L'Europe, toujours en mauvaise posture

29/04/2009 - 12:31 - Option Finance

(AOF / Funds) - La lecture du rapport de printemps du FMI reste teintée d'une vraie préoccupation quant à l'évolution de l'économie mondiale. Les inquiétudes demeurent et sont soulignées par le repli de 1,3 % du PIB mondial en 2009. Pourtant, cette lecture me paraît plus hétérogène qu'il y a ne serait-ce qu'un mois, lors de l'actualisation des prévisions en mars. Cette hétérogénéité nouvelle se lit dans le profil comparé des Etats-Unis et de la zone euro. Par rapport à mars, le PIB américain pour 2009 n'est révisé à la baisse que de 0,2 point à - 2,8 %. C'est davantage un ajustement des prévisions qu'un bouleversement du scénario. L'information supplémentaire disponible sur l'économie américaine ne s'est pas franchement dégradée. En revanche, sur la zone euro, cette information supplémentaire a modifié de façon spectaculaire le profil du scénario. Désormais, le PIB de la zone euro devrait reculer de 4,2 % et non plus de 3,2 % comme estimé il y a un mois. Ce changement de tendance va être dramatique pour l'Europe, puisque le FMI prévoit maintenant un taux de chômage qui dépassera les 10 % en 2009 (8,5 % en février 2009) et continuera de progresser en 2010 au-delà de 11 % (11,5 % exactement) en raison d'une croissance toujours inexistante. C'est cette information sur la conjoncture qui est la plus perturbante dans le rapport du FMI. Elle est ennuyeuse à deux titres : d'abord, parce que cette amplification historique du repli de l'activité trahit l'absence de politiques économiques réellement volontariste sur le Vieux Continent. Cette absence peut refléter dans le même temps l'incapacité de la zone euro à déployer une croissance plus autonome. De ce point de vue, le propos d'Angela Merkel en première page du "Financial Times", il y a quelques semaines, indiquant que la relance chinoise profiterait à l'Europe, reflète bien cette incapacité. D'une manière plus générale, la reprise des exportations sera longue à se manifester et à servir d'impulsion à la croissance. Pendant ce temps, l'Europe ne sachant pas très bien par quel bout retrouver de la croissance, le taux de chômage continuera de progresser, probablement au-delà de 2010. C'est cette persistance du chômage que l'activisme américain souhaite éviter, et on ne peut leur donner tort. Par Philippe Waechter, directeur de la recherche économique, Natixis Asset Management