Marché obligataire : des opportunités à saisir

20/09/2006 - 18:23 - Option Finance

Alors que l'incertitude demeure concernant l'évolution des taux, les gérants diversifient leurs placements, des ABS au high yield, en passant par les OC. La Fed relèvera-t-elle encore une fois ses taux directeurs d'ici à la fin de l'année ? Cette question suscite de nombreuses spéculations sur le marché obligataire. Alors que, dans l'ensemble, les gérants anticipent une hausse des taux par la Banque centrale européenne jusqu'à 3,5% d'ici à la fin de l'année, certains n'anticipent pas de nouvelle hausse aux Etats-Unis, tandis que d'autres n'excluent pas un relèvement d'ici à la fin de l'année et une dernière hausse en début d'année 2007. Ce contexte incertain incite les investisseurs obligataires à continuer à diversifier leur portefeuille. Pour se couvrir contre le risque d'inflation, en premier lieu les spécialistes conseillent de mettre des obligations indexées sur l'inflation (OATI) dans les portefeuilles. "Nous préconisons notamment de combiner des obligations à court-moyen terme avec des OATI car nous considérons que le risque d'inflation continue d'augmenter", indique Philippe Lespinard, directeur général adjoint de FFTW et responsable des gestions obligataires et monétaires de BNPP AM. Aux investisseurs qui ne souhaitent pas avoir un portefeuille trop risqué, les gérants conseillent également d'investir dans des fonds diversifiés. "Dans un portefeuille institutionnel classique, nous allouons une part de 40% aux obligations d'Etat (contre 65% pour le marché), précise Philippe Lespinard. De plus, nous préférons les obligations émises par les institutions financières (13 %) aux obligations industrielles (7 %) et réservons une part importante aux ABS/MBS (30%), le reste (10%) étant réservé à des placements à court terme." Dans l'investment grade, la préférence va en effet clairement aux financières car les perspectives macroéconomiques demeurent favorables. "Cela permet d'avoir une prime de risque relativement stable, explique Jean-François Boulier, responsable de la gestion obligataire chez Crédit Agricole Asset Management. De plus, ce type de secteur devrait se comporter mieux que les autres en cas de retournement du marché. Nous privilégions sur ce segment des maturités de trois à cinq ans car elles offrent un bon couple rendement/risque." Dans les portefeuilles classiques, la titrisation (ABS/MBS) est également privilégiée car elle permet d'avoir des rendements supérieurs aux obligations du Trésor. "Ce marché représente un investissement attractif à condition de se limiter à des entreprises notées 'AAA' et 'AA'", ajoute Jean-François Boulier. Dans les portefeuilles à plus fort rendement, généralement baptisés "absolute return" (performance absolue), la titrisation peut aussi être présente mais c'est le high yield qui occupe une place de choix. Il reste en effet l'investissement le plus prisé par les gérants, qui recommandent néanmoins d'être désormais plus sélectif dans les choix. "Jusqu'au printemps 2006, les investisseurs ont eu tendance à privilégier les émetteurs les moins bien notés, moins sensibles à la hausse des taux d'intérêt, observe Nuno Teixeira, directeur général adjoint de Schroders France. Ils ont aujourd'hui intérêt à prendre leurs bénéfices sur les 'CCC' et à se positionner sur du 'BB'. Des opportunités seront à saisir à l'automne." Compte tenu du surplus d'offre, les sociétés vont devoir se montrer plus généreuses. Le high yield est donc un investissement intéressant. mais jusqu'à quand ? "Nous sommes positifs sur le high yield jusqu'au début de l'année prochaine. Au-delà, les perspectives de ce marché restent difficiles à prévoir", indique Eric Brard, directeur des investissements obligataires et monétaires à la SGAM. Le marché pourrait en effet pâtir de la remontée des taux de défaut qui se situent actuellement à des niveaux extrêmement bas. Mais un portefeuille de type "absolute return" ne se compose pas seulement de high yield. Il privilégie au contraire une grande diversification. "A ce titre, les obligations convertibles sont particulièrement intéressantes car elles permettent de profiter du bon comportement des marchés actions tout en diversifiant les risques au sein du portefeuille", relève Eric Brard. La dette émergente est également privilégiée mais de manière sélective. Les spécialistes recommandent notamment les obligations souveraines russes et brésiliennes et délaissent des pays comme la Pologne et la Hongrie. n Ludivine Garnaud Rendements moyens des produits obligataires Obligations d'Etat : 3,60% (zone euro), 4,80% (USA) Credit corporate euro investment grade 5 ans : 4,10% MBS US : 6% Credit high yield euro : 6,50% Dette émergente : 7,4% (notation moyenne BB+) Credit high yield US : 8,4%