Politique monétaire US : après les taux zéro, la Fed va tester "l'assouplissement quantitatif" !

17/12/2008 - 06:59 - Boursier.com

Et maintenant, que faire ? Avec des taux d'intérêt ramenés proches de zéro, la Réserve fédérale américaine n'est pas pour autant à court de moyens...

Et maintenant, que faire ? Avec des taux d'intérêt ramenés proches de zéro, la Réserve fédérale américaine n'est pas pour autant à court de moyens... Pour tirer l'économie du marasme de la récession, la Banque centrale a signalé hier son intention de recourir à des méthodes moins conventionnelles (voire expérimentales selon certains économistes)... Dans son communiqué, la Fed a indiqué qu'après avoir ramené son principal taux directeur dans une fourchette de 0% à 0,25%, elle "emploiera tous les outils disponibles pour promouvoir le redémarrage d'une croissance économique durable et pour préserver la stabilité des prix". Placées sous le terme générique d'"assouplissement quantitatif" ("quantitative easing"), ces mesures s'inspirent de celles appliquées par le Japon dans les années 1990, et consistent à intervenir directement sur l'économie, le levier des taux ayant désormais atteint ses limites. Concrètement, la Réserve fédérale va acquérir dans les prochains mois de nombreux actifs, notamment des créances immobilières titrisées, para-publiques mais aussi privées. Elle envisage ainsi de prêter jusqu'à 600 Mds$ en échange de créances détenues par Fannie Mae et Freddie Mac, les deux géants du refinancement hypothécaires, nationalisés de fait en octobre. Elle pourrait aussi prêter des liquidités en échange de créances immobilières commerciales. La Fed dispose par ailleurs d'une enveloppe de 200 Mds$ à allouer en échange de créances adossées à des emprunts automobiles, des emprunts étudiants, des factures de cartes de crédit et des prêts aux PME. Le rachat de ce type de créances devrait contribuer à réduire les écarts ("spreads") entre leurs rendements et ceux des emprunts d'Etat, permettant aux banques de proposer des crédits à des taux plus bas. Autre piste d'intervention, l'acquisition d'emprunts d'Etat américains. La Fed pourrait se lancer dans un programme de rachat de T-Bonds à long terme, afin de favoriser la baisse des taux longs (les taux directeurs de la Fed agissant principalement sur les taux courts). Une telle mesure n'est toutefois pas sans danger, car elle favorise la création d'une bulle spéculative sur les emprunts d'Etat, avec le risque d'un krach à suivre, lorsque Washington émettra massivement des T-Bonds pour refinancer ses plans de relance (700 Mds$ pour les banques et entre 600 Mds$ et 1.000 Mds$ pour l'économie). Enfin, la Banque centrale américaine va aussi poursuivre son programme actif de refinancement des banques et le rachat de papier commercial (dettes à court terme des entreprises) qu'elle a déjà engagé pour dégeler le marché du crédit. En théorie, la politique des taux zéro, associée à une série d'actions quantitatives, devrait permettre à moyen terme de relancer la machine du crédit aux Etats-Unis. Pour que cela fonctionne, encore faut-il qu'une confiance durable revienne dans l'esprit des ménages, des banques et des entreprises. Tous ces acteurs économiques ont actuellement tendance à épargner et à conserver le plus de cash possible, en prévision d'une crise économique majeure... Il existe aussi un danger que cette politique très accomodante ne débouche à terme sur une hyper-inflation, ou sur une nouvelle bulle spéculative : la Fed devra alors relever le défi d'éponger très rapidement les masses de liquidités injectées au moindre signe de reprise économique. En attendant, hier soir, les marchés boursiers ont accueilli avec euphorie les annonces de la Fed, l'indice Dow Jones bondissant de 4,2% et le Nasdaq de 5,4%. Les opérateurs prennent le pari que l'approche pro-active de Ben Bernanke, le président de la Fed, combinée avec le vaste plan de relance en préparation par le nouveau président Barack Obama, finira pas relancer la machine économique outre-Atlantique.



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