Philippe Weber, resp. Philippe études et stratégie (CPR AM)

13/03/2008 - 15:12 - Option Finance

Les pertes accumulées par les établissements de crédit dans la période récente font apparaître un risque supplémentaire sur l'économie : celui d'une contraction du crédit. Pareille contraction pourrait en effet avoir plusieurs causes. Tout d'abord, la ponction sur les fonds propres conduit mécaniquement, par l'application des règles prudentielles ou réglementaires en vigueur, à la diminution de la taille du bilan. Ensuite, la réévaluation des risques que la crise a entraînée va conduire, et conduit déjà, la plupart des banques à resserrer très sensiblement leurs critères d'octroi de prêts : on le voit nettement dans les enquêtes réalisées par les banques centrales aux Etats-Unis ou dans la zone euro, quelle que soit la nature de l'emprunteur. Cette tendance à la raréfaction du crédit pourrait, qui plus est, ne pas venir que de l'offre : du côté de la demande aussi, les emprunteurs, ménages ou entreprises, ont toute raison de se montrer circonspects, dans un environnement économique devenu très incertain. La baisse massive du taux directeur aux Etats-Unis, indispensable par ailleurs, jouera ici un rôle moins important qu'on pourrait l'espérer pour contrebalancer une aversion croissante au risque, du fait de la hausse des marges des banques : les taux effectivement pratiqués n'ont pas tant baissé. Si ces risques se concrétisent, notamment aux Etats-Unis, l'évolution économique des mois à venir sera plus douloureuse encore. Les ménages américains, depuis longtemps les "consommateurs en dernier ressort", ne pourraient plus jouer ce rôle, et la récession serait alors certaine, et profonde. n