Une semaine de Bourse - Le printemps des marchés actions

29/05/2009 - 18:42 - Option Finance

(AOF) - La Bourse de Paris a terminé le mois dans le vert, pour la troisième fois consécutive depuis le début de l'année, signant à cette occasion sa meilleure performance trimestrielle depuis le début de la crise du crédit il y a près de deux ans. L'indice CAC 40 a progressé de 5,16 % en un mois à 3 277,65 points. Depuis son point bas du 9 mars, à 2 512 points, le marché parisien a repris 30,5 %. A New York, vendredi, le Dow Jones s'apprêtait à clôturer sur un gain mensuel de 2,45 % aux environs des 8 345 points. Certes, le rally haussier entamé en mars a montré des signes de fatigue. Le CAC 40 a gagné 3,88 % en mars et 11,08 % en avril. Mais, pour autant, les analystes qui redoutaient en mai une reprise du marché baissier ont vu leurs prévisions déjouées et, pour une fois, le dicton boursier "sell in may and go away" ne s'est pas vérifié. Cette résistance des marchés actions s'explique essentiellement par les fameux "greens shots" (lueurs d'espoirs) distillés par l'économie américaine. Ainsi, vendredi, la contraction du PIB américain a été revue à la baisse à - 5,7 % contre - 6,1 % en première estimation. Cette bonne nouvelle s'ajoute au repli des inscriptions au chômage constaté depuis trois semaines et au rebond du moral des ménages américains en mai. Du côté des entreprises, les banques américaines ont passé avec succès leur "test de résistance". En outre, selon le département du commerce américain, les bénéfices des entreprises américaines ont augmenté de 1,1 % au premier trimestre, leur première hausse depuis les trois premiers mois de 2008. Les profits avaient chuté de 6,9 % sur l'ensemble de 2008. Si, en Europe, les signes d'une reprise naissante sont plus tenus, la remontée de la demande asiatique de pétrole représente selon certains économistes une autre raison de croire désormais possible le scénario d'une reprise de l'économie mondiale en forme de "V" et non plus en forme de "W" ou en forme de "L", comme redouté auparavant. En bondissant de 50 dollars à plus de 66 dollars au mois de mai, au plus haut depuis six mois, les cours du pétrole ont vécu leur meilleur mois depuis dix ans. Pour l'Opep, qui contrôle 40% de l'offre mondiale, le pétrole pourrait atteindre les 70/75 dollars d'ici à la fin de l'année sans pour autant menacer la reprise naissante. Les cycliques et pétrolières continuent de profiter des espoirs d'une reprise. L'élan pour les cycliques observé depuis près de trois mois ne s'est pas relâché, soutenu par les "green shots". Air France-KLM a signé de loin la meilleure performance du CAC 40 en s'adjugeant 31 ;5% en un mois après avoir publié une perte annuelle 2008/2009 moins lourde qu'attendue. Surtout, les analystes ont apprécié les objectifs de réduction de coûts prévus par la compagnie pour traverser la crise. L'automobile, secteur massacré en Bourse en 2008, s'est vivement repris. Peugeot et Renault ont ainsi respectivement gagné plus de 23 % et 20 %. Dans leur ensemble, les brokers estiment que le secteur est redevenu attractif, d'autant qu'il devrait continuer de profiter des aides gouvernementales. Par ailleurs, ArcelorMittal et Lafarge se sont appréciés de 29 % pour l'un et 15 % pour l'autre, soutenus par des perspectives plus favorables et le succès de leurs levées de fonds respectives. Hors CAC 40, Rhodia a flambé de plus de 53 %. Le groupe de chimie a dit percevoir les signes d'une reprise de la demande en Asie. Les valeurs bancaires ont connu un parcours contrasté. Alors que les banques américaines ont passé avec succès leur "test de résistance", les résultats publiés par BNP Paribas ont démontré la solidité du modèle d'activités diversifiées de la banque française. Au premier trimestre 2009, l'établissement de la rue d'Antin a réalisé 1,56 milliard d'euros de bénéfices, soit deux fois plus qu'escompté par les analystes. Si la deuxième banque européenne a battu le consensus, la Société Générale a accusé une perte trimestrielle de 278 millions d'euros, largement supérieure aux prévisions. De son côté, Crédit Agricole a publié un bénéfice net de 202 millions d'euros au premier trimestre. Cependant, si la banque verte a renoué avec les bénéfices après une perte au quatrième trimestre, le résultat est ressorti en dessous des attentes du marché. Délivrant un avis mitigé sur les banques européennes, Nomura a confirmé sa recommandation d'Achat sur BNP Paribas et relevé son opinion sur la Société Générale de Réduire à Neutre. En revanche, il a dégradé Crédit Agricole à Réduire. Au final, BNP Paribas a terminé le mois de mai sur un gain mensuel de 25%. La Société Générale est parvenue à progresser de 13% tandis que Crédit Agricole a cédé 3%. L'agroalimentaire et les spiritueux à la traîne. Danone a perdu 8 % le mois dernier, pénalisé par des perspectives atones et l'annonce d'une augmentation de capital de 3 milliards d'euros lancée pour se désendetter. Le marché a jugé la décote de 31,4 % des nouvelles actions trop forte et le montant de l'opération trop élevé. De son côté, Pernod Ricard a cédé 2,7 %. Son P-DG a fait part de prévisions décevantes pour le reste de l'année 2009. Morgan Stanley a initié le suivi de Pernod Ricard avec une recommandation Sous-Pondérer et un objectif de cours à 42 euros. Pierre-Jean Lepagnot