Le patron de Veolia Environnement n'en croit pas ses yeux, après la chute de plus de 21% de l'action du groupe, lundi en bourse. Depuis le 1er janvier, le titre a abandonné plus de 70% : "J'ai du mal à considérer (notre avertissements de lundi sur le cash flow) comme une catastrophe justifiant le massacre de la valeur", s'indigne Henri Proglio dans un entretien publié ce matin par 'Les Echos'. Le dirigeant tiendra aujourd'hui une réunion d'investisseurs pour confirmer la stratégie du groupe, et convaincre le marché de la solidité de son modèle de développement. "Il est clair que nous avons perdu notre statut de valeur refuge et de valeur de rendement. Il faut aujourd'hui effectuer un travail d'explication... Nous ne valons pas 18 euros !".
Pour Henri Proglio, "en toute rationalité, même dans la situation économique actuelle, des métiers de concessions comme les nôtres sont valorisés en moyenne 15 à 20 fois leur trésorerie libre. Sur la seule base de la valeur de nos actifs existants, l'action Veolia devrait valoir entre 40 et 55 euros. A cela s'ajoute notre potentiel de croissance. Sauf à penser que nous avons un potentiel de croissance nul, ce à quoi je me refuse".
Après deux avertissement sur les résultats 2008, le dirigeant concède que "avoir eu un problème de communication qui a provoqué une déception dans le marché". Mais il met aussi en cause la spéculation, sous forme de ventes à découvert et de ventes forcées de fonds spéculatifs en mal de liquidités... Il souligne qu'aucun grand actionnaire n'a quitté le navire et rappelle que la famille Dassault a récemment pris une participation dans le groupe en l'estimant sous-évalué.
Henri Proglio juge la crise économique actuelle grave, et affirme qu'"en trente ans, il n'a jamais vu une telle accumulation d'événements extérieurs défavorables". Cela ne justifie toutefois pas, selon lui, de sacrifier les choix stratégiques de Veolia, qui possède "un potentiel de développement gigantesque dans un contexte de prise de conscience mondiale des enjeux environnementaux".
La dette nette du groupe, qui atteint de 16 MdsE (faisant ressortir un ratio dette nette/fonds propres de 150%), est "totalement restructurée". Les deux tiers de cette dette sont à taux fixes et le groupe n'a pas d'échéance de remboursement significative avant 2012". Henri Proglio affirme ainsi qu' "il n'y aura ni augmentation de la dette ni augmentation de capital". Il précise que Veolia dispose de 2 MdsE de trésorerie, auxquels s'ajoutent des lignes de crédit bancaire de près de 5 MdSE, sur lesquelles le groupe a "tiré 1 MdE par précaution la semaine dernière".
Enfin, Henri Proglio doute que Veolia soit le seul groupe du secteur à souffrir d'une dégradation de la conjoncture mondiale... "J'ai peine à croire que les aléas climatiques, la baisse du dollar ou les reports tarifaires en Chine et au Maroc ne touchent que Veolia Environnement...". Avis aux actionnaires de Suez Environnement, dont le titre a relativement bien résisté depuis son introduction en Bourse en août dernier (en baisse d'environ 16% tout de même...).
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