Bear Stearns, Lehman, Madoff : 2008, l'année dramatique

19/12/2008 - 19:14 - Option Finance

(AOF) - Les Bourses mondiales ont vécu l'une de leurs pires années depuis l'après-guerre, victimes d'une crise financière et économique inédite par son ampleur et sa rapidité de diffusion. En un an, les principales places boursières ont abandonné peu ou prou 40% de leur valeur pour se négocier à leurs niveaux de début 2003. Début décembre, personne n'imaginait que le tableau puisse se noircir encore avec le scandale Madoff, dont les effets risquent de contaminer le début de l'année 2009. En mars 2008, la faillite de la banque d'investissement Bear Stearns a marqué le premier tournant de la crise financière. Un vent de défiance sans précédent s'est abattu sur l'ensemble du secteur financier mondial à mesure que les banques creusaient leurs pertes. L' " économie réelle ", restait malgré tout soutenue par le dynamisme des pays émergents et les effets du premier plan de relance de G.W Bush axé sur la redistribution de l'impôt aux ménages. Le 15 septembre, la faillite de la banque d'affaires Lehman Brothers a précipité la finance mondiale au bord de la crise systémique. Rien ne peut plus retenir la chute des indices. La volatilité s'établit des niveaux jamais atteints depuis la Grande Dépression. Ni l'intervention coordonnée des principales banques centrales, dont la BCE et la Fed pour assurer la liquidité du marché du crédit, ni même la mise en place du plan Paulson aux Etats-Unis de 700 milliards de dollars. Les baisses répétées des taux d'intérêt par la Fed et la BCE n'ont pas été suffisantes pour restaurer la confiance des investisseurs persuadés que les effets de la crise allaient être dévastateurs pour l'ensemble de l'économie mondiale. Devant l'ampleur de la récession, les gouvernements ont redécouvert les vertus de la pensée keynésienne. Aux Etats-Unis, Barack Obama a annoncé le lancement, dès son entrée en fonction le 21 janvier prochain, d'un vaste plan de relance d'environ 700 milliards de dollars. En Europe, la Commission européenne a proposé elle aussi un plan de relance global d'un montant de 200 milliards d'euros. Selon la majorité des économistes, ces mesures budgétaires, à l'instar de l'effort monétaire des banques centrales, devraient mettre environ six mois à agir sur l'activité. Autrement dit, les Etats-Unis comme la zone euro devraient connaître une récession de plus d'un an, soit l'une des plus longues de l'histoire économique. Le pétrole, l'autre victime de la crise. L'hypothèse d'une déflation affectant les économies occidentales a précipité la chute du marché pétrolier. Mi-décembre, le cours de WTI est tombé à New York sous les 38 dollars à 37,71 dollars, son niveau le plus faible depuis juillet 2004. A ce prix, le baril a perdu près 110 dollars depuis son record historique de plus de 147 dollars le 11 juillet dernier. A la Bourse de Paris, si aucune valeur n'a été épargnée, les valeurs financières et cycliques ont été les plus sanctionnées. A contrario, les valeurs défensives (santé, énergie et télécoms) ont montré des signes de résistance. Dexia et Natixis ont été les deux banques les plus affectées par la crise financière. La première en raison de son exposition au marché américain via sa filiale américaine de rehaussement de crédit FSA, la seconde en raison de l'importance de ses activités de marché. Au bord de la faillite, la banque des collectivités territoriales a dû son salut à la recapitalisation de 6,4 milliards d'euros des gouvernements français, belges et luxembourgeois. Le titre a perdu près de 85% en un an, signant la plus mauvaise performance du CAC 40. De son côté, Natixis, la filiale de banque d'investissement des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne, introduite en Bourse fin 2006, a chuté de plus de 82%. Son sauvetage a nécessité une augmentation de capital d'environ 3,7 milliards d'euros souscrite par ses deux principaux actionnaires. Crédit Agricole, Société Générale et BNP Paribas ont accusé des baisses respectives de 65%, 63% et 58%. L'automobile a été le premier secteur industriel à s'enfoncer dans la crise. Confrontés au second semestre 2008 à une baisse brutale de la demande, les constructeurs français ont révisé à la baisse leurs objectifs annuels, réduit de 25% à 30% leur production et supprimé des milliers d'emplois. Les déboires de Peugeot et Renault se sont immédiatement répercutés sur leurs équipementiers, à leur tour contraints de réduire la voilure. En un an, Renault aura abandonné plus de 83%, Peugeot plus de 76%. Emporté par les craintes d'une récession mondiale profonde, le titre ArcelorMittal a touché fin novembre son plus bas historique de 12,94 euros, en baisse de plus de 80% depuis le début d'année. Mais les mesures de réduction de coûts drastiques décidées par le sidérurgiste ont permis au de limiter le repli annuel du titre à -66%. L'effondrement de la demande des pays développés et les risques d'un ralentissement marqué des pays émergents ont également pénalisé le secteur de la chimie (Rhodia : -84% en un an, Arkema : -73%), de la construction (Lafarge : -64%, Saint-Gobain : -46%) et des infrastructures (Vinci : -41%). Les valeurs défensives (santé, télécoms et énergie) ont tiré leur épingle du jeu. Soutenu par la solidité des prix de l'énergie, GDF Suez né le 22 juillet 2008 de la fusion des deux groupes, a largement surperformé le CAC 40. Le titre n'a reculé que de 17%, contre plus de 42% pour l'indice vedette de la Bourse de Paris. France Télécom (-18% depuis le 1er janvier 2008) s'est également distingué. L'opérateur historique bénéficie des revenus réguliers de son activité de téléphonie fixe et mobile. Enfin, dans le secteur de la santé, Sanofi-Aventis a limité son repli à 26%. (P-J.L)