Point de vue / Quel statut pour le dollar comme monnaie de réserve ?

17/06/2009 - 18:49 - Option Finance

(AOF / Funds) - Depuis début mars, le dollar a nettement reculé face à la plupart des devises. Ce mouvement s'est produit en parallèle avec la hausse des Bourses mondiales. En effet, avec le regain d'appétit pour le risque, les investisseurs ont délaissé le dollar - valeur refuge en moment de crise - pour se diversifier vers des devises qui offrent de meilleurs rendements. La normalisation de l'appétit pour le risque n'est cependant pas le seul facteur qui pèse sur le billet vert. La semaine dernière, c'était au tour de la Russie et du Brésil, après la Chine, de soulever la question du statut du dollar comme monnaie de réserve internationale. A eux trois, ces pays détiennent 38 % des 6,8 milliards de dollar des réserves de change mondiales (la Chine seule en détient 29 %). Par ailleurs, selon les chiffres officiels, l'ensemble des banques centrales étrangères détiennent aujourd'hui environ un tiers de l'encours des titres du Trésor américain. Les craintes d'une diversification accélérée de ces réserves pèsent donc à la fois sur le dollar et sur les taux longs américains. Cependant, faute d'une véritable alternative à la devise américaine aujourd'hui, le processus de diversification des réserves de change sera nécessairement lent. Dans ce débat, la réallocation des portefeuilles des investisseurs américains vers les titres du Trésor mérite également attention. En effet, les emprunts d'Etat regagnent l'intérêt des investisseurs domestiques. Au premier trimestre, les ménages américains ont ainsi acheté quelque 85 % des nouvelles émissions ! Après plusieurs années de déclin de la part des obligations du Trésor dans leurs actifs, une normalisation nous semble très probable. Un tel mouvement permettrait d'absorber une large part des 2 500 milliards de dollars d'émissions de titres du Trésor américain attendus en 2009 et compenserait ainsi le manque d'appétit des étrangers. En définitive, notre analyse des mouvements de diversification en cours ne laisse attendre ni un crash du dollar, ni un crack obligataire sur les emprunts d'Etat. Cependant, l'opacité de l'allocation des réserves de change dans les pays mentionnés laisse la porte grande ouverte à la spéculation. Par Michala Marcussen, directeur de la stratégie et de la recherche économique, Société Générale Asset Management