Economie : le FMI fait preuve de pessimisme pour 2008 et 2009

09/04/2008 - 15:10 - Boursier.com

La croissance française attendue à 1,2% en 2009...

Le Fonds Monétaire International a dressé en bilan bien morose de l'économie mondiale, conséquence de la crise financière qui a éclaté aux Etats-Unis l'été dernier. Principal enseignement : les anciens pays industriels subiront l'essentiel de l'impact, tandis que les économies émergentes continueront à afficher des taux de croissance remarquables, quoique inférieurs aux performances des dernières années... Dans la dernière partie de son étude d'avril sur les perspectives économiques mondiales, publiée aujourd'hui, le Fonds Monétaire International dresse un bilan alarmiste de la situation globale, en particulier pour les économies développées. "L'expansion mondiale ralentit face à une crise financière majeure. Le ralentissement est le plus marqué dans les pays avancés, en particulier aux États-Unis, où la correction du marché immobilier continue à exacerber les tensions financières", explique-t-il en préambule. Des indiscrétions avaient permis en début de semaine de prendre connaissance de la teneur générale de l'enquête, mais les données particulières à chaque pays et le fond de l'analyse avaient jusque-là été tenues secrets. "La croissance mondiale devrait ralentir à 3,7% en 2008, soit 0,5 point de moins que prévu dans la mise à jour de janvier des Perspectives et 1,25 de point de moins qu'en 2007. Elle devrait rester plus ou moins inchangée en 2009", indique le FMI qui souligne que la divergence entre les pays avancés et les pays émergents devrait persister, la croissance dans les pays avancés tombant bien en deçà du potentiel. "L'économie américaine devrait connaître une légère récession en 2008, en raison des effets de synergie entre les cycles de l'immobilier et des marchés financiers, avant de se redresser modestement en 2009 alors que les institutions financières résolvent lentement leurs problèmes de bilans", selon les conclusions de l'étude, tandis qu'en Europe occidentale, "la croissance tombera aussi bien en deçà de son potentiel, sous l'effet des répercussions commerciales, des tensions financières et du retournement du cycle immobilier dans certains pays". Le FMI n'anticipe qu'un modeste infléchissement du rythme de croissance dans les économies émergentes. Dans la Zone Euro, l'étude souligne que la Banque Centrale Européenne "peut se permettre d'assouplir sa politique monétaire", "car si l'inflation actuelle est excessivement élevée, il est prévu qu'elle retombe au-dessous de 2 % en 2009, les perspectives de croissance étant de plus en plus négatives". Le FMI juge que les pays dont les objectifs à moyen terme sont en bonne voie d'être atteints en terme d'équilibre budgétaire peuvent prendre des mesures de relance discrétionnaires supplémentaires "si nécessaire". "Cependant, dans d'autres pays, les possibilités de laisser opérer les stabilisateurs automatiques pleinement pourraient être limitées par le niveau élevé de la dette publique et des plans d'ajustement qui sont insuffisants pour assurer la viabilité à moyen terme", prévient le FMI, qui cite notamment la France, la Grèce et l'Italie. Le scénario de base de l'organisation fait désormais état d'une croissance ralentie à 1,4% en 2008 puis à 1,2% en 2009 dans la Zone Euro. Les exportations devraient tenir le coup au premier semestre 2008, du fait de carnets de commandes bien remplis, particulièrement en Allemagne, mais sont appelées à ralentir par la suite sous la pression de l'appréciation de l'Euro et du ralentissement de la demande globale, poursuit le FMI, qui recense parmi les risques les plus visibles un ralentissement de l'immobilier dans les pays les plus exposés (Belgique, Pays-Bas, Irlande, Espagne, Royaume-Uni et dans une moindre mesure en France) ainsi que la poursuite de la vigueur de l'Euro. La France devrait s'en tenir cette année et en 2009 à la moyenne de la Zone Euro. Le FMI a revu en baisse de 1,5% à 1,4% la projection de la croissance hexagonale cette année, et a fixé à 1,2% la prévision pour 2009. Jusqu'en octobre dernier, il prévoyait encore une hausse de 2% en 2008. A titre de comparaison, l'Allemagne est attendue à 1,4% cette année puis à 1% l'année prochaine, tandis que l'Italie devrait ralentir à 0,3% sur les 24 prochains mois. En Grande-Bretagne, la projection est fixée à 1,6% sur ces deux années. Pour les Etats-Unis, l'organisation mise sur une croissance du PIB de 0,5% cette année puis de 0,6% l'année prochaine. Les économies dites avancées devraient donc progresser en moyenne de 1,3% en 2008 puis à nouveau de 1,3% en 2009, tirées par les champions asiatiques (Corée, Taiwan et Singapour). Rien de comparable cependant avec les économies émergentes les plus importantes, puisque le FMI pense que la Chine passera de 9,3% en 2008 à 9,5% en 2009, tandis que l'Inde est créditée de 7,9% en 2008 puis de 8% en 2009. La performance russe restera solide, à 6,8% cette année puis 6,3% la suivante, quoique inférieure à son rythme des dernières années. Les projections du FMI sont parmi les plus pessimistes de la communauté économique. Elles sont marquées par la faiblesse voire l'absence de reprise économique parmi les pays industrialisés entre 2008 et 2009, alors que les économistes sont en majorité enclins à viser un rebond au second semestre 2008. Le gouvernement français, pour sa part, avait révisé en baisse ses prévisions de croissance à la fin du mois de mars. Il mise désormais sur 1,7 à 2% de hausse, ce qui demeure assez significativement supérieur aux anticipations du FMI. Le Premier Ministre François Fillon avait en outre officialisé le report de 2010 à 2012 de l'objectif d'équilibre budgétaire. La projection médiane actuelle des économistes valide le bas de fourchette du scénario, avec une croissance française attendue à 1,7% cette année, puis à 1,9% en 2009 (source Bloomberg).



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