(AOF / Funds) - Plus le temps passe et plus le centre de la crise se révèle être le secteur financier, mais la sanction boursière sur les titres du secteur manque cruellement de discrimination. Après les sauvetages des banques d'investissement, il y a un an avec un spécialiste de la titrisation, il y a six mois avec un généraliste du crédit, et les nationalisations des banques commerciales islandaises, puis britanniques et désormais américaines avec la quasi-nationalisation du leader, le stress boursier s'est propagé aux plus grandes compagnies d'assurances, et ce avec une volatilité spectaculaire. La crise systémique sera sans doute évitée mais au prix d'une intervention sans précédent des Etats et des Banques centrales. Les nationalisations apparaissent comme un pari d'investissement tout à fait réaliste, puisque le portage effectué par les Etats pourrait bien s'avérer profitable car il est financé à des taux encore faibles. Le prix de cette gigantesque opération de LBO reste encore à payer et c'est l'actionnaire, voire le créancier en dette subordonnée qui est affecté. Mais ces craintes sont-elles justifiées pour tous les acteurs ? La contagion paraît à bien des égards excessive. Deux registres d'opportunités émergent de cette situation. Premièrement les investisseurs à long terme, à supposer que cette population existe encore, trouveront des titres, actions en particulier, considérablement décotés alors que la nationalisation n'est pas le scénario le plus probable pour certains acteurs plus robustes et mieux gérés. L'engagement des Etats à rembourser les dettes obligataires seniors apporte également un support intéressant au marché, en sus des garanties directes accordées à certaines catégories de titres. Deuxièmement, les autorités publiques ayant complètement repris les rênes auront une chance historique de reformuler les règles du jeu en particulier en matière de comptabilité, de solvabilité et de contrôle des risques. Souhaitons que dans cette ambiance particulièrement déprimée, notamment parce que la plupart des acteurs vivent la crise directement, un sursaut de courage soit trouvé pour saisir ces opportunités exceptionnelles. Jean-François Boulier, directeur général, Aviva Gestion d'Actifs