Ilog : deux ans et demi de tractations avec IBM

29/08/2008 - 14:07 - Boursier.com

Le processus qui a abouti tout récemment au dépôt par IBM d'une offre amicale à 10 Euros par action sur Ilog est bien plus complexe que les...

Le processus qui a abouti tout récemment au dépôt par IBM d'une offre amicale à 10 Euros par action sur Ilog est bien plus complexe que les communiqués des deux groupes ne le laissaient penser, peut-on lire dans la note en réponse produite par la direction de l'entreprise française à l'offre. Dès la fin 2006, les deux sociétés avaient évoqué un éventuel rapprochement, alors que circulaient déjà quelques rumeurs d'intérêt du géant américain pour l'éditeur spécialisé dans les règles métiers. En décembre 2006, une réunion a eu lieu entre les dirigeants des deux entreprises pour évoquer l'acquisition de tout ou partie de l'éditeur. Ilog suggéra alors la mise en place d'une licence technologique, dans le cadre d'un accord baptisé "Proposition OEM". Mais dans le même temps, les dirigeants de l'entreprise française ont également discuté avec une autre société, dite "Société B" dont le nom a été tenu secret, afin d'évoquer une combinaison de leurs activités. En février 2007, c'est un constat d'échec sur la "Proposition OEM" avec IBM, aucun compromis n'étant trouvé entre les parties. La "Société B" revient alors à la charge en proposant une acquisition offrant une prime de marché "standard", soit 20 à 30% sur le cours de l'époque (autour de 10 Euros). Le Comité de Développement Stratégique d'Ilog choisit cependant de refuser la proposition, qui n'était pas dans le meilleur intérêt de la société. Il accepta cependant la signature d'un accord de licence en espérant obtenir des conditions d'acquisition plus favorables. Concomitamment, la direction d'Ilog fut sollicitée par une autre entreprise, qualifiée de "Société C" proposant une éventuelle acquisition ou une prise de participation dans Ilog. En mai 2007, celle-ci offrit de prendre une part minoritaire importante en échange de cash et de BSA. Ce même mois, le conseil d'Ilog entérina le projet d'achat d'une autre entreprise, dite "Société D", estimant que la combinaison pourrait pousser IBM ou un autre acquéreur à débourser davantage pour la nouvelle structure. Des négociations débutaient alors avec cette "Société D". Le 18 juin 2007, la direction reçut une proposition d'acquisition d'IBM à un cours offrant une prime de 30 à 40% sur le cours de l'époque (9,45 Euros à la clôture du 18 juin, soit une offre dans la fourchette 12,28 à 13,23 Euros environ). Ilog demanda un délai de réflexion courant jusqu'au 24 juillet tout en conduisant des négociations avec la "Société D", avec laquelle des "due diligence" furent entamées. Le président Pierre Haren fit alors part à IBM de sa décision d'engager une banque d'affaires pour jauger sa proposition. JP Morgan fut choisie et eut notamment pour mission de contacter trois autres acheteurs stratégiques potentiels. L'un d'eux, la "Société E" (la rumeur évoque le géant allemand SAP), signa même un accord de confidentialité, mais aucune des trois n'alla plus loin. Mais une fois encore, les discussions entre IBM et Ilog achoppèrent et les deux sociétés se séparèrent sur un constat d'échec le 21 septembre 2007 à l'initiative de l'américain. La "Société D", que le français souhaitait acquérir, mit également fin aux discussions à cette époque, sans justification apparente. Ilog se retrouvait dans l'impasse, isolé et victime des premières conséquences de la crise du crédit frappant ses clients. JP Morgan fut alors mandatée pour contacter deux autres acquéreurs potentiels, qui ne souhaitèrent pas donner suite. C'est en avril 2008 qu'IBM revient à la charge par le biais d'un administrateur d'Ilog. Le groupe américain suggéra une proposition d'offre à un cours "significativement plus élevé" que le cours de bourse d'alors et supérieur au sommet des 52 semaines précédentes (le cours était alors redescendu sous les 6 Euros). Prenant acte du durcissement du contexte économique, le Conseil et le Comité Stratégique d'Ilog reconnurent qu'un rapprochement avec IBM présentait un intérêt grandissant pour l'entreprise et ses salariés. Les négociations reprirent alors. Une société de capital investissement, la "Société F", fut également contactée pour envisager une proposition alternative, mais celle-ci ne pouvait proposer meilleure offre que celle d'IBM. La "Société B" revint alors dans la danse en évoquant un prix minimum de 13,50$ par action Ilog, ou une prime de 50%, sous condition de financement et d'un audit. Le 30 mai, IBM proposa un prix de 8,35 Euros par action. Le 6 juin, la "Société B" soumit une offre à Ilog, sur la base d'une prime de 50% sur le marché. Une date butoir fut fixée au 10 juin pour qu'IBM et la "Société B" produisent leur offre définitive. Le géant américain proposa alors 10 Euros par action en numéraire (la prime dépassait alors 50% sur le cours de bourse) sous certaines conditions (exclusivité, audit). La "Société B" indiqua que son offre précédente était définitive. Le 11 juin, le conseil d'Ilog se réunit pour se prononcer sur les deux offres. L'offre d'IBM fut choisie. Toutefois, l'accord devait être soumis à la "Société E", actionnaire d'Ilog et disposant d'une faculté de formulation d'une meilleure offre. Celle-ci déclina. L'accord d'exclusivité avec IBM devint définitif le 29 juin. A l'issue de l'audit réalisé par l'acquéreur potentiel, celui-ci transmit le 7 juillet un projet de contrat à Ilog, qui fut examiné jusqu'au 27 juillet. Le 10 juillet, la "Société B" refit pourtant parler d'elle avec une offre à 10 Euros soumise à des conditions moins strictes. Le 27 juillet dernier, le conseil d'Ilog se prononça à l'unanimité en faveur du projet d'IBM, dont la teneur fut révélée le 28 juillet et aboutit au dépôt d'un projet d'offre...



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