Barack Obama, homme providentiel pour les marchés ?

04/11/2008 - 16:59 - Option Finance

(AOF) - Rarement un homme politique américain aura autant fait l'unanimité. Alors que "les marchés préfèrent généralement les républicains", comme l'a rappelé un stratège d'une grande banque américaine, la majorité de la communauté financière n'a pas hésité à afficher sa préférence pour le candidat démocrate. "Le seul qui puisse sauver Wall Street, c'est Obama, car il connaît l'importance des marchés financiers et il a compris la nécessité d'intervenir, alors que l'approche non interventionniste de McCain reste largement dogmatique", a expliqué Roman Frydman, professeur d'économie à la New York University dans les colonnes des Echos. En plaçant l'économie au centre de sa campagne bien avant que la crise du crédit ne dégénère aux Etats-Unis, Barack Obama a en effet creusé l'écart avec son rival au fur et à mesure que la situation s'est aggravée, avec la faillite de Lehman Brothers comme point d'orgue. Même si les deux candidats affichent au départ des idéologies classiques -libéralisme conservateur pour Mac Cain contre libéralisme social pour Obama- les subprimes et leurs conséquences sociales dramatiques ont propulsé le démocrate comme celui qui serait le plus à même de sortir le pays du marasme. L'élection du cinquième sénateur Noir de l'histoire du Sénat "constituerait en soi probablement la meilleure nouvelle de 2008", a notamment estimé Jean-Pierre Petit, analyste chez Exane BNP Paribas, dans une note consacrée à l'élection américaine. Dans un contexte de crise, l'économiste souligne que l'orientation de Barack Obama vers une plus forte redistribution apparaît "particulièrement justifiée". En effet, cette politique "conditionne l'acceptabilité par les classes moyennes et modestes des plans d'aide publique au secteur financier" tout en atténuant pour les plus démunis les effets de la conjoncture, "qui risque de demeurer très difficile au cours des prochains trimestres". Enfin, le sénateur de l'Illinois serait plus à même d'éviter que "le creusement des inégalités et le manque de couverture sociale conduisent au populisme et au protectionnisme", selon Jean-Pierre Petit. De son côté, JP Morgan prévoit que contrairement à d'habitude les marchés actions devraient être influencés par l'issue de l'élection dans les prochaines semaines en raison des multiples enjeux macroéconomiques. Le broker affirme qu'une victoire républicaine n'aurait un impact positif qu'à court terme, en raison de l'effet de surprise. Mais les analystes n'attendent pas pour autant de miracle de ce scrutin. "N'accordons pas non plus à cette élection plus d'importance qu'elle n'en mérite. (…) L'Amérique est en récession et le redressement sera long et laborieux ", rappelle Exane. M-L.H.