Les fonds cotés, tendance ou mode ?

16/06/2006 - 13:00 - Option Finance

(AOF) - Les levées de fonds en Bourse par les sociétés de private equity se multiplient avec succès. Certains professionnels redoutent pourtant le retour, tôt ou tard, des décotes qui ont caractérisé ces valeurs jusque récemment. Les fonds d'investissement sont de plus en plus nombreux à solliciter les investisseurs en Bourse. "L'Europe compte déjà une dizaine de fonds d'investissement cotés et le phénomène va gagner en ampleur, prédit Jean Eichenlaub, président de European Capital. Alors qu'aux Etats-Unis, les parts de marché des fonds du private equity collectés en Bourse représentaient 1 % de la profession il y a huit ans, à présent, elles constituent 12 %". A priori, les montants levés ainsi vont s'ajouter et non se substituer à ceux collectés auprès des investisseurs traditionnels. "Il ne nous semble pas que ces véhicules cotés modifient les équilibres entre les investisseurs et les fonds car ils vont lever de l'argent auprès du public, indique Sylvain Berger-Duquene, président de Montagu Private Equity SAS. Cette nouvelle catégorie d'investisseurs trouve ainsi la possibilité de miser sur le private equity avec des mises de fonds plus réduites tout en bénéficiant d'une plus grande liquidité". Leur intérêt lors des plus récentes opérations s'est montré très vif. "La formule paraît intéressante d'autant plus qu'aujourd'hui pour les émetteurs que les investisseurs sont prêts à payer une surprime pour miser sur ces véhicules", indique Yann Duchesne, directeur général de Doughty Hanson à Paris. De leur côté, les équipes d'investissement trouvent, avec cette formule, du capital permanent, ce qui leur évite de perdre du temps en levées de fonds tous les quatre ans mais leur permet aussi d'envisager éventuellement des investissements de plus longue durée. La formule n'est pas sans avantage pour les actionnaires non plus. Il peut être plus sain pour les équipes d'investissement d'avoir des fonds à long terme, car dans les fonds classiques, comme le carried interest est calculé selon le TRI, lui-même fonction de la durée de l'investissement, les équipes peuvent avoir tendance à revendre rapidement les participations, parfois au détriment de la plus-value. A priori toutefois, coter un véhicule de private equity devrait rester l'apanage de quelques profils de structures bien particuliers. "Pour solliciter les investisseurs en Bourse, un fonds d'investissement de private equity doit avoir un historique convaincant et une stratégie d'investissement propres à gagner leur confiance", indique Jacques Garaïalde, président de KKR à Paris.

Des profils rassurants

Des rendements réguliers et non pas fonction seulement de plus-values sont par ailleurs à la clé de certaines réussites, comme celle d'American Capital : avec un investissement aux deux tiers effectué en mezzanine, le fonds, depuis sa création il y a neuf ans, a vu le cours de son action progresser de 22 % par an en moyenne. De même, pour le véhicule Forinter dont la Macif lui a confié la gestion, OFI Private Equity a mis au point une stratégie de risque limité, composée d'investissements en mezzanine en même temps qu'en equity et centrée sur des opérations de transmission de 20 à 50 millions de valeur. Ce segment semble en effet moins concurrentiel que le reste du marché du LBO. "En même temps, cette société cotée donnera aux investisseurs la possibilité de miser sur des entreprises comme les midcaps auxquelles ils ne pourraient pas accéder, la Bourse étant désormais fermée à ces entreprises", explique Olivier Millet, président du directoire d'OFI Private Equity. La décote que peuvent subir les véhicules quand le marché est moins favorable semble bel et bien le principal écueil. "Les investisseurs qui cotent un véhicule de private equity veulent bénéficier de l'engouement boursier et succombent un peu au mythe de la liquidité, estime Agnès Nahum. La solution ne nous semble pas intéressante toutefois car au moindre accroc de la Bourse, la décote risque toutefois de s'installer. En outre, suivre les valorisations des participations logées dans un véhicule coté est difficile". En attendant, ces véhicules devraient rapidement avoir le mérite d'apporter, obligations de reporting obligent, plus de transparence sur le non-coté, pour la satisfaction de tous les investisseurs, y compris ceux présents sur des véhicules non cotés.