MANITOU anticipe une année difficile

11/03/2009 - 08:56 - Option Finance

(AOF) - Le fabricant d'engins de chantiers Manitou s'attend à ce que la baisse de son chiffre d'affaires se prolonge au-delà du premier semestre 2009 en raison de l'aggravation de la conjoncture. La réduction d'activité de l'exercice, sur le nouveau périmètre (comprenant GEHL Company en année pleine pour 2009 et sur deux mois en 2008), pourrait atteindre 40 % par rapport à 2008, ce qui entraînerait une perte pour l'ensemble de l'exercice 2009, a indiqué le groupe. Dans ce contexte, le groupe dit accentuer la mise en oeuvre des mesures destinées à réduire ses frais de fonctionnement et à adapter ses capacités de production à la baisse du niveau d'activité. Par prudence, Manitou a d'ores et déjà mobilisé une partie significative de ses lignes de crédit afin d'accroître sensiblement sa trésorerie disponible et d'être assurée de ne pas être exposée à des risques d'insuffisances de liquidités à moyen-terme. Manitou a prévenu que la dégradation particulièrement forte de l'activité aux Etats-Unis avait entraîné le non-respect par sa filiale américaine GEHL de certaines clauses de financements. GEHL a entamé des discussions avec ses partenaires bancaires locaux sur ses lignes bancaires syndiquées afin d'éviter l'exigibilité anticipée qui pourrait actuellement être demandée par ses banques. En outre, GEHL étudie avec ses banques les options permettant de répondre de manière pérenne à ses besoins de financement, ses futures créances client ne pouvant plus être mobilisées dans un programme de titrisation. En parallèle, Manitou a engagé des discussions avec son pool bancaire portant sur l'adaptation des termes et conditions du prêt syndiqué du 4 septembre 2008 (négocié pour l'acquisition de GEHL), notamment en ce qui concerne les ratios financiers. (Le montant maximum de ce prêt est d'environ 357 millions d'euros, tirés à hauteur de 317 millions d'euros). Les négociations concernant le financement de l'activité de GEHL sont conduites de façon séparée et cantonnée, a précisé Manitou. "Cette approche s'avère possible en raison du caractère récent de l'acquisition, qui explique que son intégration au sein du groupe, tant sur le plan opérationnel que financier, n'est pas encore effective", a-t-il ajouté. "Dans ce cadre, Manitou sera tout particulièrement vigilant à préserver son intérêt social pour ne pas accroître son exposition à la dégradation du marché nord-américain". "Aujourd'hui, le groupe n'exclut aucune option. Toutefois, Manitou ne pourra envisager d'apporter un concours à GEHL pour l'aider à surmonter la crise actuelle, que si les conditions de maîtrise des risques et de visibilité, ainsi que les engagements des banques nord-américaines sont satisfaisants", a conclu Manitou.

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ACTIVITE DE LA SOCIETE

Activité de la société

Manitou est le leader mondial du chariot élévateur tout terrain, inventé en 1957 par son fondateur Marcel Braud. Le groupe fabrique et commercialise du matériel de manutention destiné aux marchés de la construction (53% du chiffre d'affaires), de l'industrie (24%) et de l'agriculture (23%). L'internationalisation de Manitou a débuté dans les années 70. En 1972, le groupe a signé un accord de partenariat commercial avec Toyota. En 2007, Manitou a ramené sa participation de 40 à 20% dans la société Toyota Industrial Equipment (TIE), créée en 1995 conjointement avec Toyota Industries Corporation pour la fabrication et l'assemblage des chariots industriels de la marque japonaise. Implanté dans plus de 120 pays, Manitou compte 2 405 salariés, 23 filiales et 600 points de vente dans le monde. En 2007, le chiffre d'affaires s'est élevé à 1,26 milliard d'euros.

Les points forts de la valeur

-Manitou propose aujourd'hui la gamme de produits la plus importante du marché. -Le groupe consacre une large place à la R&D et propose des engins innovants. -Manitou est présent sur les marchés émergents, très dynamiques, notamment via une acquisition en Chine en 2005. -L'acquisition de l'américain Gehl devrait lui permettre de se positionner favorablement en Amérique du Nord, où il bénéficiera d'une taille critique pour fournir les réseaux de loueurs. Les deux groupes possèdent une complémentarité des gammes et des zones géographiques.

Les points faibles de la valeur

-Manitou est impacté par le ralentissement actuel des marchés de la construction et de l'industrie ainsi que par la récession en Europe de l'Ouest. Les clients finaux et les concessionnaires d'Europe de l'Est risquent également de rencontrer des problèmes de trésorerie et donc de solvabilité. -Le rachat de Gehl a privé le groupe de ses réserves de cash. La dette devrait rendre le titre plus volatil. -Le groupe doit faire face à des difficultés d'approvisionnement de certains composants entrant dans l'assemblage des chariots tout terrain. -Les composants subissent une inflation importante.

Comment suivre la valeur

- Il est important de surveiller l'évolution des tarifs de la concurrence, sur lesquels Manitou sera plus ou moins forcé de s'aligner s'il veut conserver ses parts de marché. Cela pourrait se faire au détriment des marges et avoir une incidence négative sur le cours. - La baisse de la livre favorise le britannique JCB, principal rival de Manitou. -Le groupe s'est engagé dans un plan d'économies pour faire face aux nouvelles conditions de marché.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Biens d'équipement

Les industriels interrogés par l'Insee annoncent une baisse de 3% à 4% de leurs investissements en 2009. Le secteur des biens d'équipement souffrira donc certainement l'année prochaine. Pour le moment, les PME de la mécanique attendent avec impatience l'application de la loi sur les délais de paiement, dès le mois de janvier 2009, qui leur permettra de conforter leur trésorerie. Selon la Loi de modernisation de l'économie, elles pourront être payées par leurs clients dans un délai de 60 jours - délai qui reste d'ailleurs au-delà du délai de référence de 30 jours fixé par la directive européenne. Considérant que la longueur excessive des délais de paiement est la première cause de défaillances d'entreprises en France, la Fédération des industries mécaniques, composée essentiellement de PMI, soutient sans restriction cette loi.