Economie : les sombres perspectives de l'OCDE

25/11/2008 - 14:03 - Boursier.com

"De nombreux pays de l'OCDE subissent ou vont connaître une récession prolongée d'une ampleur qui est sans précédent depuis le début des années 80...

"De nombreux pays de l'OCDE subissent ou vont connaître une récession prolongée d'une ampleur qui est sans précédent depuis le début des années 80. En conséquence, le nombre de chômeurs dans la zone de l'OCDE pourrait augmenter de 8 millions ces deux prochaines années. Dans le même temps, l'inflation refluera dans tous les pays de l'OCDE, certains étant même exposés à un risque -- certes faible -- de déflation". Le décor est planté. Ces quelques mots servent d'introduction au document de mise à jour des perspectives de l'OCDE dévoilé à la mi-journée, sous la plume de l'économiste en chef de l'organisation, Klaus Schmidt-Hebbel. "Ce numéro des Perspectives économiques contient des prévisions nettement plus pessimistes que celles qu'on pouvait faire il y a seulement quelques mois ; en effet, un grand nombre des risques d'évolution négative qu'on avait pu recenser précédemment se sont concrétisés", explique ainsi le spécialiste en préambule à ce document de 287 pages qui détaille et décrypte les dernières évolutions de la crise, et leur impact sur les 30 pays membres de l'organisation. A période exceptionnelle approche exceptionnelle : Klaus Schmidt-Hebbel n'hésite pas à souligner "l'extrême incertitude" qui entoure les prévisions de l'OCDE, en particulier à cause du flou qui règne sur la vitesse de résorption de la crise que connaissent les marchés de capitaux. Le postulat de base de l'organisation basée à Paris est que les "énormes tensions financières" qui existent depuis mi-septembre (faillite de Bear Stearns) seront brèves, mais que les dérèglements financiers qui en découlent dureront jusqu'à la fin 2009, avant un retour progressif à la normale. En outre, l'OCDE table sur un maintien des niveaux de change et de pétrole proches de ce qu'ils sont aujourd'hui. En ce qui concerne plus précisément la Zone Euro, l'activité devrait se contracter dans les 6 prochains mois avant un redressement progressif à mesure que l'assouplissement monétaire porte ses fruits. "L'inflation diminuera fortement pour revenir au début de l'année prochaine à un niveau conforme à l'objectif d'inflation de la BCE", selon l'économiste, soit autour de 2%. Certains pays seront plus sévèrement châtiés que les autres. L'OCDE cite l'Espagne, la Hongrie, l'Irlande, l'Islande, le Luxembourg, le Royaume-Uni et la Turquie, car "ces économies sont très directement touchées par la crise financière, qui a dans certains cas révélé d'autres faiblesses, ou par une forte baisse dans l'immobilier". L'OCDE précise cependant que la crise financière n'est pas le seul facteur d'incertitude pour l'économie globale. Ainsi "l'ajustement en cours dans le secteur du logement" préoccupe Klaus Schmidt-Hebbel, car certains pays européens n'en ont pas fini avec la situation du marché immobilier, selon ce qui a pu être constaté sur les cycles précédents. Globalement donc, "les prévisions sont entourées de risques, à la fois à la hausse et à la baisse, mais ce sont les risques à la baisse qui prévalent pour 2009", selon l'économiste, qui pense que dans un tel contexte, les mesures de relance budgétaire ont un rôle important à jouer. Mais attention cependant, prévient-il, de ne pas laisser traîner trop longtemps ces plans de soutien, pour éviter le retour de l'inflation. L'OCDE préconise en outre une grande capacité d'adaptation des Etats dans leurs efforts de stabilisation du marché de capitaux, en les modifiant selon les résultats, en les renforçant au besoin et en agissant de façon concertée puisque la crise est mondiale. Au-delà, l'organisation juge "manifestement nécessaire" de réformer la supervision et la régulation des marchés de capitaux, et a bien pris note des propositions formulées par le G20 récemment. "Les réformes à mettre en oeuvre sont très vastes et il faudra du temps pour régler les multiples problèmes complexes qu'elles posent. Il sera donc essentiel de ne pas perdre de vue l'objectif de renforcement de l'architecture financière mondiale. Alors même que des interventions massives de l'État se sont révélées nécessaires pour soutenir les marchés de capitaux en raison de leur importance systémique, il serait extrêmement coûteux de faire machine arrière en revenant sur l'ouverture des marchés et la concurrence qui doit y régner. C'est pourquoi il faut résister aux pressions qui peuvent s'exercer en ce sens", conclut Klaus Schmidt-Hebbel, non sans rappeler qu'un aboutissement "heureux" du cycle de Doha "à bref délai" serait bénéfique pour la croissance, la confiance, et démontrerait l'attachement des acteurs à des marchés concurrentiels et ouverts. En données chiffrées, cela se traduit par une contraction du PIB des pays membres de l'OCDE de -0,4% en 2009, après +1,4% cette année et +2,7% pour la moyenne annuelle de la période 1996 / 2005. En 2009, les économies des Etats-Unis (-0,9%), de la Zone Euro (-0,6%) et du Japon (-0,1%) sont attendues en contraction. Le taux de chômage moyen dans l'OCDE croîtrait de 5,6% en 2007 à 5,9% cette année puis 6,9% en 2009, pour culminer à 7,2% en 2010. En ce qui concerne la France, l'OCDE table sur un PIB en hausse de 0,9% cette année, puis sur une contraction de -0,4% en 2009. La reprise s'amorcerait en 2010 avec une progression de 1,5%. "Le taux de croissance devrait tomber en deçà de 1% sur l'ensemble de l'année 2008, sur fond de dégradation marquée de la situation économique mondiale en fin d'année, due essentiellement à la crise financière. Les effets de ces turbulences se feront sentir pendant une grande partie de 2009, pour laquelle on table sur une croissance négative jusqu'au milieu de l'année, suivie d'une reprise progressive de l'activité à un rythme qui devrait s'établir au-dessus du taux de croissance potentiel à compter de la mi-2010", explique l'OCDE, qui craint que la situation budgétaire française ne limite la capacité de soutien de la puissance publique, voire la rend peu souhaitable. L'organisation estime en effet que le déficit budgétaire français devrait atteindre 2,9% du PIB cette année et s'accroître jusqu'à 3,9% en 2010. La dette publique devrait représenter plus de 70% du PIB d'ici 2010. Sur le front de l'emploi, le taux de chômage devrait passer de 7,3% cette année à 8,2% l'année prochaine et à 8,7% en 2010. En conclusion, l'OCDE prévient qu'il existe un risque baissier en France, si la dégradation du marché immobilier se poursuit, car elle pèserait sur la reprise.



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