Bientôt un guide des bonnes pratiques pour les fonds de fonds alternatifs

26/03/2009 - 17:14 - Option Finance

(AOF / Funds) - Souvent critiquée depuis le début de la crise, la gestion alternative veut faire preuve de davantage de transparence. Un guide des bonnes pratiques élaboré par l'AIMA devrait permettre d'éclaircir un certain nombre de points, notamment sur la liquidité et le contrôle des risques. Il n'est pas étonnant que ce soit une société de gestion française, HDF Finance, qui soit à l'origine d'un guide des bonnes pratiques pour la multigestion alternative. En effet, la France fait partie des bons élèves en matière de régulation pour la multigestion alternative. Dès 2003, elle a ainsi adopté un cadre juridique formel sous l'impulsion d'une décision de la Commission des opérations de Bourse (COB) reprise et formalisée dans la loi de sécurité financière. La situation est un peu différente en Europe et dans le monde. Au niveau européen et international, il n'existe pas d'harmonisation, même si de nombreux acteurs comme la Commission européenne et l'Organisation internationale des commissions de valeur (OICV) y réfléchissent. La Commission européenne a néanmoins dernièrement fait le choix d'exclure la multigestion alternative du champ d'application de la directive UCITS IV, adoptée le 13 janvier dernier. Jusque-là, seuls les fonds alternatifs en direct (hedge funds) ont fait l'objet de guides des bonnes pratiques, l'un à l'initiative des Etats-Unis et l'autre du Royaume-Uni. C'est de ce constat d'absence de document pour les fonds de hedge funds, qu'est née l'idée d'un guide des bonnes pratiques pour la multigestion alternative. Élaboré par l'association professionnelle internationale des gérants de hedge funds (AIMA), basée à Londres, le "Guide to Sound Practices for Fund of Hedge Funds Managers" paraîtra avant la fin du mois de mars. "Ce guide traitera tout d'abord de la création et de la gestion d'une société de fonds de hedge funds et notamment de tout ce qui concerne les fonctions qu'il convient de confier à des entités indépendantes du fonds de hedge funds et de sa société de gestion, comme la conservation des titres et la valorisation", indique Christian Bartholin, membre du comité exécutif et secrétaire général d'HDF Finance. La seconde partie du guide concernera le processus d'investissement et de gestion des risques propres à un fonds de hedge funds. "Nous avons analysé notamment la 'due diligence' à mener sur les sous-jacents d'un fonds de hedge funds, précise Christian Bartholin. Il est par exemple primordial de bien comprendre la stratégie pratiquée par chaque gérant de fonds sous-jacent. En effet, la gestion alternative n'est pas une classe d'actifs en tant que telle mais un ensemble de stratégies qui permettent d'être présent sur les classes d'actifs traditionnelles avec des outils différents de ceux de la gestion classique. Il est essentiel de bien comprendre le fonctionnement de ces différentes stratégies."

Vers une transparence accrue

Le guide abordera également la question fondamentale de la gestion de la liquidité. "L'objectif est très simple : il faut s'assurer d'un équilibre réaliste entre la liquidité du passif et la liquidité de l'actif pour tout fonds de hedge funds", précise Christian Bartholin. Le guide soulignera que pour apprécier la liquidité d'un fonds de hedge funds, il est nécessaire d'évaluer si celle des fonds sous-jacents sélectionnés est elle-même en ligne avec celle de leurs propres actifs. "Pour cela, il faut pouvoir parler au gérant du sous-jacent et avoir accès au portefeuille de son fonds", ajoute Christian Bartholin. Une troisième partie du guide sera consacrée aux questions d'analyse de risque opérationnel, comme celles liées à la valorisation. "L'AIMA a déjà publié au début de l'année 2008 un guide extrêmement détaillé concernant le processus de valorisation des hedge funds. Beaucoup des recommandations qui y sont formulées s'appliquent aussi aux fonds de hedge funds", précise Christian Bartholin. La quatrième partie sera quant à elle dédiée à la commercialisation et aux relations avec les investisseurs, avec la nécessité de délivrer une information quantitative (mesures de performance, de risque...) et qualitative (stratégie, liquidité...). Le guide abordera notamment la question des modalités de rachats : préavis appliqués, fréquence des valeurs liquidatives, etc. L'existence d'un mécanisme de plafonnement des sorties doit aussi être mentionnée dès l'origine si la mise en oeuvre, dans certaines circonstances, d'un tel mécanisme est jugée souhaitable dans l'intérêt des investisseurs. Toutes ces informations doivent évidemment selon HDF Finance "faire partie du prospectus du fonds de hedge funds dès sa constitution, pour que l'investisseur investisse en connaissance de cause". Le guide mettra également l'accent sur les risques auxquels un fonds de hedge funds est lui-même exposé, comme les taux d'intérêt et de change, les marchés actions... La structure de rémunération des fonds de fonds alternatifs n'est pas oubliée, avec notamment le système de "High Water Mark" qui prévoit qu'en cas de baisse de la valorisation d'un fonds de multigestion alternative, la commission de performance ne reprend qu'à partir du moment où le niveau le plus élevé atteint ultérieurement est à nouveau dépassé. "Ce mécanisme a pour but d'éviter, après une période de baisse, qu'une commission de performance ne soit appliquée dès que la valorisation du fonds remonte, explique Christian Bartholin. L'objectif est de ne pas pénaliser les investisseurs après une période de baisse. C'est une pratique tout à fait standard dans le monde de la gestion alternative." Enfin, le dernier point concerne la structure des fonds et la gouvernance. Il aborde à ce titre les différents types de structure de fonds selon les pays et ainsi, indirectement, la question de la domiciliation des fonds et de la société de gestion. "Dans les discussions en cours à propos du besoin d'une meilleure réglementation des hedge funds, nous constatons une certaine confusion car, si beaucoup de ces fonds sont domiciliés dans des centres à neutralité fiscale, les sociétés de gestion de ces fonds sont presque toutes établies en Europe ou en Grande-Bretagne, où elles sont déjà strictement réglementées, ou bien aux Etats-Unis où la tendance est à une réglementation plus systématique", précise Christian Bartholin. Si le guide de l'AIMA s'adressera en priorité aux gérants de fonds de hedge funds, aux régulateurs et aux politiques, il intéressera aussi les investisseurs, qui ont pu s'interroger ces derniers mois sur la résistance de la gestion alternative face à la crise. Floriane Tedoldi