Des opportunités d'achat pour la Financière de l'Echiquier

24/04/2008 - 15:27 - Option Finance

Loin d'être pessimiste, la stratégie d'investissement de la Financière de l'Echiquier table sur un rebond des marchés actions et des marchés obligataires. Les fonds de cette société de gestion ont d'ores et déjà réinvesti une partie de leur cash et se sont recentrés sur les valeurs qui devraient bénéficier au plus vite de la sortie de crise.

Après les différents chocs qui ont affecté le monde de la finance depuis août dernier, entraînant les marchés actions et obligataires à la baisse, les marchés financiers devraient amorcer un rebond, selon Marc Craquelin, cogérant d'Echiquier Patrimoine et responsable de la stratégie de la Financière de l'Echiquier. "Au cours du premier trimestre, le scénario d'une récession américaine a progressivement été intégré dans les cours des actions : cet élément macroéconomique, maintenant pris en compte, ne devrait donc plus continuer de peser autant sur les cours", déclare-t-il.

Des valorisations attractives

En parallèle, le sauvetage in extremis de Bear Stearns est apparu comme un signal positif : "Le rachat de cette banque a marqué un réel tournant, prouvant que les autorités américaines s'impliquaient vraiment dans la crise et avaient l'intention de sauver les institutions financières, indique Marc Craquelin. Une prise de conscience qui semble également avoir lieu au niveau mondial : les banques centrales ont agi au mieux pour injecter des liquidités dans le marché." Pour la Financière de l'Echiquier, les marchés actions ont donc d'ores et déjà touché leurs plus bas niveaux. "Les valorisations boursières des sociétés sont très raisonnables : les PE sont très bas et le price to book sur l'Eurostoxx est en dessous de ses niveaux après l'éclatement de la bulle Internet, affirme Marc Craquelin." Or, historiquement, les gérants de la Financière de l'Echiquier ont observé que, lors de récessions, les actions repartent à la hausse avant la sortie de crise. "L'heure est au stock-picking, confie le gérant. Beaucoup de valeurs présentent des niveaux de valorisation très attractifs." Dans ce cadre, investir sur le marché de l'immobilier peut être un pari intéressant : "Nous envisageons un rebond de ce secteur. Déjà, aux Etats-Unis, les valeurs de la construction résidentielle, comme KBO ou Tool Brothers, affichent une hausse", indique Marc Craquelin. Le gérant reste persuadé que le dollar va arrêter de baisser, voire même remonter. "Les valeurs à fort "gearing" (ratio endettement sur fonds propres) et exposées au dollar ont particulièrement souffert de ces tendances. Steria, Safran et Rexel en sont les meilleurs exemples, souligne Marc Craquelin. Ces valeurs pourraient profiter du redressement du dollar dans les prochains mois, et rebondir. A l'inverse, les pétrolières n'ont pas bénéficié de la hausse des prix du pétrole, leurs résultats ayant souffert des revendications nationalistes de plusieurs pays où elles exploitent leurs gisements." En parallèle, les marchés du "credit corporate" sont repartis à la hausse début avril, après une forte dégradation lors des six derniers mois et une sévère correction au mois de mars : "sur tous les marchés, les entreprises endettées avec des lignes de crédit ont été sanctionnées, parfois injustement", affirme Olivier de Berranger, cogérant d'Echiquier Patrimoine. Par conséquent, le marché obligataire recèle, comme le marché actions, des opportunités d'achats. "Les spreads de crédit actuel reflètent des probabilités de défaut trop élevées par rapport à la réalité, explique Olivier de Berranger. Par exemple, dans le domaine de l'"investment grade", des spreads à 140 intègrent une probabilité de défaut de 10 % à 5 ans. Or, les entreprises européennes ont présenté des bilans solides contrairement à 2000-2002. Rien ne permet d'envisager une explosion des défauts de remboursement en Europe dans le secteur Investment Grade." Le marché du High Yield recèle aussi des opportunités : "Le segment n'est pas uniquement constitué de dettes de LBO très tendus, remarque Olivier de Berranger. Un "bond picking" judicieux peut, là encore, s'avérer rémunérateur." Selon ce gérant, les niveaux de spreads peuvent être avantageux à trois ou à cinq ans pour l'achat d'obligations Renault, Unilever ou Axa, sociétés dont la solidité financière est reconnue. "C'est la première fois depuis 2001-2002 que les marchés obligataires corporate sont aussi attractifs", affirme-t-il. Pour 2008, la Financière de l'Echiquier sous-pondère les emprunts d'Etat, qu'elle ne considère pas attractifs du fait d'une inflation forte. La dette corporate et les actions sont, au contraire, privilégiées : "nous avons concentré nos portefeuilles sur les valeurs les plus intéressantes, sans pour autant investir plus de 4 % du portefeuille sur un seul titre", confie Marc Craquelin. Pour la fin de l'année 2008, la société de gestion compte poursuivre cette stratégie d'investissement : "Sur le marché du crédit, nous pensons que le pire est passé : le risque est très correctement rémunéré. Sur la partie actions, nous allons continuer d'augmenter nos taux d'investissement au détriment du cash. Nous privilégions les valeurs qui ont un fort "pricing-power" et sur celles qui ont été sanctionnées du fait de leur dette." Enfin, selon ces gérants, le dollar, de son côté, devrait rebondir, ayant atteint ses niveaux les plus bas. Anna Casal Flottes