Obligations convertibles : les investisseurs en redemandent

27/05/2009 - 10:39 - Option Finance

(AOF / Funds) - Rouvert il y a quelques semaines, le marché des obligations convertibles offre aux émetteurs des conditions relativement avantageuses, tant en matière de coupon que de prime. Et l'appétit des investisseurs reste intact. Après une désaffection de plusieurs mois, le marché des obligations convertibles (OC) reprend de la vigueur. Le coup d'envoi a été donné fin mars par ArcelorMittal, qui a levé 1,1 milliard d'euros en quelques heures. En France, deux groupes du CAC 40, Capgemini et Unibail-Rodamco, sont venus confirmer cette réouverture. Ils ont en effet émis pour l'un une Oceane de 575 millions d'euros et pour l'autre une Ornane - une obligation convertible dont seule la différence entre le cours de l'action et le nominal de l'obligation est payée en action -, là encore de 575 millions d'euros. A chaque fois, les investisseurs étaient au rendez-vous, permettant aux émetteurs de réaliser l'opération à des conditions avantageuses. "A l'heure actuelle, il y a un excès de demande de la part des investisseurs, explique-t-on chez JPMorgan. En conséquence, le pricing joue aujourd'hui toujours en faveur des émetteurs, qu'il s'agisse du coupon ou de la prime de conversion." Capgemini a ainsi bénéficié d'un coupon de 3,5 % sur cinq ans et d'une prime de conversion de 35 %, supérieure à la fourchette (25/30 %) proposée en début d'offre. Pour Unibail-Rodamco, le coupon ressort également à 3,5 % et la prime est de 30 %. En outre, dans les deux cas, les facultés d'extension ont été intégralement exercées. Sur les marchés internationaux, les signes sont également encourageants. Le groupe minier sud-africain AngloGold a ainsi émis lundi dernier une obligation convertible de 732 millions de dollars, soit près de 540 millions d'euros, avec un coupon de 3,5 %. Plus symptomatique encore, le groupe allemand spécialisé dans les semi-conducteurs, Infineon Technologies, qui n'est même pas noté, a réussi à lever le même jour 195,96 millions d'euro, avec néanmoins un coupon de 7,5 %.

Un produit adapté aux conditions du marché

Cet appétit des investisseurs s'explique en grande partie par les caractéristiques du produit, qui sont particulièrement adaptées à la situation actuelle. "Les obligations convertibles offrent à la fois à l'investisseur la sécurité d'un placement obligataire et une exposition à la hausse des marchés actions, explique-t-on chez JPMorgan. Or, le faible niveau des cours des sociétés émettrices et le rebond que connaît actuellement la Bourse attirent à nouveau les fonds d'investissement, notamment directionnels." Il s'agit pour la plupart d'investisseurs de long terme et non plus des fonds d'arbitrage sur convertibles, qui ont particulièrement souffert lors de la crise et ont, pour certains, disparu. "Les investisseurs les plus agressifs ont disparu du marché, confirme Jose-Antonio Gagliardi, directeur associé au sein de l'activité equity capital markets de la Société Générale. Ceux qui sont présents achètent avant tout les obligations convertibles pour les conserver... y compris les hedge funds ! Ces derniers parient sur la hausse des cours et n'ont donc pas un intérêt immédiat à trop se couvrir à la baisse, car cela diminuerait leur rendement." Les fonds sont d'autant plus friands d'obligations convertibles qu'ils ont besoin de renforcer leurs lignes. Les dernières opérations ne devraient pas suffire à satisfaire la demande des investisseurs européens. "Depuis le début de l'année, seules neuf émissions de convertibles ont eu lieu en Europe, dont trois en dollars, qui attirent moins les investisseurs continentaux, constate Jose-Antonio Gagliardi. Les six émissions en euros ont quant à elles permis de lever 5,7 milliards d'euros, ce qui peu paraître peu comparé aux 50 milliards d'euros pour 75 opérations réalisées en 2001 ou les 38 milliards pour les 68 émissions de 2003." Dans ces conditions, de nombreuses sociétés françaises réfléchissent à lancer une émission convertible, encouragées en outre par le fait que leur mise en place est assez légère. "Les émissions d'obligations convertibles ne nécessitent pas d'organiser de road shows pour les investisseurs, comme c'est le cas pour les émissions obligataires classiques ou les augmentations de capital", explique-t-on chez JPMorgan. Cependant, aucune société n'a franchi le pas depuis Unibail-Rodamco. Aujourd'hui, l'arbitrage des sociétés entre les obligations convertibles au coupon faible, mais dilutives, et les obligations classiques, plus chères, mais non dilutives, est plutôt en faveur de ces dernières. Mais les émissions devraient cependant repartir. "Les sociétés de la catégorie non investment grade, qui n'ont pas accès au marché obligataire simple, devraient être encouragées par le test d'Infineon, souligne Jose-Antonio Gagliardi. Cependant, la tâche sera plus facile pour les émetteurs ayant déjà procédé à de telles opérations par le passé. Les groupes du CAC 40, pour leur part, iront d'abord combler leur besoin de financement sur le marché obligataire classique. Mais nous nous attendons à ce qu'ils fassent appel au marché des obligations convertibles pour financer leurs acquisitions." Les sociétés plus petites, mais appartenant au SBF 120, réfléchissent également à ce mode de financement, qui peut être plus accessible que celui des obligations simples. En attendant, les banquiers estiment que de nouvelles émissions devraient avoir lieu en France, avant la trêve estivale du 15 juillet. Guillaume Benoit