrielle d'Infogrames". "La société a été asphyxiée, étranglée par la dette", ajoute-t-il, rappelant que ce sont quelques 100 Millions d'Euros en cash qui ont dû être sortis sur les 3 dernières années pour y faire face. Le plan est destiné à ramener la dette à zéro (légèrement négative selon les projections idéales), en levant des fonds sur le marché, puis en rachetant les convertibles en circulation et en désintéressant les porteurs par la remise d'actions gratuites. La levée de fonds et la conversion dette / actions se fera sur une base de 0,15 euro par action, soit significativement en dessous du cours de bourse actuel, qui n'est déjà pas bien glorieux mais se révèle nécessaire pour obtenir le soutien des participants. La société a obtenu également de nouveaux financements de court terme. L'ensemble des opérations, au-delà de l'aspect désendettement, permettra à Infogrames de disposer d'une cinquantaine de Millions d'Euros en cash, ce qui lui autorisera dans un premier temps une gestion sans souci de la cruciale période des fêtes. Parmi les soutiens obtenus lors des négociations, la présence de fonds, dont BlueBay High Yeld, a suscité des interrogations, d'autant que le hedge fund (un qualificatif qui réveille à lui seul la suspicion) a demandé deux administrateurs au conseil, ce qui n'est guère dans les pratiques de ce type d'établissement. Pour Bruno Bonnell et son directeur financier Thomas Schmider, l'arrivée de cet investisseur, qui opère avec Bank of America en l'espèce, est une bonne nouvelle, et le fait qu'il a demandé à siéger au conseil est jugé "rassurant". Souffrant d'un éparpillement quasi-record de son actionnariat, Infogrames estime en effet qu'un investisseur pouvant détenir 20% du tour de table constitue plutôt une bonne nouvelle. Notons que les actionnaires se prononceront sur la nomination de deux représentants du fonds, en plus des 7 membres composant déjà le conseil, lors de la prochaine assemblée. "Ce sont de vrais investisseurs, ce ne sont pas des raiders", veut croire Bruno Bonnell qui rappelle que leurs actes vont dans ce sens, puisqu'ils sont accessoirement en partie garants de l'augmentation de capital, et donc susceptibles de pallier, en cash, un éventuel désintérêt des actionnaires actuels. Pour autant, personne parmi le management ne veut entendre parler de prise de contrôle par des fonds. Des garde-fous existent, notamment en terme légaux puisque le projet reste soumis à une dérogation de l'AMF à l'obligation de déposer une offre, qui ne sera octroyée que si les rôles sont clairement définis. En théorie, le concert de circonstance existant entre BlueBay et GLG Partners, gros porteur d'obligations, pourrait approcher la moitié du capital à l'issue des opérations et avant exercice des BSA. Un scénario que la direction espère ne pas avoir à envisager, puisqu'il implique qu'aucun actionnaire actuel ne souscrive à la recapitalisation de base et que tout soit apporté à l'OPE. Le compromis trouvé vendredi soir n'aurait pas pu avoir d'alternative, avons-nous déduit des commentaires de Bruno Bonnell. "Nous avons exploré toutes les options : chevaliers blancs, fonds d'investissement, cessions... Notre entreprise terrorise, ou terrorisait par rapport au poids de sa dette", admet le dirigeant. Il va falloir désormais convaincre les actionnaires, très dispersés on l'a vu, lors de la prochaine assemblée générale prévue fin septembre mais qui se tiendra selon toute vraisemblance plutôt le 12 octobre suivant, faute de quorum lors de la première convocation. Il faudra leur expliquer, eux qui ont déjà été mis à rude épreuve, que remettre la main à la poche vaut mieux que d'enterrer un nouveau fleuron du jeu vidéo hexagonal. Si l'opération est financièrement garantie, leur aval reste la condition sine qua non. La rentrée "musclée" des dirigeants d'Infogrames n'est pas encore finie...



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