Comme le pétrole, le gaz aura désormais son cartel : le Forum des Pays Exportateurs de Gaz (FPEG, ou GECF pour les anglo-saxons) sera basé au Qatar et regroupera une quinzaine de pays producteurs, au premier rang desquels la Russie. "L'OPEP du gaz" se défend cependant d'être comparable à son puissant homologue pétrolier.
Le Forum des Pays Exportateurs de Gaz existait depuis 2001 en tant que groupement de discussions aux attributions vagues. Depuis hier et la signature d'une charte, il est devenu une organisation opérationnelle dotée d'un siège, à Doha au Qatar (préférée à Saint-Pétersbourg, Téhéran et Alger), et d'un secrétariat permanent. "Une nouvelle organisation est née", a estimé le ministre russe de l'énergie Sergei Chmatko, qui n'a pas voulu comparer le FPEG à l'OPEP, estimant qu'il n'est pas question de fixer des quotas à l'instar de l'organisation pétrolière. Un discours plus modéré que celui du ministre vénézuélien de l'énergie Rafael Ramirez, pour qui le Forum devrait chercher à adopter des "principes semblables" à ceux qui régissent l'OPEP, bien qu'il eut expliqué qu'il ne s'agissait en rien de créer un cartel, dans la mesure où chaque pays membre défendra avant tout ses intérêts nationaux.
Le FPEG va devoir se doter de certains outils pour mener à bien sa mission, selon ses promoteurs, "pour une meilleure interaction entre les exportateurs gaziers" et une coordination de la concurrence. Les pays occidentaux importateurs de gaz voient évidemment d'un mauvais oeil cet effort de structuration, qui les mettrait en face d'un second bloc compact d'interlocuteurs, en plus de l'OPEP, pour leurs achats énergétiques. Quatre pays membres du FPEG font d'ailleurs également partie de l'OPEP : l'Algérie, l'Iran, le Venezuela et le Qatar. Vladimir Poutine, présent lors de la réunion fondatrice tenue à Moscou, a estimé "logique" la création de l'entité, qui permettra de "rendre le marché plus prévisible". Mais soufflant comme souvent le chaud et le froid, l'homme fort de le Russie a prévenu les importateurs qu'ils devaient craindre une hausse des prix, jugeant que l'époque du gaz bon marché était révolue.
Le Forum compte dans ses rangs l'Algérie, la Bolivie, Brunei, l'Egypte, l'Indonésie, l'Iran, la Libye, la Malaisie, le Nigeria, le Qatar, la Russie, Trinidad et Tobago, les Emirats Arabes Unis et le Venezuela. La Guinée-Equatoriale et la Norvège sont "observateurs". La Russie est le membre le plus influent de l'organisation, forte de son statut de premier producteur mondial de gaz avec 607 milliards de mètres cubes en 2007, et de pays disposant des plus grosses réserves prouvées de la planète.
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