ALCATEL-LUCENT : implication négative pour la note de long terme (S&P)

15/12/2008 - 10:50 - Option Finance

(AOF) - Standard & Poor's a annoncé avoir placé sous surveillance avec implication "négative" la note de long terme "BB-" d'Alcatel-Lucent. La note à court terme "B" a été confirmée. "Cette décision fait suite aux récentes annonces du groupe concernant sa stratégie et ses perspectives, en particulier la prévision d'une baisse de revenus de 8 % à 12 % en 2009", a expliqué l'agence de notation. L'analyste de S&P estime qu'il est probable qu'Alcatel affiche des cash-flows libres négatifs en 2009, en raison la baisse de ses bénéfices conjuguée à des coûts de restructuration élevés. L'agence de notation a également mis en avant la détérioration rapide de l'environnement opérationnel du groupe. Standard & Poor's fera connaître sa décision sur la note du groupe au premier trimestre de 2009, après une revue complète de la politique stratégique et financière d'Alcatel-Lucent. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

LEXIQUE

Standard & Poor's : Standard & Poor's est sans doute la plus connue des agences de notation financière (ou "credit rating"). Une agence de notation attribue, selon des critères et une classification qui lui sont propres, une note traduisant son opinion sur la capacité d'un émetteur à remplir ses obligations financières, (donc à ne pas se trouver en situation de défaut de paiement) et à rembourser ses dettes en temps et en heure. En tant que mesure du niveau du risque de crédit, la note influe sur le niveau du taux d'intérêt proposé à l'entreprise notée. En d'autres termes, plus la note d'un émetteur est mauvaise, plus il lui coûtera cher d'emprunter car il lui sera difficile d'intéresser les investisseurs. L'échelle des notes de Standard & Poor's se décline comme suit : - La catégorie investissement regroupe les notes AAA, AA+, AA, AA-, A+, A, A-, BBB+, BBB, BBB- (notes à long terme, durée initiale de la dette émise supérieure à un an) et A-1+, A-1, A-2, A-3 (notes à court terme, durée initiale de la dette émise inférieure à un an). Cette catégorie est censée refléter une qualité de crédit solide. Si AAA est la note la plus forte, même un A offre une espérance de parcours sans incident, avec une forte probabilité pour que la dette soit remboursée à temps même si l'environnement économique ou la société elle-même rencontrent quelques turbulences. Au niveau BBB, la capacité de la société à payer ses intérêts et capital est encore suffisante bien qu' à ce niveau là de note des conditions économiques défavorables ou une modification des circonstances sont davantage susceptibles d'affecter l'aptitude au service normal de la dette. - La catégorie spéculative regroupe les notes BB+, BB, BB-, B+, B, B-, CCC+, CCC, CCC- (à long terme) et B, C (à court terme). Cette catégorie suppose des risques sérieux d'incidents de paiement, qui deviennent extrêmement sérieux pour les CCC (on parle alors de " junk bond ", ou obligation pourrie). En cas de défaut imminent ou avéré sont appliquées les notes CC et D à long terme, D à court terme. Les notes long terme de Standard & Poor's sont assorties, d'une perspective " stable ", " positive " ou " négative ". Cette indication a pour but d'indiquer le sens vers lequel les notes sont susceptibles d'évoluer à moyen terme, sans qu'il s'agisse en l'occurrence d'une certitude. Agence de notation : Une agence de notation est une agence spécialisée qui attribue des notes, sous la forme de symboles, pour qualifier le risque de crédit attaché à une entreprise et à sa dette (négociée sous forme d'obligation). Standard & Poor's, Moody's et Fitch Ratings sont les principales agences de notation de crédit.

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Alcatel-Lucent est devenu le leader mondial dans le secteur des équipements de réseaux d'opérateurs. Le groupe propose des solutions qui permettent aux fournisseurs de services, aux entreprises et aux administrations du monde entier de fournir aux utilisateurs finaux, des services de communications voix, données et vidéo. Plus de 70% du chiffre d'affaires provient des réseaux d'opérateurs, dont 47% dans les technologies d'accès mobile, 41% dans les réseaux fixes et 12% dans les solutions de convergence. Le groupe est présent de façon homogène en Europe (33%), en Amérique du Nord (32%) ainsi qu'en Asie (17%) et dans le reste du monde (18%). En septembre 2008, Philippe Camus a été nommé au poste de président non exécutif et Ben Verwaayen à celui de directeur général. Ils remplacent respectivement Serge Tchuruk et Patricia Russo.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Dans une industrie très concurrentielle, Alcatel Lucent apparaît comme un acteur global disposant d'un portefeuille complet de produits et de services destinés aux opérateurs mais aussi aux autres types d'entreprises. La force du groupe est de détenir un portefeuille de technologies et de services permettant de proposer aux opérateurs des solutions de bout en bout. - La diversité des activités permet une meilleure répartition des risques. - Sur le "triple play" (voix, données et TV), à fort potentiel de croissance, l'offre d'Alcatel apparaît comme l'une des meilleures du marché. - L'équipementier de télécoms cherche toujours à réduire ses dépenses, en recourant de plus en plus aux marchés émergents dans les domaines de la production, la R&D, les fournisseurs et les sous-traitants.

Les points faibles de la valeur

- La visibilité sur l'activité d'Alcatel est faible, le groupe a déçu les investisseurs à répétition. - Alcatel souffre de son exposition à la technologie de téléphonie mobile CDMA, équivalent américain du GSM, en perte de vitesse. - La baisse du dollar pénalise le chiffre d'affaires du groupe.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Il est indispensable de surveiller attentivement l'évolution du marché des télécommunications, en particulier la santé des opérateurs, pour apprécier l'évolution de la demande en équipements. - Confrontés à la concurrence des opérateurs alternatifs, des fournisseurs d'accès à Internet ou des câblo-opérateurs, les opérateurs perdent des abonnés, tandis que les revenus issus de la voix sont inexorablement amenés à s'effriter. Pour remédier à cela, les opérateurs n'ont d'autre choix que de se lancer dans le "triple play", c'est-à-dire de proposer des offres couplées d'accès au téléphone, à l'Internet haut débit et à la télévision. - Les pays émergents représentent 45% du chiffre d'affaires d'Alcatel, et même 75% de ses revenus dans les réseaux mobiles. Ils pèsent déjà 45% des investissements des opérateurs dans le monde, part qui passera à 55% en 2008.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Equipementiers télécoms

Gartner considère que le recul du prix de vente moyen des mobiles va se généraliser sur le plan mondial pour 2008. C'est pourquoi, si les volumes devraient croître de 11% cette année, la progression en valeur du marché devrait se limiter à 9%. Dans cet environnement extrêmement concurrentiel, le développement de l'offre dans les services est la stratégie adoptée par certains pour dynamiser leur activité. Ainsi, face au ralentissement des ventes de modèles milieu ou haut de gamme, son domaine de prédilection, Sony Ericsson mène une offensive dans la musique, tel son concurrent Nokia (avec le portail Ovi). Le groupe devrait signer un accord avec la première major, Universal Music, pour avoir accès à son catalogue. Un peu auparavant, le fabricant avait annoncé la commercialisation d'une nouvelle plate-forme (PlayNow Arena) proposant de la musique, des jeux, et de la vidéo accessibles depuis ses mobiles.