SANOFI-AVENTIS pourrait annoncer une réorganisation de ses activités

10/02/2009 - 15:10 - Option Finance

(AOF) - Le nouveau patron de Sanofi, Chris Viehbacher pourrait annoncer demain à l'occasion des résultats annuels un plan de restructuration d'environ un milliard d'euros et l'acquisition prochaine de sociétés de petites tailles pour compenser la baisse attendue du chiffre d'affaires et regarnir son portefeuille de produits en développement. Le dirigeant a déjà prévenu qu'il présenterait ses " douze programmes de transformation " censés dynamiser la recherche, en panne depuis quelques années. Pour cela, il veut promouvoir l'externalisation des recherches et procéder à des acquisitions ciblées. Pour les observateurs, cette révolution stratégique ne suffira pas à compenser à la baisse de ses ventes liée à la perte progressive de ses brevets. En 2012, le groupe aura perdu environ 30% de son chiffre d'affaires, selon les observateurs. A l'instar de ses rivaux Glaxo ou Pfizer, Sanofi pourrait donc se réorganiser profondément. Le médiocre parcours boursier du titre renforce cette hypothèse : le titre a perdu 28% l'an passé, la plus mauvaise performance des " big five " pharmaceutiques européennes. Contrariés de cette piètre performance, les grands actionnaires de Sanofi pourraient inciter le nouveau dirigeant, qu'ils ont choisi, à prendre au plus tôt les mesures qui s'imposent. Morgan Stanley a chiffré les réductions de coût potentielles à environ un milliard d'euros, " cependant, Chris Viehbacher ne devrait pas évoquer ce sujet demain et attendre de connaître mieux la société ", a estimé un analyste d'ABN Amro cité par Bloomberg. Au-delà, le dirigeant a peut-être pris conscience de la difficulté d'annoncer des licenciements dans le climat social actuel en même temps qu'un bénéfice trimestriel en hausse de 13% à 1,62 milliard d'euros, selon les dernières estimations du consensus. A la Bourse de Paris, le titre Sanofi gagne 0,98% à 45,12 euros. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Numéro quatre mondial de la pharmacie, derrière Pfizer, GlaxoSmithKline, et Novartis, Sanofi-Aventis est né du rapprochement du français Sanofi-Synthelabo et du franco-allemand Aventis en 2004. Fort de près de 100 000 collaborateurs dans le monde, le groupe réalise un chiffre d'affaires consolidé de 27 milliards d'euros. Il développe 7 axes thérapeutiques majeurs : cardiovasculaire, thrombose, cancer, diabète, système nerveux central, médecine interne et vaccins.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Le groupe possède 8 médicaments qui réalisent plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires (blockbusters). - Le portefeuille de produits en développement est important. - Sanofi a gagné le procès Plavix aux Etats-Unis. La protection du brevet est maintenue aux Etats-Unis jusqu'en novembre 2011. - Le directeur général, Gérard Le Fur, dont le mandant courait en principe jusqu'en 2010 a été débarqué au profit de Chris Viehbacher, venu de GlaxoSmithKline, qui devrait en oeuvre une stratégie de "long terme". - Sanofi-Aventis a acquis le fabricant de génériques tchèque Zentiva. Le rachat de Zentiva devrait permettre à Sanofi-Aventis de se renforcer sur le marché des génériques et d'augmenter sa présence dans les pays émergents d'Europe de l'Est à fort potentiel de croissance.

Les points faibles de la valeur

- Comme les autres valeurs du secteur, Sanofi est affecté par le durcissement des politiques de santé qui pèse sur les ventes de médicaments comme en France ou en Allemagne. - Début juillet 2007, Sanofi a retiré le dossier d'homologation de l'Acomplia aux Etats-Unis. Un comité de la FDA avait rejeté sa pilule anti-obésité Zimulti (molécule rimonabant). Les experts s'inquiètent des effets secondaires psychiatriques du produit. L'enjeu financier autour de l'Acomplia est d'importance pour Sanofi-Aventis puisque le groupe attend du rimonabant un chiffre d'affaires annuel pouvant aller jusqu'à 3 milliards d'euros en cas d'homologation aux Etats-Unis.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- D'une manière générale, les valeurs pharmaceutiques résistent en période de crise, et affichent à long terme des croissances soutenues (seulement 20% de la population mondiale a un accès normal aux médicaments, nombre de maladies ne sont pas encore traitées, et l'espérance de vie s'allonge rapidement). - En outre, les valeurs pharmaceutiques sont sensibles aux évolutions réglementaires et aux décisions des autorités sanitaires (comme la FDA aux Etats-Unis). Plus particulièrement, il faut être attentif au chiffre d'affaires généré par chacun de ses produits et à la durée de vie de leurs brevets, et suivre les résultats des études cliniques pour identifier les médicaments à fort potentiel. - Enfin, le titre présente un intérêt spéculatif, dans la mesure où le pacte d'actionnaires liant L'Oréal (10,5 % du capital) et Total (12,13 % du capital) est arrivé à échéance fin 2004. La cession des parts d'un de ces actionnaires de référence pourrait aussi provoquer un afflux de titres sur le marché.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Pharmacie - Santé

Selon une étude menée par le BIPE (Bureau d'informations et de prévisions économiques), le plan de réduction des dépenses de santé mis en place par les autorités publiques en France sur la période 2005-2007 a dépassé les objectifs : les économies de 2,75 milliards d'euros, réalisées notamment grâce aux génériques, aux baisses de prix, aux réductions de remboursements et à une gestion plus stricte des médicaments en milieu hospitalier, sont bien supérieures aux 2,2 milliards d'euros escomptés. Le BIPE estime que, sur la période 2008-2012, pour éviter un taux de croissance des dépenses de médicaments compris entre 8% et 10%, les pouvoirs publics seront tenus de poursuivre leur programme de restrictions. Cela passera en particulier par un développement des déremboursements. Après l'instauration des franchises médicales, plus de deux cents médicaments sont en libre accès dans les officines, depuis cet été, pour favoriser l'automédication des Français. D'après l'Association des laboratoires pour une automédication responsable (Afipa), le marché de l'automédication, qui comprend à la fois les médicaments non remboursables et remboursables disponibles sans ordonnance, s'est développé de 4,4% en 2007 pour atteindre 1,9 milliard d'euros.