Les convictions de ... Christine Delagrave (LBPAM)

07/05/2009 - 10:51 - Option Finance

(AOF / Funds) - Christine Delagrave gère le fonds LBPAM Convertibles Europe depuis juillet 2008, date à laquelle elle a rejoint les équipes de LBPAM. Elle cogère également d'autres fonds obligataires tout en étant également responsable des secteurs télécoms/médias, technologie et construction au sein de l'équipe analyse-crédit. Christine Delagrave travaille en étroite collaboration avec la dizaine d'analystes-gérants actions de LBPAM, aussi spécialisés par secteur. Auparavant chez CPR AM durant plus de 15 ans, Christine Delagrave était déjà gérante de fonds de convertibles depuis juin 2005 dans l'équipe gestion diversifiée. AOF a interviewé Christine Delagrave sur sa stratégie de gestion du fonds LBPAM Convertibles Europe.

Un delta substantiel ne constitue-t-il pas un handicap face à des marchés d'actions encore très incertains ?

Le delta du portefeuille est remonté à 38 % en mars alors que la neutralité se situe à 40 %. Nous ne sommes toutefois pas enclins pour le moment à aller au-delà car nous restons prudents sur l'évolution des marchés d'actions. De plus, nous compensons une sensibilité actions, il est vrai bien supérieure au gisement, par une allocation sectorielle encore très défensive avec une préférence pour les secteurs de la pharmacie, des télécommunications et l'agro-alimentaire-boissons. Nous envisageons néanmoins d'alléger progressivement des secteurs comme les utilities afin d'arbitrer en faveur de secteurs plus sensibles à une reprise des marchés d'actions qu'on ne peut pas exclure. Nous avons d'ailleurs souscrit à l'émission d'Arcelor en mars.

Quelles sont les sources de valeur ajoutée permettant de se décorréler des actions ?

Nous utilisons le pilotage de la sensibilité taux et celui de l'exposition à la volatilité pour compenser la sensibilité actions. Nous considérons d'ailleurs la volatilité comme une classe d'actifs à part entière et utilisons les options sur indices pour la gérer. Quant à notre sensibilité taux de 4,6 % fin mars, elle repose sur la conviction que les taux d'intérêt ne vont pas remonter brusquement à moyen terme, voire conserver un potentiel de baisse dans le sillage des actions non conventionnelles des banques centrales. Nous avons donc recentré nos investissements sur la partie cinq ans de la courbe, estimant que le court terme n'a plus beaucoup de potentiel.

Comment composez-vous avec un gisement européen constitué désormais à 40 % d'émetteurs non notés ?

A la pauvreté du gisement européen de convertibles s'ajoute la dégradation de sa qualité, ce qui nécessite une sélection accrue. Néanmoins les émetteurs non notés offrent de réelles opportunités et nous n'hésitons pas à profiter de la possibilité d'investir jusqu'à 25 % du portefeuille sur cette partie du gisement. Nous avons d'ailleurs récemment soldé notre position sur Air France, au vu de perspectives de résultats peu encourageantes, afin de dégager des liquidités. Nous nous intéressons notamment à Essilor, dont la convertible présente l'avantage d'offrir une très grande sensibilité actions dans un secteur très défensif avec par ailleurs un plancher actuariel très proche, et à GBL. Les convertibles d'une holding sont très souvent peu volatiles tout en étant indexées sur l'évolution de ses participations en bourse. Ce sont typiquement des valeurs de fonds de portefeuille.