Transport Aérien : 7ème année de pertes depuis 2001 pour le secteur, la 8ème en vue

03/03/2009 - 11:50 - Boursier.com

L'assemblée générale annuelle de l'IATA (Association Internationale du Transport Aérien) sur les activités cargo aériennes s'est ouverte hier dans un...

L'assemblée générale annuelle de l'IATA (Association Internationale du Transport Aérien) sur les activités cargo aériennes s'est ouverte hier dans un climat de morosité prononcée pour le secteur. Les chiffres qui s'accumulent depuis plusieurs mois, résultats des entreprises, trafic mondial, indicateurs macroéconomiques, vont tous dans le même sens, sans aucun répit : la situation se dégrade de jour en jour, à vitesse accrue même depuis quelques semaines. L'IATA, qui regroupe la majeure partie des compagnies mondiales, avait annoncé la semaine dernière une chute du trafic passagers de 5,6% en janvier 2009 par rapport à janvier 2008, pour un 5ème mois consécutif de contraction. La situation dans le fret (cargo) est encore plus alarmante, avec des baisses qui dépassent 20% depuis 2 mois, et 8 mois consécutifs de contraction. A peine remis de la crise qui a suivi les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, et de celle née de la flambée du brut plus récemment, le secteur subit donc de plein fouet les conséquences de la récession économique. La baisse des échanges mondiaux, des voyages d'affaires et du tourisme sapent les trois piliers sur lesquels les compagnies assoient leurs bénéfices. Pire, celles-ci pilotent à vue depuis de longues semaines, et même des bastions comme Air France KLM ne sont pas à l'abri d'une perte d'exploitation. Le 4ème trimestre 2008 s'est d'ailleurs révélé particulièrement difficile pour tout le monde. A tel point que l'IATA a revu en forte hausse, de 5 à 8 Milliards de Dollars, sa prévision de pertes pour le secteur en 2008. "Les pertes des compagnies aériennes au quatrième trimestre, à 4 Milliards de Dollars, ont été plus importantes que prévu à cause de la récession et des pertes sur les stratégies de couverture kérosène", a expliqué l'organisation, qui n'a pas encore amendé ses prévisions 2009, pointant toujours sur une perte globale de 2,5 Milliards de Dollars. Les compagnies tentent pourtant de répliquer à la crise. Elles réduisent leurs capacités depuis plusieurs mois déjà, mais jamais de façon aussi importante que ne recule le trafic, si bien que les avions sont toujours moins remplis. La seule exception soulignée par l'IATA est le marché intérieur nord-américain, où la stratégie de baisse de l'offre connaît un certain succès. Les compagnies du Moyen-Orient, par exemple, n'ont toujours pas réagi, ou pas suffisamment, aux baisses de trafic : leurs capacités étaient en hausse de 10,8% en janvier 2009 par rapport à l'année précédente, conduisant à un net recul de 5,4% de leurs coefficients de remplissage sur le mois. En terme d'appareils, l'IATA note qu'en janvier, 73 avions ont été retirés du service commercial et mis en stockage, tandis que 23 ont été mis définitivement au placard, si bien que 96 ont quitté la flotte mondiale. Cela se compare à 93 nouveaux appareils mis en service sur le mois. La différence est relativement faible, mais l'Association explique que cela s'accompagne d'une réduction de la fréquence des vols des avions en exploitation. Sur les 5 derniers mois, 632 avions (2 à 3% de la flotte mondiale) ont été retirés du service pour être remplacés par 441 appareils plus modernes, donc moins gourmands en kérosène et a priori plus rentables. Pourtant malgré les efforts accomplis, la perte accumulée en 2008 serait la 7ème des 8 dernières années. En effet, depuis 2001, seul l'exercice 2007 s'est soldé par un bénéfice global, loin de gommer une contreperformance chronique puisque l'industrie a amassé un déficit de 41,6 Milliards de Dollars de 2001 à 2006. Les fortunes sont évidemment très diverses d'une compagnie ou d'une région à l'autre, mais la crise qui sévit actuellement a pour caractéristique de frapper tout le monde. Ainsi Air France KLM, souvent "première de la classe" ces dernières années, a-t-elle annoncé une grosse perte sur le trimestre allant d'octobre à décembre. Le groupe de Jean-Cyril Spinetta espère toujours dégager un bénéfice d'exploitation sur l'exercice clos le 31 mars prochain (les compagnies aériennes ont traditionnellement un exercice fiscal décalé) mais a concédé que son niveau dépendra de l'évolution de la situation économique, de son impact sur l'activité passage et surtout l'activité cargo. Les spécialistes pensent que la situation pourrait amener à une nouvelle phase de consolidation dans un secteur perçu comme étant trop fragmenté. C'est en tout cas ce qu'appelle de ses voeux le directeur général de l'IATA, Giovanni Bisignani, qui réclame depuis longtemps une libéralisation de l'industrie. "Accordez aux transporteurs aériens les libertés commerciales dont jouissent toutes les autres industries. Alors que les marchés mondiaux des capitaux sont en plein désarroi, les restrictions archaïques dans le domaine de la propriété des transporteurs représentent un fardeau inutile qu'il faut éliminer. La crise actuelle met en évidence la nécessité de modifier la structure de cette industrie fragile et hyper fragmentée", a-t-il expliqué en marge des chiffres du trafic de janvier. Reste à trouver qui accepterait de financer, dans le contexte actuel, la modernisation du secteur...



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