CHRONIQUE/Des taux longs à 4% et volatiles

20/09/2006 - 18:21 - Option Finance

La montée régulière des taux longs en euro, depuis le début de l'année, marque une pause depuis cet été. 4% pourrait bien demeurer le taux de référence des mois à venir, quand bien même la volatilité du marché pourrait s'accentuer autour de ce niveau. La reprise économique en zone euro et l'orientation claire de la politique monétaire de la BCE ont eu raison du "conundrum", selon l'expression d'Alan Greenspan pour désigner le niveau anormalement bas des taux longs au regard des fondamentaux. Les marchés ont anticipé des relèvements, jusqu'à quelque 3,5%, des taux courts en euro, sans que le chemin ultérieur soit encore tracé. De l'autre côté de l'Atlantique, plusieurs signes ont provoqué le retournement des anticipations de relèvement des taux courts : une inflation sous moindre pression qu'on avait pu le craindre en mars et un marché immobilier en train de s'essouffler. La reprise du crédit aux entreprises ne suffit pas à compenser le reflux du crédit à l'habitat, les taux longs américains ont baissé de 0,5% depuis leur plus haut récent. Entre ces deux mouvements, les taux euro pourraient donc rester ancrés autour de 4%, tant que le paysage des années futures ne se transforme pas substantiellement. 4% est une référence sans doute un peu en dessous de taux d'équilibres fondamentaux (inflation + croissance, par exemple), mais ce niveau résulte d'un marché où la demande des épargnants et des investisseurs institutionnels pèse fortement. Le taux d'épargne élevé, l'engouement pour la gestion actif/passif, les réserves qui demeurent vis-à-vis de l'investissement en actions tirent, en effet, l'équilibre vers le bas. Moins volatils que les taux longs américains qui évoluent au gré des achats domestiques et étrangers, les taux longs euro devraient, toutefois, connaître davantage de fluctuations. L'évolution de l'inflation et des taux courts, le retour du crédit qui accompagne le marché de l'immobilier et la reprise économique en général, les facteurs géopolitiques enfin, sont autant de facteurs qui vont, sans nul doute, apporter de la volatilité dans le marché. Jean-François Boulier,responsable de la gestion de taux euro et crédit chez Crédit Agricole Asset Management