EDF : le nucléaire français traverse la Manche

24/09/2008 - 10:54 - Boursier.com

Après plusieurs mois d'indécision, EDF est parvenue à se tailler une place de choix dans le paysage nucléaire britannique...

Après plusieurs mois d'indécision, EDF est parvenue à se tailler une place de choix dans le paysage nucléaire britannique. Le groupe français a réussi à se mettre d'accord avec British Energy pour le rachat de l'exploitant nucléaire britannique, moyennant un prix de 12,5 Milliards de Livres, soit environ 15,8 Milliards d'Euros. L'offre, désormais dite "amicale" puisqu'elle est recommandée par les dirigeants de British Energy, a été relevée à 774 pence par action par rapport à la proposition initiale d'EDF, repoussée en juin dernier. Si tout se passe bien, l'acquisition devrait être réalisée au cours du dernier trimestre 2008 ou début 2009. EDF, qui procèdera à la transaction via une structure baptisée "Lake Acquisitions", a déjà obtenu des accords lui garantissant 45,16% du capital social élargi de British Energy. Par ailleurs, EDF et Centrica, l'autre principale entreprise énergétique du pays, sont en discussions concernant une option au profit de Centrica pour acquérir 25% du capital de Lake Acquisitions. Centrica aurait également le droit de participer aux activités du Nouveau Programme Nucléaire d'EDF au Royaume-Uni selon une répartition de 75% / 25% (EDF/Centrica). Ce projet n'est cependant pas une condition de réalisation de l'offre sur British Energy. Selon les analystes, le prix payé est relativement élevé, mais se justifie d'un point de vue stratégique par la rareté des opportunités dans le secteur. "Cela reste une opération stratégique qui ouvrira le champ au rôle d'architecte ensemblier phare au niveau mondial pour EDF, avec une expérience en réacteurs de génération 3 qui ne serait pas rattrapable par les acteurs concurrents", commente Patrice Lambert de Diesbach, analyste du CM CIC Securities, en première approche ce matin. Pour l'un de ses confrères, l'opération est également stratégique, au-delà du prix payé et des incertitudes existant sur la qualité des actifs acquis et des prix qui pourront être pratiqués. Deux des grands actionnaires de British Energy étaient présumés jusque-là militer pour un prix proche de 800 pence par action, mais le contexte économique semble avoir donnée à EDF quelques arguments pour faire baisser leurs prétentions. Le rôle pivot semble cependant avoir été endossé par Londres, qui a appuyé EDF jusqu'au bout, un fait plutôt rare dans l'histoire économique franco-britannique. Il faut dire que le gouvernement de Sa Majesté, premier actionnaire de British Energy, avait besoin d'une importante expertise nucléaire en un temps relativement restreint, pour assurer l'indépendance énergétique de l'île à moyen terme. Le parc nucléaire du pays est en effet de piètre qualité, avec des centrales vétustes et des arrêts définitifs programmés sur les prochaines années pour la majeure partie des réacteurs. Face à la montée du prix des matières premières, Londres avait fait le choix de relancer son programme nucléaire en début d'année. Il lui fallait pour cela un partenaire solide à même de combler le déficit de production qui va poindre d'ici 2020. Le Premier Ministre Gordon Brown a salué sur Sky News la signature de l'accord en y voyant "une étape déterminante dans la construction d'un parc nucléaire de nouvelle génération" et une bonne opération pour les contribuables outre-Manche. Selon son Ministre des Entreprises John Hutton, EDF a prévu de construire quatre nouveaux réacteurs en Grande-Bretagne, dont le premier entrerait en service en 2017. Le groupe français devrait également rétrocéder à d'autres acteurs certains terrains détenus par British Energy pour que d'autres centrales nucléaires puissent y être implantées. L'une des richesses de l'entreprise rachetée réside en effet dans les terrains qu'elle détient aux abords des centrales actuelles et sur d'autres sites, qui faciliteraient la construction de nouvelles unités.



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