ZOOM sur une classe d'actifs - Monétaire régulier

15/04/2009 - 18:59 - Option Finance

(AOF / Funds) -

L'environnement économique

La croissance mondiale sera très probablement négative cette année, pour la première fois depuis l'après-guerre. Les plans de relance se succèdent, sans convaincre totalement. Du point de vue des entreprises, les perspectives s'annoncent de plus en plus moroses. On peut s'attendre à une chute des bénéfices supérieure à celle des dernières récessions. L'économie mondiale est ainsi soumise d'un côté à des forces récessives très violentes, et de l'autre à des interventions massives des gouvernements et des banques centrales pour en contrecarrer les effets. Le scénario central reste pour le moment une poursuite de la récession sans dégradation excessive permettant d'envisager une sortie de crise courant 2010. Si la situation s'enlise, il faudra toutefois envisager de passer d'un scénario de récession à un scénario de dépression.

Le marché monétaire

Depuis le mois d'octobre dernier, dans le sillage de la faillite de Lehman Brothers, les banques centrales ont été particulièrement réactives afin de dégripper la liquidité du système financier. La BCE a ainsi procédé à cinq baisses de taux ramenant son taux de refinancement à 1,5 % le 5 mars dernier. De son côté, l'objectif des Fed funds se situe désormais à 0 - 0,25 %. Les banques centrales approchent donc progressivement de la limite du zéro absolu. Certaines, comme la Banque d'Angleterre et la Fed, commencent désormais à mettre en place des mesures quantitatives et enrichissent leur arsenal non conventionnel (achat d'obligations souveraines et interventions sur le marché des changes). C'est le prolongement de la politique monétaire lorsque les taux d'intérêt ne peuvent plus baisser. Encore au-dessus de 4,2 % en septembre dernier, le taux Eonia est tombé brutalement à 0,85 % mi-mars dans le sillage des baisses de taux de la BCE tandis que l'Euribor trois mois s'affichait à 1,65 %. L'Eonia est désormais très nettement au-dessous du taux refi de la BCE, qui pourrait d'ailleurs baisser à 1 %, voire 0,75 %, dans les mois qui viennent, poussant l'Eonia aux alentours de 0,50 %. Le niveau nominal des taux sur le marché monétaire est donc très bas et devrait le rester un bon moment. Le niveau des taux réels (ajustés de l'inflation qui a fortement baissé depuis l'été dernier) reste toutefois positif.

La gestion monétaire

La gestion monétaire répond à deux objectifs, le premier vise classiquement à gérer les ajustements de trésorerie à court terme et le second, qui a pris le dessus ces derniers mois, est une réponse à la hausse du niveau d'aversion au risque des investisseurs. La politique de taux zéro, en rendant les liquidités moins attrayantes, vise notamment à rediriger les investisseurs vers les actifs plus risqués. Pour le moment, il semble que cela ne fonctionne pas très bien. L'aversion au risque des investisseurs est à un tel niveau qu'ils préfèrent une rémunération très basse plutôt que prendre le risque de perte en capital sur des classes d'actifs risquées. A 414 milliards d'euros, selon les statistiques d'EuroPerformance, les fonds commercialisés de droit français dans la catégorie Trésorerie régulière n'ont jamais rassemblé autant d'encours. Après la collecte record en janvier, les souscriptions ont continué d'affluer en février pour un montant de 7,9 milliards d'euros, portant la collecte à 37,2 milliards depuis le début de l'année. En 2008, ces opérations avaient déjà rassemblé 32,4 milliards d'euros. S'ils continuent à attirer les souscriptions, les fonds monétaires réguliers ne font plus vraiment d'étincelles au niveau des performances. Ainsi, depuis le début de l'année, ils ne progressent plus en moyenne que de 0,3 % tandis que, sur un an, ils gagnent un peu plus de 3 %. La performance est toutefois passée au second plan. Les investisseurs ont en effet été échaudés par les mauvaises surprises que leur ont réservées les fonds monétaires dynamiques, mais aussi certains fonds réguliers. Ils ont retenu la leçon : on ne bat pas le taux sans risque sans prendre de risques. Ils recherchent désormais en priorité la transparence, la sécurité, la liquidité et la préservation de leur capital. La performance est presque devenue accessoire. Guitel Cohen-Cebula