Les sociétés de gestion préparent le rebond

23/02/2009 - 09:52 - Option Finance

(AOF / Funds) -

Fragilisées par leurs mauvais résultats en 2008, les sociétés de gestion commencent à adapter leur stratégie à un environnement de crise. Les pistes de réflexion diffèrent selon les institutions, mais toutes nécessitent préalablement une remise à plat des modes de fonctionnement.

Le début de l'année 2009 est marqué par une accélération de plans sociaux à la fois dans l'industrie et la banque. De grands noms de la finance en Europe continentale, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis ont annoncé des plans de licenciements ou sont en train d'examiner leur faisabilité. KBC a annoncé 500 licenciements en Pologne, le franco-belge Dexia 900, Royal Bank of Scotland, Morgan Stanley et Goldman Sachs étudieraient des réductions d'effectifs. Le Royaume-Uni, fortement spécialisé dans la finance, craint une explosion du chômage. En France, le secteur bancaire constitue l'un des plus gros employeurs. Toutefois, dans la mesure où il a été soutenu par les pouvoirs publics, les directions hésitent à annoncer des vagues de licenciements. Malgré tout, le contexte de crise est tel que tous les métiers de la finance devraient être impactés. Si la gestion d'actifs l'est moins que la banque d'investissement, elle doit tout de même entamer une restructuration pour faire face à la dégradation de son environnement. Le chiffre d'affaires des sociétés de gestion est en effet directement lié à la collecte. La baisse des encours en 2008, toutes classes d'actifs confondues, a entraîné mécaniquement une réduction de leur rentabilité. On estime ainsi que les résultats des sociétés de gestion ont diminué de 30 % à 40 % en 2008. Par ailleurs, il existe un décalage entre la baisse des encours et le calcul des commissions. Par conséquent, même si les marchés rebondissent en milieu d'année, les résultats 2009 devraient encore être largement impactés par la crise. Plus grave, cette baisse semble durable pour les actifs les plus risqués comme les actions ou la gestion alternative, c'est-à-dire sur les produits où les marges prélevées sont les plus élevées. Les demandes des clients face à la baisse des marchés sont actuellement à l'opposé de celles exprimées avant la crise, les produits sophistiqués n'ont plus aucun succès, les investisseurs préfèrent les produits simples et à faible risque.

Des réactions différentes

Les projets de restructuration sur lesquels travaillent actuellement des spécialistes de la gestion d'actifs doivent donc tenir compte impérativement de ces changements de comportement. "Il y a deux façons de sortir de la crise, soit par le haut, soit par le bas, indique Pierre Baillavoine, associé chez Périclès Consulting. Les sociétés de gestion peuvent considérer que la reprise va bientôt revenir. Il s'agit juste alors d'attendre le retournement de cycle. Elles peuvent aussi considérer que la crise aura des effets durables et donc mettre en place des procédures pour y faire face et se restructurer afin de se tenir prêtes pour la reprise." Même constat chez Deloitte Consulting : "On peut noter trois types de réaction face à la crise, détaille Pascal Koenig, associé chez Deloitte. Certaines sociétés de gestion n'attendent que la reprise, d'autres cherchent à réduire au maximum les coûts afin d'augmenter leur rentabilité. Enfin, une troisième catégorie se positionne dès à présent sur le prochain cycle de marché : ces sociétés veulent profiter de la crise pour faire un bilan de leur force et de leur faiblesse et elles engagent des actions afin d'être prêtes pour la reprise." L'exemple le plus emblématique de la deuxième catégorie étant le rapprochement inédit entre le Crédit Agricole Asset Management et la Société Générale Asset Management. Ce dernier initié essentiellement pour des raisons de coûts et de recherche de taille critique devrait conduire, malgré les dénégations actuelles des deux groupes, à une réduction des effectifs. "Les métiers de l'asset management sont très industriels. Ils reposent sur des systèmes d'information qui font du volume, avance Philippe Perriot, responsable du secteur Banque chez Towers Perrin. Le premier impact de la crise sera un mouvement de concentration". Le rapprochement entre CAAM-SGAM permettra au nouvel ensemble d'être présent sur toutes les classes d'actifs en utilisant différentes compétences locales du groupe.

Concentration ou spécialisation

Si CAAM et SGAM ambitionnent de devenir un gérant global, beaucoup font dans le contexte actuel le pari inverse et préfèrent se spécialiser. "Les sociétés de gestion ne vont plus proposer des produits sur lesquels elles ne sont pas performantes et vont au contraire se concentrer sur quelques spécialités où elles peuvent apporter de la valeur ajoutée", explique Diane Segalen, associée au cabinet CT Partners. A titre d'exemple, Natixis Asset Management envisagerait dans ce cadre de se concentrer sur la gestion des produits de taux et d'abandonner la gestion actions. OFI Asset Management a intégré ses gérants actions dans l'équipe de gestion diversifiée". Cette focalisation sur les gestions "coeurs" de métier s'accompagne de la mise en place d'un nouveau modèle d'organisation. "Les sociétés de gestion vont devoir combiner innovation et flexibilité, prévoit Pascal Koenig. Elles devront être très réactives en matière de création de produits, tout en ayant une organisation flexible reposant sur un grand nombre de partenariats". La crise financière et les réorganisations liées à la mise en place de nouveaux modèles n'induiront pas uniquement des transferts de poste, certains devront être supprimés. Par conséquent, quelle que soit la stratégie retenue, on peut noter une constant