Christine Lagarde qui a accompagné le chef de l'État lors de son déplacement aux Chantiers Navals de l'Atlantique à Saint-Nazaire était également ce dimanche, l'invitée du Grand jury RTL-Le Figaro-LCI.
Face à la presse, Mme Lagarde est revenue sur la motivation qui a poussé le Gouvernement à prendre prochainement 9% Chantiers Navals de l'Atlantique. La Ministre de l'Economie a expliqué qu'il s'agissait, à travers cette décision, de maintenir en France un certain savoir-faire industriel.
Evoquant à mots couverts la crainte d'une délocalisation en Corée du Sud ou ailleurs des activités nazairiennes de constructions navales, Christine Lagarde a expliqué par une périphrase qu'il s'agissait, avec cette prise de participation, de "faire respecter certaines orientations stratégiques" en terme de conduite de l'entreprise... Les déclarations de Christine Lagarde s'inscrivent en droite ligne avec la position défendue au Creusot par le président Sarkozy, dans son discours d'orientation de la politique économique de la France : "Ce qui nous intéresse, ce sont les Chantiers de l'Atlantique, parce qu'on veut conserver une activité de chantiers navals en France, un vrai savoir-faire qui est actuellement le savoir-faire des Chantiers Navals de l'Atlantique. Ce rachat de 9% des Chantiers Navals de l'Atlantique, combiné avec les 25% d'Alstom, nous fournira une minorité de blocage... C'est extrêmement important, puisque c'est une minorité de blocage qui nous permettra d'exercer un droit de regard, et évidemment si nécessaire, d'exercer un droit de veto sur les changements stratégiques".
Insistant sur l'excellence de la facture française sur le plan de la construction navale civile et militaire, Christine Lagarde a indiqué que le Coréen STX s'était engagé par lettre "à ne pas délocaliser le savoir-faire pendant une période de 10 ans".
Le risque de délocalisation était patent, puisque rappelons-le, la Corée du Sud est le principal constructeur mondial de navires. Pour 2007, son carnet de commandes est en croissance de 60%. Il atteint 134 millions de tonneaux, contre 85 millions de tonneaux en 2006. STX dispose d'une véritable force de frappe. En 2007, le groupe a acheté Aker Yards (le 1er constructeur européen qui est actionnaire des Chantiers de l'Atlantique) et s'est implanté en Chine sur l'île de Chang-Xing, près de Dallan. Il doit y construire, grâce à trois lignes de terre-plein, des navires de plus de 100.000 TPL.
Le prix de la prise de participation de l'Etat français dans les Chantiers Navals de l'Atlantique est toujours en négociations... "Le mode de détermination du prix est fixé 'à dire d'experts'. Nous déterminerons chacun nos experts. Le prix sera déterminé sur la base de la valorisation des Chantiers Navals de l'Atlantique" a déclaré Christine Lagarde.
Si l'on en croit cette dernière, peu importe le prix... et l'état des finances publiques ! L'arme lourde du patriotisme économique est de sortie ! En de telles circonstances, l'essentiel n'est-il pas, comme le dit Mme Lagarde, que "la politique industrielle s'exerce" ? L'essentiel n'est-il pas "de garder sur le territoire français des savoir-faire, des compétences qui se situent dans des secteurs déterminants" ?
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