Le pétrole, baromètre de la crise économique

22/10/2008 - 17:05 - Option Finance

(AOF) - En s'affranchissant de la barre des 70 dollars, le baril de brut léger américain a amplifié les doutes du marché sur l'évolution du secteur des services pétroliers. Vallourec a chuté de près de 10%, CGG Veritas également. Alors que le seuil de rentabilité des investissements des compagnies pétrolières européennes avoisinait les 25 dollars il y a encore trois ans, il dépasse aujourd'hui les 70 dollars. L'ampleur des derniers investissements consentis par Total dans l'offshore profond en Angola et au Nigéria nécessite un prix du baril plus élevé, sans doute bien supérieur à 100 dollars. Ainsi, la baisse du prix du pétrole, que BP, Total et consorts appelaient pourtant de leurs voeux quelques mois plus tôt - ils redoutaient notamment une chute de la demande en produits raffinés et une explosion des coûts de production - risque de les conduire à revoir à la baisse leurs investissements. La contraction des dépenses des majors pourrait être accélérée par la frilosité des banques. Mises en péril par la crise financière, les principales banques spécialisées dans le financement du secteur pétrolier, dont BNP Paribas, vont inéluctablement se montrer plus regardante dans l'octroi d'un crédit de plusieurs dizaines de millions de dollars. L'économie mondiale pourrait dès lors se retrouver dans une situation comparable à celle du début des années 2000, lorsque la crise asiatique de 1997 avait fait chuter le prix du pétrole, les investissements des majors et, in fine, l'offre d'or noir. En suspendant leurs projets les plus ambitieux sans anticiper l'explosion de la demande chinoise, elles avaient provoqué un déséquilibre offre/demande propice à la flambée récente du marché pétrolier. Ces dernières semaines, le spectre de la récession occidentale a fait chuter l'or noir. En trois mois, le pétrole a perdu plus de la moitié de sa valeur après son pic historique de plus de 147 dollars atteint en juillet 2008. L'Opep réuni vendredi à Vienne devrait donc décider d'abaisser ses quotas de production de façon à endiguer la chute des cours. Cela suffira-t-il ? Dans le cas présent, l'incapacité du cartel à orienter les prix démontrerait moins sa perte d'influence que l'extrême gravité de la crise économique en cours. (P-J.L)