La hausse des taux menace-t-elle les hedge funds ?

03/05/2006 - 17:08 - Option Finance

(AOF) - Par Jean-François Boulier, responsable de la gestion de taux euro et crédit chez Crédit Agricole Asset Management L'activité des hedge funds s'est considérablement développée au cours des dernières années, en profitant notamment de l'abondante liquidité offerte par les banques centrales. Or, le mouvement de durcissement des politiques monétaires est désormais mondial. Avec plus de 1 000 milliards de dollars d'encours et un effet de levier de l'ordre de 3, les hedge funds sont devenus des acteurs très importants assurant l'équilibre de nombreux marchés, comme celui des obligations convertibles. La faillite du trop célèbre fonds LTCM est pour longtemps dans les mémoires et rappelle que ces acteurs, peu ou pas régulés, peuvent avoir des destins tragiques dans des conditions de marchés hostiles. Compte tenu de leur poids, n'est-il pas légitime de s'inquiéter de l'impact de la hausse des taux sur les hedge funds et, par ricochet, sur les marchés où ils opèrent ? En apportant de la liquidité aux marchés financiers, les hedge funds participent à l'équilibre et profitent des primes de liquidité associées qui ont des composantes permanentes, comme celles attachées au private equity, ou des composantes temporaires comme celles captées par les stratégies "event driven". Une étude scientifique récente, consacrée aux stratégies d'arbitrage de convertibles, corrobore cette analyse ; elle montre en outre, d'une part, que leurs performances sont liées à trois risques classiques, l'arbitrage de volatilité, le crédit et les taux, et, d'autre part, que la surperformance restante est presque totalement liée au déséquilibre entre l'offre et la demande des fonds des investisseurs classiques. Le resserrement des politiques monétaires réduit les liquidités offertes par les banques ; il rendra, de surcroît, le levier plus coûteux. Mais il n'est pas certain qu'il sera défavorable aux hedge funds, car si davantage de déséquilibres et plus de volatilités réapparaissent dans les marchés financiers, les opportunités d'investissement vont être plus nombreuses ; le potentiel de performance sera plus important et les flux de placement dans les fonds vont être stimulés. Les risques se situent plutôt dans l'attitude des autres acteurs à l'encontre de ces véhicules : accroissement de l'aversion au risque et crainte des investisseurs pour des stratégies parfois opaques, méfiance et rationnement de la part des banques (prime broker) qui sont leurs prêteurs. Enfin, tout simplement, comme pour toutes les classes d'actifs, les hedge funds devront faire face à la concurrence d'un placement sans risque plus rémunérateur.