France / Eco : vers la première baisse du patrimoine des ménages en 30 ans

17/03/2009 - 12:26 - Boursier.com

L'INSEE a publié ce matin sa dernière étude sur le patrimoine économique français entre 1978 et 2007, qui s'intéresse aux actifs et aux passifs...

L'INSEE a publié ce matin sa dernière étude sur le patrimoine économique français entre 1978 et 2007, qui s'intéresse aux actifs et aux passifs économiques, c'est-à-dire "ceux sur lesquels des droits de propriété peuvent être exercés" et qui apportent de la richesse à leurs détenteurs. L'Institut les classe en catégorie financière (les actions, les obligations ou les crédits par exemple) et non-financière, dans lesquels on retrouve les logements, les terrains, les bâtiments ou ouvrages de génie civil, ainsi que les équipements de production. D'autres biens difficilement valorisables sont exclus du champ du calcul, à l'image des monuments historiques ou des oeuvres d'art des musées nationaux. Selon l'étude, la valeur nette du patrimoine national atteignait 12.513 Milliards d'Euros fin 2007, soit un actif de 32.507 Milliards d'Euros diminué d'un passif de près de 20.000 Milliards d'Euros. Les actifs non-financiers (12.490 Milliards d'Euros) se composent notamment des terrains, c'est-à-dire de l'ensemble du sol national pour 45%, des logements pour 28%, des autres bâtiments et des ouvrages de travaux publics pour 14%. L'INSEE explique que la valeur des terrains est aujourd'hui supérieure à celle des constructions qu'ils supportent, alors qu'elle n'en représentait que la moitié trente ans auparavant. Les machines et équipements, les stocks et les actifs incorporels non produits (brevets... etc.) complètent pour l'essentiel le patrimoine national. Les actifs financiers sont plus importants, à 20.017 Milliards d'Euros, mais leur contrepartie en passifs avoisine ce niveau, si bien que leur contribution au patrimoine national en valeur nette est positive de 23 Milliards d'Euros seulement. Cela s'explique, indique l'INSEE, par le fait que les avoirs à l'étranger des différents agents résidents sont contrebalancés par des engagements vis-à-vis des non-résidents. En 30 ans, la valeur du patrimoine national a été multipliée par plus de huit, avec deux phases de forte progression : 1978 / 1990 (+9,1% par an) et 1998 / 2007 (+10,3% par an). Cependant en termes réels le patrimoine "double à peine" depuis 1978, indique l'INSEE, car sa hausse apparente est essentiellement due aux prix des actifs, qui ont plus que quadruplé alors que le niveau général des prix des biens et services n'a été multiplié que par trois sur la même période. "De fait, alors qu'il se maintenait entre 4 et 4,5 années de PIB durant les années 1980 et 1990, le patrimoine économique national en représentait 6,6 années fin 2007", précisent les rédacteurs de l'enquête. Si l'on s'intéresse plus particulièrement aux ménages français, on constate qu'ils détiennent plus des trois-quarts du patrimoine net national (9.500 sur les 12.513 Milliards d'Euros). Le solde est entre les mains des sociétés non-financières (1.558 Milliard d'Euros), des administrations (774 Milliards d'Euros) et des sociétés financières (714 Milliards d'Euros). L'importance de la part des ménages dans le total s'explique par le fait qu'ils sont les principaux détenteurs de la propriété immobilière. Ainsi leurs actifs sont-ils constitués à hauteur de 62% de leurs logements et des terrains sous-jacents, contre seulement 31% d'actifs financiers. Une proportion à peu près inverse du total national. En 10 ans, la valeur du patrimoine des ménages s'est envolée jusqu'à représenter 7,5 années de leur revenu brut disponible, contre 4,4 années en moyenne sur la période 1978 / 1997. Ce sont les prix immobiliers qui expliquent l'essentiel de la progression, et dans une moindre mesure la contribution boursière. Depuis 1978, l'INSEE indique que le prix des actions françaises a été multiplié par 16,8 et le prix de l'immobilier par 5,6 (et par 2,5 fois sur les 10 dernières années). L'accession à la propriété s'est développée, avec 58% des ménages propriétaires de leur logement en 2007, contre 47% en 1978. Les habitudes des ménages en matière de patrimoine financier ont en outre fortement évolué en 30 ans. Ainsi la prépondérance de l'épargne liquide (63% des actifs financiers des ménages en 1978) a-t-elle disparu au profit de placement de plus long terme, jusqu'à ne plus représenter que 29% du total en 2007. Gageons cependant que les remous récents devraient avoir redoré le blason de l'épargne liquide. La diversification de l'offre des banques et des assureurs a abouti en 2007 à ce que l'assurance-vie représente plus du tiers de leur encours de placements financiers. Les marchés actions et obligations se sont largement développés, puisque 12 millions de français détenaient des valeurs mobilières en 2007, contre 1 million seulement en 1978. L'étude de l'INSEE nous apprend également que les ménages se sont endettés pour accroître leur patrimoine, essentiellement pour l'accession à l'immobilier. Ainsi les prêts à long terme représentent-ils désormais 69% du revenu disponible brut des ménages, contre 26% en 1978. Mais les "30 glorieuses" du patrimoine des ménages, dont aucune des crises récentes n'avait pu contrecarrer la marche en avant, ne devraient pas résister à ce qui s'est d'abord appelé l'affaire des "subprimes" et qui a dégénéré en crise économique mondiale. Dès 2007, "la croissance du patrimoine net des ménages s'est modérée du fait du ralentissement des prix de l'immobilier et des actifs financiers", indique l'INSEE, qui anticipe désormais une contraction de l'ordre de 3% pour l'année 2008, "compte tenu du recul de la Bourse et de l'amorce d'un retournement du marché immobilier". 2008 devrait également marquer la poursuite de la décrue de la part des actifs financiers dans le patrimoine global, puisque les prix de l'immobilier sont resté quasiment stables alors que les grands indices nationaux ont chuté (-42,7% pour le CAC40 sur l'année).



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