Couvrir ou non son risque de taux ?

15/05/2009 - 15:52 - Option Finance

(AOF) - La baisse continue des taux depuis l'année dernière a incité bon nombre d'entreprises à moins se couvrir, d'autant que ceux-ci devraient rester durablement bas selon les économistes. "Beaucoup de nos clients ne savaient pas vraiment quelle attitude adopter en matière de couverture l'année dernière, alors que nous les incitions, dès l'été 2008, à 'variabiliser' leur dette pour profiter de la phase baissière des taux courts, explique Bruno Laurier, responsable Europe adjoint des produits de couverture de taux et de change pour les corporates chez Société Générale. Ce n'est que depuis novembre-décembre que ces derniers sont de plus en plus nombreux à swaper leur dette obligataire notamment, à taux variable, pour profiter de la poursuite de la baisse des taux court terme." D'ailleurs les entreprises qui lèvent actuellement de la dette sur le marché primaire obligataire, généralement à taux fixe, mettent plus systématiquement en place des swaps d'émission lors de leurs opérations de financement. Une démarche qui leur permet de compenser les spreads actuellement très élevés. "En moyenne, si les émetteurs avaient pour habitude de swaper 50 % de leur dette en variable, certains n'hésitent plus à aller jusqu'à 80 %", explique Bruno Laurier. En utilisant ces swaps, les émetteurs passent ainsi, par exemple, d'un taux fixe à 10 ans, autour de 3,40 %, à un Euribor 3 mois actuellement à 1,30 %, l'écart représentant un gain de 2,10 %. Pour les produits de dette à taux variable, les niveaux de couverture sont faibles. "Aujourd'hui un nombre important d'entreprises restent endettées à taux variable. Elles hésitent à se couvrir en raison du coût de portage, c'est à dire du surcoût du passage à taux fixe par rapport aux références de leur dette variable, qu'elles estiment beaucoup trop important, et qui s'élève actuellement à 125 pb à 5 ans. D'autres, au contraire, fixent une partie non négligeable de leur dette à 3, 5 ou même 7 ans, entre 2.50 et 3 % actuellement, préférant profiter des niveaux de taux historiquement bas", explique Alain Delmotte, responsable ventes corporates grands comptes France chez Natixis.

AOF - EN SAVOIR PLUS

LEXIQUE

- Spread de crédit  : Le "spread" de crédit désigne la prime de risque, où l'écart entre les rendements des obligations d'entreprises et les emprunts d'États de mêmes caractéristiques. Historiquement, le "spread" augmente lors d'un ralentissement économique et se réduit en période de croissance. Néanmoins, il se peut que la perception du risque de défaut soit exagérée et que le "spread" intègre des prévisions de défaillances d'entreprises excessivement pessimistes. - Swap : Opération financière qui consiste en un échange de flux financiers entre deux contreparties, selon un échéancier fixé à l'avance. L'échange peut porter sur des créances (swaps d'actifs ou de créances), des créances en actions (debt-equity swaps), des devises (swaps de devises), des matières premières (swaps de matières premières), ou encore des taux d'intérêt (IRS, Interest Rate Swap). Si par exemple vous possédez des obligations à échéance 5 ans avec un coupon annuel (fixe par définition), et si en outre vous anticipez une hausse des taux d'intérêt d'ici l'échéance, vous pouvez passer un swap permettant d'échanger votre structure de flux à taux fixe contre une structure de flux à taux variable. A chaque tombée de coupon, pendant cinq ans, vous reversez votre taux fixe et recevez le taux variable qui équivaut à la période (calculé sur le même nominal, celui de l'obligation), et vous bénéficiez de la hausse des taux si vos anticipations sont exactes. - Swap de taux : Un swap de taux est un contrat de gré à gré qui permet d'échanger un taux fixe contre un taux variable.