Une semaine de marchés - Rebond sur les marchés obligataires

19/05/2009 - 18:51 - Option Finance

(AOF) - Les actifs risqués sont repartis à la baisse cette semaine face à des statistiques économiques mitigées dans la plupart des pays, soutenant ainsi les marchés obligataires qui avaient lourdement corrigé la semaine précédente. Pour autant, le sentiment reste positif sur l'embellie de l'activité économique, ce qui explique la faiblesse de la correction des actions. Aux Etats-Unis, les ventes de détail étaient en baisse, en avril, de 0,4 %, M/M, contre 0 % attendu par le consensus et après un chiffre révisé à la baisse en mars à - 1,3 % en mars, témoignant ainsi toujours de la fébrilité de la consommation des ménages. De même, les demandes d'allocation chômage sont reparties à la hausse à 637 000 la semaine précédente, suggérant que le marché de l'emploi continue de se dégrader à un rythme soutenu. Enfin, le déstockage se fait, mais à un rythme aussi élevé que la contraction des ventes, ce qui laisse penser que cela continuera à peser sur la croissance outre-Atlantique. En zone euro, les statistiques économiques étaient aussi décevantes, avec une production industrielle en chute de 2 % en mars et, surtout, un PIB en recul de 2,5 % au premier trimestre contre - 2 % attendus par le consensus. La contraction de la croissance européenne s'explique surtout par la chute du PIB allemand, en baisse de 3,8 % T/T. De même, les ventes automobiles étaient encore en baisse de 11,9 % M/M en avril, ce qui sous-entend que l'activité sera encore négative au deuxième trimestre. Enfin, les exportations en Chine étaient encore en forte baisse de 22,6 % en glissement annuel en avril, ce qui souligne que la Chine reste encore fragilisée par la contraction du commerce mondial. S'il ne fait pas de doute que l'activité économique globale devrait se stabiliser au second semestre, sous l'effet de politiques économiques ultra-accommodantes à travers le monde, le sentier vers la reprise sera plutôt chaotique, avec des chiffres positifs un jour et négatifs le lendemain. De fait, la reprise économique reste fragile et cela entretiendra la volatilité sur les marchés. Ces derniers ne pourront continuer à progresser que si les perspectives économiques se raffermissent nettement, avec notamment des enquêtes d'activité en hausse significative, et ce même si les variables retardées comme l'emploi continuent de se dégrader. A ce titre, les indicateurs économiques vont de nouveau avoir un impact sur les marchés, alors que, jusqu'à présent, les nouvelles relatives au secteur bancaire donnaient davantage le ton. Dans un tel environnement, les actions européennes ont plus corrigé que leurs homologues américaines, sachant que les dissensions au sein de la BCE ont persisté sur la nécessité d'augmenter ou pas le montant des rachats d'obligations sécurisées. Les incertitudes sur la reprise économique ont donc pesé sur les valeurs cycliques (auto, voyage, transport, matériaux de construction...) et bénéficié aux valeurs défensives comme celles liées aux services publics (eau...) et les valeurs pharmaceutiques. En France, les groupes Alcatel et Bouygues ont souffert que Sanofi-Aventis se soit maintenu dans le vert. Par ailleurs, les marchés monétaires ont continué de se normaliser avec une poursuite de la baisse des taux 3 mois interbancaires, l'Euribor trois mois s'affichant à 1,26 %. De leur côté, les marchés obligataires ont vivement rebondi, en réaction à la faiblesse des actifs risqués. Ainsi, le taux dix ans allemand est revenu dans la fourchette 3 %/3,3 %, dans laquelle il a évolué depuis le début de l'année, après avoir testé le niveau de 3,5 % la semaine précédente. Dans ce contexte, les courbes de taux se sont aplaties par le haut, la pente deux/dix ans swap euro baissant de 12 points de base pour revenir à 180 points de base. Pour sa part, le Dollar Index n'a pas réussi à se redresser cette semaine après la chute de la semaine précédente, et ce en dépit de la consolidation des actifs risqués de ces derniers jours, liée à la publication d'indicateurs économiques mitigés à la fois aux Etats-Unis et en zone euro. Il semble que la correction des actifs risqués n'est pour l'heure pas suffisante pour provoquer un retour des flux de capitaux vers le dollar. Dans la semaine à venir, on se focalisera sur les chiffres d'activité aux Etats-Unis (mises en chantier, enquête de Philadelphie...) et, en zone euro, où l'on attend les enquêtes PMI qui devraient confirmer l'amélioration de l'activité en mai. Aussi, les marchés obligataires pourraient être de nouveau sous pression et les actifs risqués se raffermir quelque peu. Par Nordine Naam, stratégiste, Natixis