NATIXIS : augmentation de capital avec une très forte décote

04/09/2008 - 08:26 - Option Finance

(AOF) - Natixis a annoncé le lancement d'une augmentation de capital avec droit préférentiel de souscription pour un montant d'environ 3,7 milliards d'euros. La souscription des actions nouvelles sera réalisée au prix unitaire de 2,25 euros par action sur la base de treize nouvelles actions pour dix actions existantes. La banque souhaite ainsi "renforcer sa structure financière en portant ses ratios prudentiels au niveau de ceux des banques européennes les mieux capitalisées". Les analystes interrogés par Reuters s'attendaient en moyenne à un prix de souscription de 4,21 euros. Au 30 juin 2008, le ratio Tier 1 consolidé de Natixis ressort à 8,5% et son ratio Core Tier 1 consolidé à 5,8%. Ces ratios Tier 1 et Core Tier 1 consolidés ressortent pro forma de l'Offre, à respectivement à 9,3% et 7,8%. La Banque Fédérale des Banques Populaires et la Caisse Nationale des Caisses d'Epargne, détenant ensemble 69,8% du capital de Natixis, se sont engagées à souscrire à titre irréductible à l'augmentation de capital à hauteur de la totalité de leurs droits préférentiels de souscription. Le solde de l'augmentation de capital est garanti par un syndicat bancaire dirigé par Natixis en qualité de coordinateur global, Lazard Frères Banque (agissant, avec Natixis directement ou indirectement, conjointement et sans solidarité, sous la dénomination de "Lazard-Natixis"), Credit Suisse et Merrill Lynch International en qualité de Chefs de File et Teneurs de Livre Associés. En outre, les deux actionnaires majoritaires se sont engagés à souscrire les actions qui ne seraient pas souscrites à titre irréductible ou réductible par d'autres investisseurs, de telle sorte que l'augmentation de capital soit en toute hypothèse souscrite à 100%. Chaque actionnaire de Natixis recevra un droit préférentiel de souscription par action détenue enregistrée sur son compte à l'issue de la séance du 4 septembre 2008. La période de souscription des actions nouvelles commencera le 5 septembre 2008 et se terminera le 18 septembre 2008 inclus. Durant cette période, les DPS seront cotés et négociables sur le marché Eurolist by Euronext d'Euronext Paris. Les souscriptions à titre réductible seront autorisées. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

LEXIQUE

DPS (Droit Préférentiel de : Droit négociable attaché aux actions anciennes qui permet à leur titulaire de souscrire des actions nouvelles au prorata des actions qu'il détient déjà, lors d'une augmentation de capital. La justification de ce droit provient de l'effet dilutif. Par ce droit, on donne la possibilité aux anciens actionnaires de conserver le même pourcentage de contrôle. Cela permet également d'ajuster le prix d'émission et la valeur marchande des titres, puisque les actionnaires ont également le droit de vendre ce droit pendant toute la durée de l'opération. Le cours des droits de souscription est publié chaque jour de Bourse, dans la cote officielle, à la rubrique "cote des droits".

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Natixis est né en novembre 2006 de la fusion des activités de banque de gros des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne. Initialement les participations respectives des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne dans le nouvel ensemble étaient de 45,5%. Mais la mise sur le marché de 233,65 millions de titres, au prix de 19,55 euros, a permis de les abaisser à 34%. Le nouveau groupe s'affiche comme la première banque française en matière de gestion d'actifs avec plus de 500 milliards d'euros sous gestion dans le monde. Natixis s'organise autour de 6 pôles d'activités: la banque de détail, la banque de financement et de marché, la banque d'investissement privé, l'assurance-crédit et les crédits à la consommations et autres prestations.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

-Un quart de ses revenus proviennent des sommes reversées par les réseaux des Banques Populaire et des Caisses d'Epargne, par nature peu cycliques. -Natixis devrait profiter des synergies de fusion attendues à 522 millions d'euros. -Le nouvel ensemble bénéficie d'un important potentiel de croissance compte tenu du soutien de ses réseaux.

Les points faibles de la valeur

- De tous les grands établissements français cotés à Paris, Natixis est le plus lié aux revenus cycliques, de banques d'affaires (40% des recettes) et de marché (10%). - Le système de gouvernance de la banque, partagé entre ses deux actionnaires principaux, Banque Populaire et l'Ecureuil, peine à convaincre de son efficacité, malgré leur réaction rapide lors du rachat de CIFG, une filiale de Natixis touchée par la crise du subprime, pour 1,5 milliard de dollars, qui a permis d'éviter une recapitalisation à la jeune banque. - La faible visibilité de l'activité de banque d'investissement de Natixis, son plus gros contributeur en termes de revenus, ne joue pas en sa faveur.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Le groupe est très sensible à l'évolution des marchés financiers (pour sa division banque d'investissement), mais également à celle de la conjoncture économique (pour son activité de banque de financement). - Par ailleurs, en tant que valeur financière, le titre est sensible à l'évolution des taux d'intérêts. - En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Finance - Banques

L'année 2008 sera marquée par une politique de rigueur des banques françaises. Le Crédit Agricole a prévu un plan de recentrage pour Calyon et va céder jusqu'à 5 milliards d'euros d'actifs d'ici dix-huit mois. Quant à Natixis, qui a vu ses profits chuter de 88% au premier trimestre, à 69 millions d'euros, elle a adopté un plan d'économies de 400 millions d'ici à 2009 (représentant une baisse de 10% des coûts fixes). Comme au Crédit Agricole, certaines activités de marché trop risquées seront réduites, voire arrêtées. D'après une étude du BCG (Boston Consulting Group), la crise actuelle justifie le modèle de banque universelle, diversifiée tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Grâce à ce modèle, les banques françaises ont pu compenser les effets de la crise, qui a durement touché les activités de banque de financement et d'investissement. A contrario, la banque à l'anglo-saxonne, qui suppose des établissements spécialisés dans les activités de banque d'investissement ou de crédit aux particuliers, pourrait être remise en cause.